samedi 14 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

Excellences,
Mesdames et Messieurs,
La cérémonie de ce jour, est le témoignage de la reconnaissance de la Nation ivoirienne à quatre de ses fils, tragiquement arrachés à son affection. Et le devoir nous échoit de prononcer une oraison qui se veut l'expression collective des personnes qui les ont connues et aimées. Monsieur le Président de la République,
Qu'il me soit permis, au nom de Monsieur le Premier Ministre et de l'ensemble de ses collaborateurs, de vous traduire l'expression profonde et émue de notre gratitude pour votre présence effective, et pour toute la sollicitude dont vous avez fait preuve à l'égard du Chef du Gouvernement et de ses collaborateurs, depuis l'attentat du 29 juin 2007. Monsieur le Premier Ministre,
Qu'il me soit également permis de me faire, à nouveau, modestement, l'écho des sentiments de compassion de vos collaborateurs, depuis qu'est survenue cette funeste journée qui a endeuillé et traumatisé les passagers de l'avion et les familles des victimes de cet attentat. Mesdames et Messieurs,
A l'endroit des éminentes personnalités ici présentes, en leurs fonctions et qualités respectives, nous exprimons nos sentiments de profonde reconnaissance pour la promptitude et le niveau remarquables de leur mobilisation. Alors qu'ils embarquaient à bord du Fokker 100, ce vendredi 29 juin 2007, en direction de Bouaké, 1.DOUMBIA Sekou, Diplomate, Chargé du Protocole,
2.SERIFOU Souleymane, Diplomate, Chargé du Protocole,
3.OUATTARA Drissa, Chef de Sécurité du Premier Ministre,
4.DIOMANDE Siaka, Garde Corps du Premier Ministre,
ignoraient alors qu'ils prenaient rendez-vous avec la mort ; une mort soudaine, une mort violente, une mort absurde !
Le destin, implacable, a voulu que ce jour-là, une pluie aveugle de roquettes et de balles assassines s'abatte sur l'avion qui transportait le Premier Ministre et sa délégation se rendant à Bouaké, où devait se dérouler l'audience solennelle d'installation, dans leurs nouvelles fonctions et juridictions, des magistrats des zones Centre, Nord et Ouest.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
L'heure est grave et la circonstance bien douloureuse, mais vous me permettrez de revivre par la grâce infinie de notre Créateur qui nous en accorde la force, des souvenirs nombreux qu'Il nous a donné de partager avec nos regrettés parents, nos regrettés amis, nos regrettés collègues. DOUMBIA et SERIFOU, mes deux Collègues Diplomates, tenaient chaque jour la place qui fut la leur des années durant au Protocole du Premier Ministre, servant avec la même abnégation, la même disponibilité et le même dévouement, les Chefs de gouvernement. Si j'associe, dans le cadre de cet hommage mérité, ces deux personnes, ce n'est pas tant en raison de leur appartenance à la même unité fonctionnelle, mais bien parce que d'aucuns avaient fini par les identifier comme le père et le fils, partageant la même passion du service de l'Etat et de ses plus éminents représentants. DOUMBIA en était, à la longue, devenu la figure tutélaire de la Primature, accordant son sourire aimable et son regard prévenant et paisible à toutes les personnes sollicitant une information ou une indication précise sur le cérémonial dont il était le maître d'?uvre depuis 1994. Ce diplomate de carrière a blanchi sous le harnais, persistant à ses tâches dont il s'acquittait sans relâche, depuis le Département central - le Ministère des Affaires Etrangères- où il est entré en 1964. Doumbia a dans son tour extérieur, servi dans nos missions diplomatiques et consulaires du Libéria et de la Sierra Leone puis du Sénégal. A son retour en 1992, on peut le dire maintenant il posa définitivement ses valises au Protocole d'Etat.
SERIFOU, plus jeune encore, nourrissait le secret espoir de retourner parfaire sa formation et ses connaissances professionnelles à l'Ecole Nationale d'Administration de Côte d'Ivoire qu'il avait quitté quatre années auparavant, avec le Brevet du Cycle Moyen Supérieur, dans la filière diplomatique. Secrétaire Adjoint des Affaires étrangère, il entama sa jeune carrière dès le 13 octobre 2003. Appelé à la Direction du Protocole d'Etat, puis au protocole personnel du Ministre des Affaires Etrangères, il rejoignit en 2006, par la suite, le service du Protocole de la Primature et le doyen DOUMBIA, qui le reçut véritablement comme son fils. Très tôt il fut Orphelin de père et de mère. Dans sa jeunesse SERIFOU montra les facettes de ses qualités humaines ; disponible pour les autres, il servira pendant 7 ans au sein de l'Association des Jeunes Musulmans de la Riviera III en qualité de Trésorier puis de Président. Comme DOUMBIA, son père dans la fonction, il avait le souci constant de bien faire son travail.
Le Lieutenant Drissa OUATTARA et le Caporal Siaka DIOMANDE, j'en étais encore à la recherche de leurs visages tant ils étaient eux-mêmes très discrets dans leur tâche. HELAS ! Ils sont en service à la Primature depuis le 29 mars 2007. Commis à la sécurité rapprochée du Chef du Gouvernement, Son Excellence SORO KIGBAFORI Guillaume, ils l'accompagnaient dans tous ses déplacements. Leurs collègues et frères d'armes, ainsi que tous ceux qui ont eu l'occasion d'être en contact avec eux, gardent un souvenir ému de ces deux militaires. L'officier et le soldat étaient connus pour leur bravoure et leur intrépidité, leur engagement sans faille jusqu'à l'instant fatal de cette matinée du 29 juin dernier.
Ainsi, DOUMBIA, SERIFOU, OUATTARA et DIOMANDE, vous avez définitivement quitté cette Primature que vous avez servie avec tant de dévouement. Vous aviez tous, la particularité d'avoir, en commun, un sens élevé du devoir, de votre devoir. Vous êtes tombés, victimes du devoir. VOUS ETES TOMBES POUR LA PAIX EN COTE D'IVOIRE. L'hommage que la Nation vous rend solennellement, aujourd'hui, par delà LE caractère tragique de votre disparition, revêt un autre symbole. Nous y trouvons une occasion de célébrer la paix et l'unité entre les filles et les fils de ce pays qui, du Nord comme du Sud, de l'Est comme de l'Ouest en passant par le Centre, sont ici réunis autour de vos dépouilles. Vous êtes morts à la tâche, au champ d'honneur, dans le dévouement et la dignité. Alfred de Vigny a dit : "Fais énergiquement ta longue et lourde tâche dans la voie où le sort a voulu t'appeler, puis, après, comme moi, souffre et meurs, sans parler" ! -DOUMBIA, toi, le doyen, humble dans tes paroles et dans tes actions. Malgré tes 64 ans, tu restais égal à toi-même, dans cette discrète efficacité qui te caractérisait, sans jamais laisser transparaître le moindre signe de contrariété ou de fatigue. Ni ta bouche, ni tes oreilles n'étaient ouvertes aux propos désobligeants. Tu n'avais de cesse de répéter que l'humilité et le respect dus au prochain doivent être le pilier d'une vie. Tu étais le fils unique de ta mère de 87 ans dont tu étais le bâton de vieillesse et qui, aujourd'hui, a l'indicible douleur d'assister à tes obsèques. Tu laisses après toi une épouse et dix enfants et tu es grand père d'une petite fille de trois ans. Repose en paix, DOUMBIA !
- SERIFOU, toi, l'homme plein de respect pour tous, disponible, attachant, tu étais, malgré tes 36 ans, l'arbre à l'ombre duquel reposaient tes frères et s?urs. Ta silhouette d'éternel adolescent et ton esprit affable étaient remarquées de tous. Tu laisses après toi une épouse et trois enfants dont un bébé de 4 mois. Repose en paix, SERIFOU ! - Lieutenant OUATTARA ! DELTA ! Toi, le soldat alerte, vif d'esprit, d'un naturel extraverti, tu avais pour souci constant de bien accomplir ta mission. Cette haute idée de ta fonction transparaissait dans toutes tes initiatives. A 36 ans, tu laisses après toi une épouse et trois enfants. Repose en paix, Lieutenant OUATTARA!
Quant à Toi, Caporal DIOMANDE, tu as bien mérité ton titre de garde de corps, toi qui, bien que mortellement blessé, n'a eu pour ultime souci que de faire de ton corps un bouclier pour celui-là même au service duquel tu t'es dévoué sans relâche. Ce dernier regard que tu lui adressais, pendant que la vie te fuyait, lui redisait encore ton attachement. Comme si tu lui disais : "Fidèle à toi, je l'ai été vivant. Fidèle à toi, je le demeure dans la mort." A 36 ans, tu laisses le souvenir d'un homme courtois, discipliné, serviable et loyal. Repose en paix, Caporal DIOMANDE !
A vous parents, épouses, enfants de nos quatre Collègues, nous disons : " Pleurez votre douleur, car elle est légitime ! Mais restez dignes dans la souffrance, comme l'étaient vos chers disparus ! Chérissez les mémoires de DOUMBIA, de SERIFOU, de OUATTARA et de DIOMANDE. Ils n'ont pas vécu inutilement. Ils ne sont pas morts en vain."
DOUMBIA, SERIFOU, OUATTARA, DIOMANDE, tous, vous partagiez la même foi en ALLAH, à l'égard duquel votre piété et votre dévotion n'ont jamais été démenties.
Puissiez-vous demeurer dans le repos de Dieu. Que la terre, notre dernière demeure terrestre à tous, vous soit légère !

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