samedi 14 juillet 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le maire de Lakota et candidat à l'élection présidentielle ivoirienne propose dans cet entretien un plan de sortie de crise. Gaza Gazo en profite pour parler de ses rapports avec le président Laurent Gbagbo, Lida Kouassi et feu Baga Doudou. Gaza Gazo par ci, Gaza Gazo par là. Qu'est ce qui vous fait courir ?
M. Gaza est un citoyen de Côte d'Ivoire et lorsque les choses ne vont pas dans le pays, il a naturellement une réaction et celle que j'ai aujourd'hui, c'est de créer un parti pour participer à la vie politique, économique, sociale et culturelle de mon pays. Je cherche à être Président de la République de Côte d'Ivoire, sans détours et sans ambages. Je veux être le prochain Président légitimement élu. Je suis surpris qu'un journal que je respecte beaucoup fasse des titres qui me gênent un peu, parce que tout le monde sait comment on démet un maire. Gaza n'a jamais été démis de la mairie de Lakota. Au moment où nous discutons, je n'ai reçu aucune note d'aucune autorité politique me signifiant que je ne suis plus maire de Lakota depuis une date indiquée. Le Droit nous dit qu'un conseil municipal ne peut démettre un maire. Je suis en activité, je ne suis pas un maire déchu. Lakota est un peu spécial sur le plan politique. Mais est-ce qu'on peut accepter d'affecter une spécificité à une région ? Je ne le pense pas. C'est Boga Doudou, pendant qu'il était encore en vie, que le Président de la République a envoyé me contacter pour être maire de Lakota. J'ai refusé parce que je m'occupais de moi et je voulais m'asseoir économiquement avant de briguer un poste électif. Je suis donc allé à Libreville où le Président Laurent Gbagbo est venu me rejoindre pour essayer de me convaincre, parce que Boga Doudou sur qui il comptait, venait par deux fois de se faire battre. Un grand frère que je respecte vient me voir et en présence de mon épouse me demande cela, je ne peux pas lui faire honte, donc j'accepte. Le premier acte que je pose comme maire élu de Lakota, c'est de faire venir le maire de Washington à Lakota et contrairement à tout bon sens, le ministre Boga Doudou me trouve chez le préfet. Je l'avais invité et je l'avais averti. Il était heureux que j'invite le maire de Washington. Peut-être pensait-il que personne ne viendrait. Et ce jour-là, il y avait une mobilisation comme on en voit rarement à Lakota. Je pense que mes frères Dida au gouvernement ont été passablement troublés et Boga a dit à Lida séance tenante qu'il n'assisterait pas à la cérémonie. Il ne m'a pas salué et c'est moi qui l'ai rattrapé pour savoir pourquoi. Il a dit ''Ah, je ne t'ai pas vu, ça va ? En sortant, il a demandé à Lida s'il serait présent. Lida lui a dit : ''Je viens''. Lida a été poli. Il nous a accompagné sur l'esplanade de la mairie. J'ai parlé, le maire de Washington a fini de parler et Lida s'est dépêché de partir. Ce jour-là, la Mercedes qui transportait le maire de Washington avait été donné par Lida. Il m'a appelé en vue de retirer la voiture. Je lui ai dit non, la Mercedes va finir son programme avant d'aller à Abidjan. Après, il pourra la faire expertiser s'il le veut et m'envoyer la facture. Depuis que je suis maire, le ministre Boga a diminué la subvention allouée à la mairie. De 92 millions, on est venu à 43 millions et c'est avec ces 43 millions que je gérais la mairie de Lakota. Mon salaire était de 342.615 Frs Cfa. Voilà les réalités. Si vous entendez que Lakota va ici ou est convoqué par l'Uviccoci, modestement c'est de ma poche que je le fais pour la mairie. Tous les voyages effectués pour la commune de Lakota, l'ont été de ma propre poche. Que l'on se réunisse pour dire qu'on ne veut plus de Gaza et que l'on se base sur des faits politiques et qu'on parade un peu et qu'on se sent heureux de le faire, cela est regrettable. Quelle est votre priorité aujourd'hui ?
Ma priorité c'est la Côte d'Ivoire, ce n'est plus Lakota. Qu'est-ce qui vous oppose vraiment au Fpi ?
Vraiment, je n'en sais rien. Je n'ai jamais été militant du Fpi, croyez-moi. Mais Gbagbo, en tant que personne, je lui ai faitconfiance et je l'aimais, car le combat qu'il mène est bon et ses paroles étaient bonnes. Et je me suis dit cet homme-là, j'ai la possibilité de l'aider et il faut que je l'aide. J'ai demandé à Lida Kouassi qui était mon " petit " à la maison, de venir au titre du Fpi, me voir à Libreville et il n'est pas venu. Quand je l'ai rappelé, il m'a dit ceci : ''Frère, nous avons parlé de toi mais Boga dit qu'il te connaît, tu ne mérites pas qu'on dépense un billet d'avion pour venir te voir. Donc, il ne veut pas me donner un billet d'avion''. Je lui ai demandé pourquoi il tardait. Si ce n'est que ça, demain matin, va à Air Ivoire prendre ton billet d'avion et en prépaid, je lui ai envoyé le billet d'avion. Ça été mon contact avec le Fpi. C'est comme ça que Lida est venu me rejoindre à Libreville et je lui ai établi à son niveau, des contacts qui pouvaient l'aider. A son retour à Abidjan et après compte-rendu au Fpi, j'ai été surpris que le Fpi l'ait mis de côté pour mettre sur le chemin de Libreville, Dakoury Tabley avec qui j'ai collaboré de 94 à 97. Donc, militant du Fpi, je ne l'ai jamais été. C'est Allou Eugène qui m'a remis une carte de membre. Nous avons appris que votre vie est menacée, elle l'est toujours ?
Le ministre Dja Blé m'a invité un jour pour me demander l'objet de ma présence à Abidjan. ''Pourquoi tu n'es pas dans ta commune ?'' Je lui ai dit que je suis parti de la Côte d'Ivoire, parce que ma vie était menacée. A trois reprises, on a cherché à porter atteinte à mon intégrité physique. Je lui ai expliqué que mon garde du corps de l'époque est un ancien flic qu'il connaissait bien. Il était aux Renseignements généraux, donc il avait appris cette histoire. J'ai insisté sur le mot sécurité pour ma personne et c'est lui qui a eu l'amabilité de m'affecter des policiers. J'étais heureux et en tout cas, ils ont fait leur travail jusqu'à ce qu'un mercredi, pendant que j'étais en ville, des gens soient venus les chercher sans me prévenir. J'ai alerté l'Onuci, j'ai écrit à tout le monde, mais personne ne m'a encore répondu. Quelles sont vos propositions pour le retour définitif de la paix en Côte d'Ivoire ?
Il n'y a pas de mystère dans ce que nous faisons. Le mystère, c'est la confiance que j'ai dans les Ivoiriens, parce que je considère et je l'avais écrit depuis juillet 2006 à Kofi Annan, que pour régler le problème de la Côte d'Ivoire, il fallait une thérapie simple : que Laurent Gbagbo, Président de la République, Alassane Ouattara, président du Rdr et Henri Konan Bédié, président du Pdci, soient écartés de la course à la présidence de la République. Je l'ai écrit parce que je le pense. Allez à Yopougon, Koumassi ou Abobo, pour entendre les convictions profondes des populations et vous verrez. C'est ce que mes amis et moi faisons et c'est ce qui me permet de dire que candidat, je vais remporter les élections. J'ai dit au secrétaire général des Nations unies d'écarter Gbagbo et les autres parce que ce sont eux qui prennent en otage la Côte d'Ivoire. Mais aujourd'hui, je suis prêt à rencontrer Ouattara ou Gbagbo. Mais, pensez-vous que, sur une plate forme politique, moi qui suis considéré pour l'instant comme un centurion, je puisse aller trouver Bédié dans ses appartements et lui dire ''monsieur le président, vous ne devez plus participer aux élections dans votre pays''. La Côte d'Ivoire est en guerre et vous savez pourquoi et je vais aller voir Dramane Ouattara pour lui dire qu'il ne peut pas prendre part aux élections et que je dise la même chose à Gbagbo qui gouverne le pays. Ça paraîtrait incongru. Mais, c'est l'audace qui m'amène à vous dire sans ambages, qu'à l'issue de l'élection ceux-ci ne seront pas vainqueurs. Le vainqueur de la prochaine élection, ce sera Gaza Gazo. Le président Bango est soupçonné d'avoir suscité votre candidature
Nous disons chez nous en pays Dida que la honte tue. Quand tu veux aller en public, tu dois analyser tous les faits, pour ne pas trembler tu mesures tes pas. Mes relations ont toujours été sérieuses avec le président Bongo. J'ai épousé une fille qui est de sa famille donc je l'appelle de temps en temps. On peut dire que je fais partie de sa famille de par ma femme mais je suis Gaza Gazo, maire de Lakota et chef coutumier de la tribu à Akabregoua. Bongo m'a bien reçu chez lui. Je suis au Gabon depuis des décades et j'y vis bien, sans problème. Mais, Bongo ne peut pas diriger la Côte d'Ivoire. C'est vrai que je suis allé le voir, j'ai demandé une audience qu'il a bien voulu m'accorder et je lui ai posé le problème suivant : je lui ai dit que je rentre en Côte d'Ivoire pour me mêler à l'action publique de la Côte d'Ivoire. Il m'a demandé ce que cela signifiait et je lui ai dit que je vais créer un parti politique et je vais pour être candidat à la présidence de la République de Côte d'Ivoire. Il m'a dit va je te regarde. Je lui ai dit merci et je me suis levé. C'est le seul entretien que lui et moi avons eu à propos de la candidature en Côte d'Ivoire. Cela m'a amené à faire des tournées américaines et européennes, à prendre des contacts là où il fallait les prendre pour venir prétendre au siège le plus prestigieux du pays. C'est vrai que je suis chef coutumier, mais je ne peux rien faire sans assurance. Pourquoi êtes- vous contesté à la mairie de Lakota ?
J'ai été élu avec 67% des suffrages exprimés par la population, sans l'aval du Fpi. Parce qu'au niveau de la direction du Fpi, on avait pensé que c'était du bluff. Les gens faisaient en sorte que je ne sois pas élu et ils ne m'ont investi qu'à 15 jours de l'élection. Le jour même où je fus élu maire, on m'amène visiter les locaux en compagnie du maire sortant. Pendant ce temps, une frange du Fpi se réunit et décide de faire une pétition pour me démettre. Je n'avais qu'un jour d'exercice. Tout cela pour vous situer sur l'ambiance. Ceux qui parlent et qui deviennent de moins en moins nombreux sont ceux qui demain, viendront me demander pardon et je sais qu'ils le feront. C'est pourquoi je ne me fâche pas.
Que pensez-vous de l'accord de Ouaga ?
Pour moi, l'accord de Ouagadougou est un sujet à caution. Prenez un peu la chronologie des faits depuis le 19 septembre 2002. Il faut aller dans le passé pour être instruit sur ce qui va se passer demain. Mais comme je l'ai dit, personne ne doit entraver cet esprit que nourrissent les Ivoiriens aujourd'hui. Il ne faut rien faire pour que les élections n'aient pas lieu en 2008. Je reste prudent mais je souhaite que cet accord tienne et que la Côte d'Ivoire sorte de la crise. Selon vous, qui est derrière l'attaque du Fokker 100 présidentiel ?
Nous avons au dessus de nos têtes, une épée de Damoclès. Les acteurs principaux qui se connaissent ont décidé de faire cause commune. Ça a été le choix du président Gbagbo. C'est lui qui nous dirige et donc on le regarde faire. Le crime que nous leaders commettons en état de latence, c'est de nous surestimer, je pense que de là où nous sommes, nous supplantons tout le monde en Côte d'Ivoire, au plan de l'intelligence et que lorsque nous faisons un plan, il est inattaquable. Et pourtant quotidiennement, Dieu nous donne des exemples, et des indications pour comprendre qu'on a tord de raisonner de la sorte. C'est pourquoi la Côte d'Ivoire est accusée. Guillaume Soro a été titillé un peu, à Bouaké et non à Abidjan, il devrait réfléchir et nous devrons tous en tirer les leçons.
Votre avis sur le projet des Etats-Unis d'Afrique.
Le président Kadhafi est dans sa logique et il faut le comprendre. Mais je veux saluer le fait qu'il soit venu en Côte d'Ivoire, quel que soit le contexte. C'est ce qui doit nous intéresser. Si on peut résumer son discours, on parlera globalement. Parce qu'en réalité, il n'y a que la globalisation pour que le taux de participation de l'Afrique dans les activités internationales ne soit pas de 2% seulement. Si nous ne formons pas un groupe homogène, on connaitra toujours ce que nous connaissons, ce sera les palabres que nous faisons. L'idée est bonne, il faut que nous concourions à cela. Chacun devra faire le dépassement nécessaire parce que c'est cela l'avenir. Je suis d'accord avec lui que la globalisation est devenue un chemin immuable alors il faut s'y préparer et je considère le discours du président Kadhafi comme un appel à faire attention à la globalisation.
Propos recueillis
par le service politique

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