samedi 14 juillet 2007 par Le Front

Après avoir dirigé pendant quelques années la Judpci, Blé Guirao est désormais le secrétaire général adjoint à l'organisation de l'Udpci. Dans cette interview, il jette un regard sur les secousses qui minent certaines structures spécialisées de son parti. Notamment la Judpci, l'Ufudpci, etc. Dans la même veine, il met en garde tous les militants de l'Udpci et ceux qui veulent saboter le travail de Mabri Toikeusse. En outre, il se prononce sur le récent attentat manqué contre Guillaume Soro. Monsieur le secrétaire général adjoint de l'Udpci, la jeunesse de votre parti est aujourd'hui en proie à quelques secousses, au moment où vous quittez la direction de cette instance. Quel regard jetez-vous aujourd'hui sur ce qui se passe au sein de cette jeunesse ?
Il n'y a pas de secousses au sein de la Judpci. En tant que secrétaire à l'organisation et à la mobilisation du parti, je n'ai pas encore constater qu'il y a des secousses au sein de la jeunesse de l'Udpci. Il y a plutôt au niveau de cette jeunesse-là des personnes qui ne savent pas perdre en matière d'élection. Alors que nous sommes l'union pour la démocratie et la paix. En tant que tel, nous devons accepter les résultats des élections. Le dernier congrès de la jeunesse où je devais céder le flambeau, a enregistré trois candidatures. Celle de Yao Kouakou Séraphin, candidat du Ben (Bureau exécutif national) sortant, Séka Yapi Marcellin candidat de la coordination d'Adzopé et puis un certain Taï Jo qui s'est prévalu du titre de secrétaire général d'une section de Man. Après enquête, on a constaté que Taï Jo a usurpé son titre. Nous avons versé tous ces éléments au comité de supervision qui en toute objectivité a finalement annulé la candidature de ce dernier pour ne retenir que les deux autres. Après quoi, nous sommes allés aux élections. Et pour la première fois en Côte d'Ivoire, un parti politique, lors d'un congrès électif, ouvre la salle aux journalistes pour suivre les élections et le dépouillement. Et un candidat a été élu à plus de 87 %. Dans un souci de rassemblement, le président nouvellement élu, sur les conseils avisés de certains aînés dont le président et le secrétaire général du parti, a bien voulu ouvrir son bureau à toutes les sensibilités. Il a donc voulu accepter de recevoir dans son bureau certains camarades qui ont certes perdu les élections mais qui restent militants de la jeunesse de l'Udpci. Et c'est là qu'il y a eu problème. Que s'est-il passé ?
Les gens qui n'ont pas pu avoir plus de 10 % de voix aux élections, et à qui on tend la main, décident de répartir le bureau national en trois parties égales. 15 places pour Séka Yapi Marcellin, 15 pour Taï Jo et 15 pour le président élu.
Nous, au secrétariat général dont dépend le bureau national, nous avons regardé parce qu'on attendait que le président national nous présente son bureau. Finalement le président sur la base des nombreux conseils qu'il a reçus, a accepté, sur les 45 membres, de prendre 10 membres dont 4 proches du candidat malheureux et 6 de celui dont la candidature a été invalidée. C'est en ce moment que nous nous sommes aperçus qu'il y avait problème parce que les jeunes gens qui s'agitent aujourd'hui sont les mêmes qui, hier, ont voulu faire une pétition en novembre 2005 pour démettre le bureau que je dirigeais. Au lieu d'entrer humblement dans le bureau pour travailler avec le président élu pour les intérêts de l'Udpci, ces personnes sèment le désordre comme si le président n'était pas élu et que c'était un bureau de consensus. En somme, il n'y a pas de problème. Le président élu Séraphin a eu l'aval de la base à plus de 87 %. Celui-ci a formé un bureau qui a été présenté au secrétaire général du parti qui l'a validé. Nous les adjoints ou secrétaires généraux, sommes au travail. Le bureau actuel est au travail. Ceux qui s'agitent, vont peut-être avec le temps se retrouver hors-jeu parce que la Judpci est obligée d'avancer. C'est vrai que les choses sont rentrées dans l'ordre. La légalité a triomphé. Mais on a parlé, à un moment donné, de parrain qui soutiendrait une tendance. Le nom du président Blon Blaise est souvent revenu. Est-ce qu'il ne faut pas craindre que cela traduise certaines divergences de vue, un certain malaise au niveau de la maison-mère ?
Je voudrais d'abord faire remarquer que l'Udpci a un seul président Albert Mabri Toikeusse et non deux. Il a confié à chacun de ses proches collaborateurs dont nous faisons partie, une mission bien précise qui entre dans le cadre des objectifs du parti.
En sus, je voudrais intervenir sur cette affaire de parrainage. Depuis des années, de jeunes gens sont dans les coordinations, et au lieu de travailler par rapport au programme d'activité, par rapport à la ligne du bureau national, dont ils dépendaient, ils recevaient des mots d'ordre dehors et ramaient à contre-courant de tout ce que nous faisons. Nous nous demandions qui était derrière ces jeunes qui défiaient le bureau national à ce point-là ? Qui était celui qui leur remettait autant d'argent pour sillonner certaines de nos coordinations ?
Nous avons fini par savoir que ces jeunes étaient soutenus par quelqu'un qui, depuis un certain temps, pose des actes pour nous mettre en retard, pour nous tirer en arrière. C'est à cette personne-là qu'il faut poser la question de savoir quels sont ses objectifs ? Et pourquoi elle ne respecte pas les instructions de son président. Et qu'elle donne d'autres instructions et manipule d'autres jeunes en dehors des jeunes statutaires du parti. Il faudrait que les gens comprennent que la Judpci de Yao Séraphin n'est pas faite pour les fainéants. Car ses collaborateurs et lui-même ont montré leur capacité au travail. Ce qui fait que ceux qui ont perdu leur temps à faire de la médisance, de la calomnie, etc, n'ont pas eu le temps d'apprendre à travailler, notamment concevoir un programme, de l'exécuter, d'aller sur le terrain de jour comme de nuit. On ne vient pas au bureau national pour se reposer. Que ceux qui pensent qu'on vient au bureau national parce qu'on a la confiance d'un aîné se trompent. Et même si Yao Séraphin acceptait de prendre tout leur bureau vous verrez qu'au bout d'un mois, ils vont se retirer car Taï Jo n'est pas à sa première expérience au bureau national. Il a déjà fait le bureau national et il a été éjecté pour insuffisance de rendement. Yao et son équipe sont sur le terrain, ils ont commencé à travailler. Il a promis que d'ici 2 à 3 mois, il ferait tout pour atteindre 200 coordinations. Et c'est ça la vraie bataille qui mérite d'être menée, le reste ce sont des épiphénomènes. C'est vrai que vous vous êtes occupé à régler un certain nombre de petits problèmes au niveau du parti, d'autant plus qu'au niveau de l'Udpci même on a parlé de l'affaire Noutoua Youdé. Y a-t-il vraiment rupture ?
Les deux problèmes sont différents. Le problème de Noutoua Youdé. Je l'ai dit depuis longtemps, a été déjà réglé. Ce matin (ndlr : mercredi 11 juillet 2007), on a appris par voie de presse que Gbagbo a débarqué Tia Koné. J'espère que le doyen va rapidement venir s'investir totalement et entièrement dans la politique de l'Udpci. Car depuis des années, il a fait croire qu'il est celui qui pouvait faire gagner l'Udpci alors qu'il était magistrat, président de la Cour suprême. Maintenant qu'il n'est plus à ce poste, j'espère qu'il va venir mener la bataille totalement et entièrement à l'Udpci. Ce sont les Noutoua qui se promenaient de coordination en coordination pour dire que l'homme qui peut faire face à Ado et Bédié, c'est Tia Koné. Il vantait les qualités et les mérites politiques de ce dernier alors qu'il n'avait pas encore fait la politique. Quand Noutoua Youdé a fait le tour et qu'il a rencontré le bureau national et toute les coordinations, il a arrêté. C'était la fin de sa mission. Car, ce jour-là, de 15 h 15 mn à 00 h 30 mn, les coordinations et le bureau au complet lui ont dit qu'il était dans l'erreur et que Koné n'avait pas d'avenir politique. Et que tout ce qu'il faisait, ne visait rien d'autre que d'inféoder l'Udpci au Fpi. A cette occasion, nous avons rappelé à Noutoua Youdé qu'au moment où on tuait le général Robert Guéi en septembre 2002, il était à Rome avec Laurent Gbagbo. Dans un esprit d'ouverture, le président du parti a accepté que ces personnes soient remises en selle. C'est ainsi que le vice-président du conseil général de Biankouma est revenu ainsi que le député de Sipilou, Noutoua Youdé, Jean Gnédéa et bien d'autres qui s'étaient mis hors du parti. Ils ont pratiquement amené le président du parti à faire violence sur lui en prenant une ordonnance pour modifier les textes du congrès en créant trois postes de vice-présidents et trois nouveaux postes de secrétaires généraux adjoints. Malheureusement, ces personnes sont en train de nous faire faux bond. David a disparu de la circulation, il est reparti dans son milieu naturel. Noutoua Youdé est en train de prendre la route. En réalité, ces personnes n'ont jamais accepté que Mabri Toikeusse soit président du parti et ils étaient en mission de déstabilisation. Si les gens veulent passer par des intermédiaires pour déstabiliser Mabri Toikeusse, ils se gourent, parce que nous sommes-là. S'ils veulent perturber les structures du parti pour déstabiliser le président Mabri Toikeusse, ils nous trouveront sur leur chemin. Aujourd'hui, le bureau national des femmes connaît aussi quelques difficultés à cause du consensus qui a entouré sa formation au moment de l'élection de Mme Bonaho. C'est le même problème que les gens veulent introduire au niveau de la jeunesse. Que veulent donc les auteurs de ces sabotages, qui souhaitent que les structures du parti soient des structures dormantes ? Ne veulent-ils pas voir le président Mabri briguer sérieusement la magistrature suprême ? Souhaitent-ils avoir un parti qui se meurt car ses structures sont amorphes ?
Mais, nous disons que quiconque se mettra en marge de l'évolution du parti, quiconque voudra s'attaquer au président Mabri Toikeusse, nous trouvera sur son chemin. Je demande donc aux militants d'être sereins, car nous sommes éveillés. Vous parlez de mettre les structures spécialisées à l'abri des man?uvres de déstabilisation. Qu'elles sont les actions que vous comptez mener pour réveiller l'Ufudpci et pour préserver la Judpci de ceux qui veulent déstabiliser le président Mabri ?
Notre parti a connu beaucoup de soubresauts. Avec le départ de certains militants qui sont allés créer des partis politiques où ils sont présidents. Il s'agit de Digbeu Digbeu, Doffou Ketchi, Tia Monné Bertine, Oulé Tia Séraphin, Kahé Eric, Boni Claverie, Ahipeau Martial. Malgré cela nous n'avons pas été ébranlés. Et nous avons pu préserver les acquis, à cause de la sérénité des structures de femmes et de jeunes. Si les jeunes et les femmes avaient opté pour la transhumance politique, le parti allait disparaître. Ce sont eux qui ont préservé le parti, ils ont donc besoin d'être. C'est donc à juste titre que le président a créé au dernier congrès le secrétariat à l'organisation et à la mobilisation. A côté des autres secrétaires généraux adjoints, nous allons véritablement faire notre travail, qui n'est rien d'autre qu'un travail d'encadrement, de remise à niveau, de mission afin que chacun fasse ce qu'il a à faire. Or, dans un parti politique, les structures qui mobilisent le plus sont les structures spécialisées. Donc si ces structures sont mieux organisées, si les militants de ces structures sont alertes dans la mobilisation, alors l'Udpci n'aura plus de problèmes. Nous avons rencontré récemment le bureau des jeunes. Cette semaine, nous rencontrons le bureau des femmes et après nous allons rencontrer les coordinations mères pour leur expliquer notre vision de l'organisation du parti pour une meilleure conquête des militants. Aujourd'hui, les partis politiques se gèrent comme des sociétés avec une véritable vision managériale. Si donc nos responsables veulent avoir des résultats probants, il faudrait que chacun de nous fasse son travail. On a connu Blé Guirao, fougueux, à la tête de la Judpci. Aujourd'hui, il est secrétaire général adjoint du parti. Est-ce que Blé Guirao n'est pas en train de s'ennuyer au bureau ?
Non, non, je ne m'ennuie pas. D'ailleurs, le travail du secrétaire général adjoint à l'organisation du parti n'est pas un travail de bureau. Vous m'avez trouvé au bureau ce matin parce que j'avais une interview avec vous, et que mon département est petit-à-petit en train de démarrer ses activités. Mais je voudrais vous annoncer que nous avons une tournée dans les différentes régions de Côte d'Ivoire. Nous sommes donc en train de préparer toutes les activités que nous allons mener. Ensuite, nous les planifierons pour avoir de bons résultats. Si nos idées se traduisent dans les faits, par la réalisation de nos projets, alors les structures spécialisées seront encore plus dynamiques, plus efficaces. Nous devons donc être prêts lorsqu'en janvier prochain on fixera la date des élections afin que le président Mabri Toikeusse gagne. Tout cela, pour vous dire que je ne m'ennuie pas, que je suis en train de concevoir des idées qui seront bientôt appliquées. Vous êtes en train de vous mobiliser pour la victoire du président Mabri Toikeusse aux présidentielles. On sait que vous préparez une grande tournée dans les grandes régions du pays. Peut-on avoir les grands axes de cette tournée que vous êtes en train de peaufiner ?
Le secrétaire général du parti, le professeur Alassane Salif N'diaye, nous a demandé de concevoir un vaste programme qui va nous permettre d'entrer en contact direct avec les militants de base, pour voir l'effectivité de leur présence et de leur mobilisation. Ce vaste programme s'étendra sur 10 week-ends intercalé d'un week-end de repos. Et chaque week-end, le secrétaire général et sa délégation doivent visiter deux localités, au nombre desquelles le chef-lieu de département ou bien d'autres villes. Au total, 20 villes de toutes les régions du pays seront visitées. A la fin de la tournée, le secrétaire général fera le point au président. Il lui fera savoir les localités où le parti est fortement implanté et celles où il faudra encore faire des missions à cause de la faible implantation. Cette tournée sera une première car ce sera la première fois que le secrétaire général ira à la rencontre des militants de base dans des localités très reculées d'Abidjan.
Parlant de mobilisation, des partis issus de l'Udpci se vantent de vous avoir damé le pion dans le grand ouest ?
Vous savez que le rêve est permis à tout le monde. Il est la manifestation des désirs inavoués. Les gens rêvent debout. Je voudrais vous rassurer que l'ouest montagneux demeure le bastion de l'Udpci qui sera même capable de rafler, aux prochaines élections, tous les postes électifs de l'ouest. Mais en même temps, le président nous a demandé de conquérir des militants hors de l'ouest, afin que nous ayions des élus dans d'autres régions du pays. Et nous savons que nous en avons les capacités. Que ceux qui s'agitent dans l'ouest, se calment car, ils finiront tot ou tard par comprendre que l'ouest est acquis à la cause de l'Udpci. Le Premier ministre Guillaume Soro a échappé à un attentat. Quel regard jetez-vous sur ce coup qui vient d'être porté au processus de paix et les conséquences qui pourraient en découler ?
C'est un coup dur et c'est pour cela qu'à la suite du président Mabri Toikeusse, je souhaite qu'il y ait une commission d'enquête internationale. Car, il y a beaucoup d'enquêtes qui ont été faites au plan national et dont les résultats sont restés dans les tiroirs. Il faudrait donc, cette fois-ci, que la commission d'enquête internationale fasse son travail en toute objectivité afin qu'on sache véritablement les auteurs de cet attentat. Il faut qu'on sache comment les individus ont pu tirer sur l'avion du Premier ministre à l'aéroport de Bouaké, qui a commandité cela ? Avec quels moyens et quelle complicité ont-ils commis l'attentat ? En réalité, les gens ne connaissent pas bien Soro Guillaume. Car malgré ce qui s'est passé, il demeure serein. Il soutient avoir connu des situations plus difficiles. Guillaume Soro a réaffirmé qu'il est toujours engagé dans le processus de paix. A l'Udpci, nous souhaitons que le processus aille à son terme afin que nous allions aux élections. Car, il y a des partis politiques qui se considèrent comme majoritaire. Nous allons leur prouver, si la transparence est de mise, que le meilleur candidat est celui de l'Udpci. En outre, je voudrais présenter mes condoléances aux familles des personnes qui ont succombé dans l'attentat, et mes v?ux de prompt rétablissement aux blessés. Je voudrais terminer par une question qui fâche un peu. Blé Guirao aurait été privé d'un poste ministériel. Il n'aurait pas eu le soutien de son parti. Quelle est la vérité dans cette affaire ? Que s'est-il réellement passé ?
Ce n'est pas vrai. J'ai déjà dit à beaucoup de vos confrères qu'à la veille de la formation du gouvernement, il y a beaucoup de rumeurs qui circulent. Même au temps d'Houphouet, on entendait ce genre de rumeurs. C'est une pratique qui est propre aux Ivoiriens. Les gens sont allés même plus loin pour dire que Blé Guirao est contre Mabri Toikeusse. Mais me connaissant, le président n'y a pas accordé de l'importance. L'Udpci avait droit à une seule place qui a été attribuée à son président. Le reste, c'est des supputations. Nous ne ferons rien sans la caution de notre parti politique. Même si nous devons être ministre de la République, ce sera avec la caution de l'Udpci, avec la bénédiction du président du parti. Aussi, voudrais-je dire aux militants de ne pas s'affoler. Pour qu'un parti politique avance, il faut que les militants se disent la vérité. Nous voulons construire un parti politique fort, qui lutte contre l'impunité, le tribalisme, le régionalisme, contre l'ethnicisme, etc. Un parti politique où on peut partir de la base pour se retrouver au sommet, un parti politique qui prône les valeurs intrinsèques. Aujourd'hui, la plupart des jeunes qui militent aux côtés de Mabri Toikeusse ont compris cela. Je leur demande de continuer la mobilisation, de continuer les sacrifices, parce que, dans quelques mois, il y aura les élections et leurs souffrances vont prendre fin car le président Mabri Toikeusse arrivera au pouvoir.



Interview réalisée par Kouassi K. Maurice Coll. : A. J

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