samedi 14 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

On a failli avoir honte, ce qui s'est passé hier n'était pas de la plaisanterie, alors point du tout. A voir comment les porteurs, des militaires aussi robustes et forts, souffraient pour maintenir la direction du cercueil, on a compris que c'était très sérieux, que la force seule des militaires porteurs ne suffisait pas. On a surtout compris qu'il fallait se mettre immédiatement en prière pour apaiser l'esprit du défunt afin que ne se produise quelque chose qui risquait de mettre mal à l'aise tout le monde et même toute la République. C'est pourquoi vous avez vu les frères musulmans et les frères chrétiens unir leurs prières" explique un responsable religieux, témoin oculaire de la scène insolite qui s'est produite hier à la Primature lors de la cérémonie d'hommage aux victimes de l'attentat contre l'avion du Premier ministre Guillaume Soro le 29 juin dernier à Bouaké. Pour ce responsable religieux qui a requis l'anonymat, "ce qui s'est passé n'est rien d'autre qu'un message solennel, fort à méditer. Dans nos traditions, c'est connu, quand un mort se met à accuser c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas. C'est qu'il n'est pas content, c'est qu'il a un message à communiquer aux vivants" fait observer ce responsable religieux. Qui ne semblait point surpris par la scène qui a intrigué tout le monde, hier, dans la cour de la Primature.
Des scènes du genre, on en parle souvent au village, pour les citadins, ce sont des ragots de cérémonies funéraires villageoises. Mais hier, ces faits d'une autre dimension spirituelle se sont transportés dans le périmètre du palais présidentiel, devant toute la République réunie pour rendre hommage à des serviteurs de l'Etat, brutalement et sauvagement arrachés à l'affection de leurs parents, camarades et connaissances. Par des mains et des esprits obscurs. Après les vivants, les morts sont en train d'accuser ceux qui les ont tués. Que se serait-il passé si on avait laissé le caporal Diomandé Siaka faire ? Il aurait tout simplement désigné son assassin ou à tout le moins ceux qui ont ordonné ce lâche attentat. Le fait que les porteurs se soient mis à "danser" quand ils sont parvenus au niveau de la loge officielle est peut-être une piste à ne pas négliger. "Le sorcier" dont parlait Fologo était donc assis là dans cette loge des officiels.
Akwaba Saint-Clair

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023