Qu'est-ce qui fait courir le ministre des Transports, Mabri Toikeusse ? La question mérite d'être posée après la décision impopulaire et incongrue prise, à la surprise générale, par le premier responsable des transports en Côte d'Ivoire. Que le ministre veuille assainir le milieu du transport, il n'y a pas d'inconvénients. Mieux, c'est une action salutaire pour un secteur qui a pris date avec le désordre. Et cela mérite encouragements.
Mais, que le ministre ferme les yeux sur la violation par une entreprise (Starten Technologie) de la convention la liant à l'Etat de Côte d'Ivoire pour suspendre la production du permis de conduire, est scandaleux et renversant. Proprement. En effet, signée en 2002, cette convention autorisait Starten à procéder, uniquement, au pré-enregistrement des candidats au permis de conduire. Contre toute attente, Starten outrepasse ce contrat pour une autre activité non-consignée dans la convention. A savoir, la production du permis de conduire réservée, exclusivement, à la Sonatt. Ainsi, l'on a pu avoir en circulation deux permis parallèles. L'un, de trois volets (rose), produit par la Sonatt et l'autre qui présente les caractéristiques d'une carte magnétique, ?uvre de Starten. Face à une telle situation qui défie l'autorité de l'Etat ivoirien, Mabri n'a trouvé meilleure solution que de suspendre toutes les activités liées au permis de conduire. Il justifie sa décision par le souci ?' de préserver la paix''. Alors question. Entre la société agréée par l'Etat de Côte d'Ivoire (Sonatt) pour éditer le permis de conduire et celle qui s'introduit par effraction dans la production de ladite pièce (Starten), qui enfreint à la loi ? Quand une entreprise qui n'en a ni la qualité ni l'expertise, exerce une activité dans l'illégalité que fait-on d'elle ? Et puis, le comble de la décision ministérielle est que Mabri a signé des permis de conduire produits par Starten. Pourtant, en sa qualité de tutelle, il devrait savoir que Starten n'était pas habilitée à le faire. A moins que le ministre ne cache quelque chosequi frappe de suspicion sa décision de suspendre la production du permis de conduire. Au demeurant, face à cette mesure, quelle conduite à tenir donne-t-il aux forces de l'ordre aux contrôles de ?' routine'' quand elles se trouveront face aux types de permis ? En clair, lequel des deux permis en circulation, actuellement, le policier ou le gendarme doit-il considérer comme valable ? A l'évidence, Mabri Toikeusse n'a pas cerné tous les contours de la question avant de prendre une décision qui ne manquera, sans doute, pas de soulever des vagues. On dira que Mabri cherche palabre. Dans ce cas, c'est bien lui qui aura troublé la paix sociale.
H. Sépé