samedi 14 juillet 2007 par Le Patriote

Mon très cher grand frère , Khalil Ali Keita, j'ai décidé de t'écrire, au lendemain de tes sorties dans la presse, notamment tes nombreuses interviews exclusives . Lors de ta dernière conférence de presse, dans l'hôtel qui te sert de résidence, sous le regard admiratif de ton vieil ami Béchio, tu as raconté des contrevérités tellement énormes sur Le Patriote , qu'un devoir de rectification s'impose à nous. De prime abord, grand frère , tu as dit à nos confrères présents que tu nous as invités et que nous avons choisi de ne pas venir. Grand frère, tu sais très bien que tu n'as pas dit la vérité. Aucunement, Le Patriote n'a été sollicité pour cette conférence de presse. Ce n'est certainement pas un fait du hasard si tu as choisi de parler à ton hôtel. Tu as eu peur que nous ne te portions la contradiction, nous, qui te connaissons si bien. Tu le sais. Grand frère , tu as tellement versé dans l'invective gratuite contre Le Patriote que nous demandons si tu as bien lu l'article, toi le grand journaliste, notre maître de tous les jours. Tu t'es tellement emporté, à en croire nos confrères que nous avons conclu que tu as chargé palabre de Zemogo, comme on le dit si bien dans nos quartiers populaires. Ton attitude bien étrange, nous a rappelé Gnamakoudji Zékinan , ce burlesque personnage de bande dessinée, en quête permanente de bagarre, pour se faire valoir. Pour dire des choses graves , comme tu me l'avais annoncé quand je t'ai eu au téléphone, depuis ton séjour américain. Ce jour là, grand frère , tu m'avais dit que tu allais en week-end aux Bahamas. Deux jours plus tard, j'ai appris que ton Bahamas à toi, c'était plutôt Dakar, où tu es allé rejoindre ton ami Béchio, pour descendre sur Abidjan .
Grand frère , j'ai mis du temps pour t'écrire, par respect pour mon frère ainé que j'aime beaucoup, dont tu es un ami. Pendant longtemps, j'ai supporté le lourd silence de tes sorties. Cependant, par devoir de vérité, j'ai choisi de te parler, étant convaincu que le grand- frèrisme n'est pas un humanisme , selon la version parodiée de la maxime sartrienne. Mon cher grand frère , pour toi qui a beaucoup voyagé, je n'apprends rien en indiquant que dans les gares ferroviaires, notamment françaises, il est souvent écrit, à la prudence du voyageur ou du simple passant : attention, un train peut en cacher un autre . Dans ton cas, on pourrait bien être tenté de dire : attention, un Keita peut en cacher un autre . Dans la grande tradition mandingue, le nom Keita à une certaine noblesse comportementale. Les Keita sont des diseurs de vérités, des personnes qui ne s'accommodent pas de petitesses et qui préfèrent mourir plutôt que d'avoir honte . Ahmadou Kourouma dirait d'eux, qu'ils sont des Hôrons (Nobles), des hommes de parole. Or, toi grand frère , tu aimes à te présenter comme un homme à paroles, une personne qui peut dire, se dédire et médire. On peut le noter. A côté des vrais Keita , faiseurs de grandes ?uvres et entreprises, on note malheureusement des Keita qui rament à contre-courant des vertus de droiture et d'honneur. S'il y a eu Soundjata Keita, le roi mandingue, l'homme de la grande bataille de Kirina, s'il y a les deux Salif Keita, le footballeur émérite et le chanteur de grande frappe et le jeune Kader Keita, footballeur esthète et enfant de Gagnoa qui fait la fierté de notre pays, il y a aussi Khalil Ali Keita, qui peut dire à la fois une chose et son contraire. Grand frère , deux choses m'ont marqué chez toi. La volonté manifeste de manipuler les gens et ta capacité à être au courant de tout, comme le pauvre Arias. Je me rappelle encore de la grande frayeur que tu nous a donnée, en 2001, mon ami Koné Ben et moi, quand tu nous a appelés, pour nous dire que le pouvoir FPI avait envoyé chez toi à Angré, un tueur à gage pour te faire passer de vie à trépas. Quelle ne fût pas notre surprise, arrivés chez toi, de voir le fameux tueur assis confortablement au salon, en train de regarder l'émission wozo vacances , que nos enfants affectionnent tant. A la vérité, il ne s'agissait que d'un tapissier, comme on en rencontre partout dans ce pays et qui s'était trompé de porte. Nous avons aussi remarqué que chaque fois que tu devais sortir, tu tournais sur toi, dans le taxi, allant dans tous les sens, au motif que tu étais suivi par les renseignements généraux. Pour quelqu'un qui se savait poursuivi, il n' y avait pas meilleur remède que celui de rester tranquillement chez soi. Bof, nul ne connaît les motivations du crocodile qui quitte la rivière pour venir lécher la rosée des berges . Une autre fois aussi, tu nous avais appelés pour nous remettre une lettre de protestation écrite par un groupe de gendarmes remontés contre le régime que tu défends aujourd'hui. Nous ne l'avons jamais publiée parce que nous y avons senti une forte odeur de manipulation. La présence des pronoms nous et je traduisait un profond hiatus, que nous avons vite repéré. Tu étais l'auteur de cette correspondance. En homme civilisé, je vais m'arrêter là, pour ne pas dire des choses graves , parce qu'à un moment encore récent, je t'ai côtoyé et j'ai de la peine à comprendre que tu as pu te lier d'amitié avec tes bourreaux, ceux que tu vilipendais à longueur de journée, quand nous allions te voir à la maison. Des hommes qui sont responsables de ton séjour carcéral et à cause de qui, tu as pris le douloureux chemin de l'exil. Grand frère , j'ai vraiment mal de te voir emprunter un chemin sans issue. Mais, on ne peut pas être plus royaliste que le roi. Tu as fait un choix, celui du nomadisme politique , que tu avais défendu avec brio en 2001 au cours d'une conférence de presse au cinéma Yacouba Sylla de Gagnoa. Il faut sans doute l'assumer et le vivre avec quelque dignité et non pas voir Le Patriote comme la source de tes malheurs. Nous n'avons fait que dire ce que tu es devenu depuis ton exil, semblable à bien des égards à celui de Albouri , bien campé par la troupe du Palais de la Culture. Pour ta propre gouverne Grand frère , j'ai encore sur moi, tes propos liminaires de la conférence de 2001 à Gagnoa, pendant que tu assumais les fonctions de porte- parole adjoint du Rassemblement des Républicains. Il va sans doute falloir les proposer aux lecteurs, pour saisir la complexité de ta personnalité. Pour le reste, bon vent à toi et à l'Alliance pour la Nouvelle Côte d'Ivoire .

Bakary Nimaga

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