Alors que les enquêtes nationales et internationales, ouvertes après l'assassinat manqué à Bouaké, n'ont pas encore livré leurs secrets, une certaine presse, conditionnée par des hommes politiques, bien en vue, pointe, déjà, un doigt accusateur sur des proches du Premier ministre. Rappel. Le vendredi 29 juin, le Fokker 100 présidentiel à bord duquel se trouvaient le Premier ministre Guillaume Soro, le ministre Konaté Sidiki, le conseiller technique chargé de la communication, Alain Logbognon, le porte-parole de la primature, Méïté Sindou, 14 journalistes de la presse nationale, des magistrats et des membres de la sécurité et du protocole de la Primature, a été pris pour cible par un commando armé. Bilan de l'acte terroriste : quatre morts et dix blessés parmi lesquels on compte Alain Logbognon, Méïté Sindou, Soul To Soul et bien d'autres. Par un heureux hasard, Guillaume Soro et Konaté Sidiki en ont réchappé. Depuis, chacun y va de ces hypothèses et de ces déductions pour apporter des réponses aux nombreuses interrogations que soulève l'attaque de l'avion présidentiel. Tour à tour, on a accusé les chefs de guerre de l'ex-rébellion, l'Onuci, la Licorne, le camp présidentiel et pourquoi s'en étonner, Guillaume Soro lui-même. Il aurait arrangé cet auto-attentat pour trouver un prétexte à l'effet de se débarrasser de ses chefs de guerre ( ?), les plus encombrants. Mais, cette piste qui ne résiste guère à l'analyse, n'a pu prospérer longtemps. On se rappelle encore les propos du Premier ministre qui, quelques jours après l'attentat, a mis ses chefs de guerre hors de cause. ?' Aucun chef de guerre n'est mêlé à cette attaque'', avait-il martelé pour couper court aux insinuations et aux accusations dont ces derniers étaient la cible.
Voilà qu'au moment où la proposition d'instauration d'une commission d'enquête internationale a été approuvée par le gouvernement, certaines personnes écument les rédactions (toujours les mêmes) et croient devoir orienter les suspicions sur les ministres Louis André Dacoury-Tabley, Konaté Sidiki et le conseiller technique Alain Logbognon. Le premier, parce qu'il a gardé le silence afin de ne pas en rajouter au tintamarre. Les deux autres, parce qu'ils auraient, apparemment, de l'ascendant sur le Premier ministre. Non, franchement, il vaut mieux en rire. Tant de puérilités et de petitesses dilatent la gorge ! Le fait de se répandre dans la presse est-il une preuve d'innocence ? Sinon, pourquoi fait-on peser des soupçons sur le ministre Dacoury au motif qu'il ne s'est pas prononcé sur l'attentat ? N'a-t-il pas accouru auprès de son cadet miraculeusement épargné par les roquettes et les balles des kalaches ? Cet acte de soutien et de compassion ne vaut-il pas toutes les déclarations ? Quant au ministre Konaté Sidiki et Alain Logbognon, ceux qui les soupçonnent d'être les commanditaires de cet acte ignoble et lâche, auraient tout aussi pu se taire au lieu de chercher des poux sur la tête des autres. Ces accusations contiennent leur propre démenti. Les tenants de ces propos auraient-ils oublié que Konaté et Logbognon étaient dans l'avion attaqué, pilonné ? Et puis qui a tiré dans les jambes de Logbognon ? s'est-il fait hara-kiri ? Ce serait bien la première fois que des hommes prendraient, ainsi, le risque d'attenter, aussi gravement, à leurs propres vies pour en éliminer une autre. On ne dirige pas le canon de l'arme contre soi pour abattre une autre personne. Un tel comportement a un nom : le suicide. Alors Konaté et Logbognon voulaient-ils emporter dans leur suicide le Premier ministre Guillaume Soro ? Pour récolter quoi ? Tout cela n'a aucun sens. On ne décide pas de se suicider en faisant appel à un commando armé. Et que dire de la thèse de la bombe posée par Soro lui-même ? C'est le comble de l'inimité. Il vaut mieux ne plus y penser. Ça fait plus sérieux et responsable. Au total, les soupçons portés contre Dacoury, Sidiki et Logbognon l'ont été, sans doute, en vue de faire plaisir à certaines personnes qui se cachent derrière la presse pour jouir de leur lâcheté. Leurs objectifs : régler des comptes aux Forces nouvelles.
H. Sépé