vendredi 13 juillet 2007 par Le Front

A moins d'une semaine de la proclamation du parti politique de Zémogo Fofana, l'un de ses plus proches collaborateurs, M. Atteby Dago Hubert, lève le voile sur toutes les tractations qui ont abouti à la création de la nouvelle formation politique. Son mentor, dit-il, veut faire ?'savamment la politique''. Loin des coups de gueule et de la pratique de l'exclusion. M. Atteby Dago, vous êtes l'un des plus proches collaborateurs de Zémogo Fofana, on vous a régulièrement vu à ses côtés quand les rumeurs faisaient état de sa démission. Aujourd'hui, on annonce le lancement de son parti politique. Alors, qu'en est-il exactement et où en êtes-vous ?
Je voudrais d'abord vous remercier pour l'opportunité que vous m'offrez à m'exprimer à travers votre organe. En effet, j'ai eu à travailler aux relations extérieures du Rdr aux côtés de Zémogo Fofana qui en était le secrétaire général adjoint chargé des coordinations de ce secrétariat et je peux dire, avec le recul nécessaire que grâce à M. Zémogo, il y a un important fichier extérieur qui existe. Vous n'êtes pas sans savoir que lors des dernières restructurations, il y a eu au niveau de la politique extérieure du Rdr, plusieurs nominations de délégués. Le ministre Zémogo y a été d'un apport considérable, ayant permis notamment de réorganiser le parti et les militants du Rdr à l'extérieur du pays. Les deux années de collaboration passées avec lui m'ont permis de découvrir l'homme, sa carrure et le leader qu'il est. Ces années m'ont aussi permis de vérifier un certain nombre d'informations qu'on laissait courir sur lui. A savoir par exemple, qu'il était agité, flirtait avec un tel ou un tel. Mais, au résultat de mes observations, je me suis rendu compte que la personnalité de l'homme tranchait avec tous ces faux messages. Que M. Zémogo était d'une culture et d'une éducation qui ne s'accommodent pas à tous ces pâles clichés. L'homme était, au contraire, de toutes les allégations véhiculées, porté par un désir permanent de servir la société, ses proches, etc. Et il voulait y parvenir en faisant sainement la politique, de façon modérée. Depuis plusieurs semaines, par le biais de la rumeur, les choses commencent à prendre forme. Et le fond va se préciser du point de vue de l'existence légale du parti politique qui se crée selon les normes prévues par la République. Sachez qu'il y a un certain nombre de documents à fournir au ministère de l'Intérieur assorti d'un récépissé avant le décret qui sanctionne toute cette procédure-là. Peut-on savoir la dénomination de ce parti et son positionnement idéologique ?
Le parti que nous lançons le 16 juillet prochain est l'Alliance pour la nouvelle Côte d'Ivoire. Il ambitionne de se positionner comme un vrai parti national. Cela dit, sachez que lorsque le ministre a dit qu'il quittait le Rdr, il a tenu à préciser qu'il n'abandonnait pas le combat. Aujourd'hui, les réflexions sont très poussées au niveau de notre association à faire la politique autrement et de la création de notre parti. Je vous informe que le 16 du mois en cours, le ministre aura l'occasion de donner les conclusions des réflexions que nous menons et, logiquement, informera solennellement de la naissance du parti. On a ouï dire que l' ANCI, le nouveau parti, aura pour président le ministre Zémogo, Béchio, secrétaire général et Ali Keïta, porte-parole. Est-ce que vous confirmez cette assertion ? Et quel rôle vous a-t-on confié ? En tant que proche collaborateur, je ne voudrais pas m'exprimer sur la base des ?'on dit''. Mais je réaffirme qu'il y a une procédure légale en cours et à respecter. Le ministre est annoncé comme leader c'est celui qui va conduire tout ce groupe. Et sans faux-fuyant, sachez qu'il va conduire la direction de ce parti. Il lui revient donc, l'honneur de s'adresser aux Ivoiriens et leur dire voilà votre nouveau parti, voici les animateurs etc Cela dit, nous, proches du ministre, nous ne percevons pas notre engagement aux côtés du ministre en termes de récolte de postes. Nous sommes à une étape importante de contacts sérieux et tous azimuts et nous ne dévoierons pas notre objectif pour des questions de postes. Nous avons donc engagé des contacts pour que ce parti soit un parti d'envergure et de couverture nationale. Longtemps avant sa démission, M. Zémogo avait laissé perdurer le suspense, sachant bien qu'il était sur le départ. Etait-ce stratégique. C'est une position qui s'explique aisément. Nous qui sommes proches du ministre, nous percevions que ce temps mort était nécessaire. D'abord il est l'un des membres fondateurs du Rdr, et il est difficile comme tout bébé qu'on met au monde de s'en débarrasser aussi facilement. Pour tout ce qu'il a mis dans le Rdr : son énergie, ses moyens financiers, sa réflexion, son investissement physique et cela pendant 14 ans, comprenez qu'il ne pouvait pas quitter aussi facilement le Rdr. Des réflexions engagées, alors, plusieurs options se présentaient. Soit, mener le combat à l'intérieur et jouer les premiers rôles au sein du parti, soit sortir carrément et mener le combat politique conformément à la vision qu'il a. Ces réflexions ont donc mis du temps. Mais il faut comprendre que les Ivoiriens étaient pressés. Nous par contre, nous n'étions pas pressés, nous allions au rythme de M. Zémogo. Mais l'impatience de nos compatriotes a prévalu. Je profite pour dire que ceux qui, aujourd'hui, s'égosillent abondamment, partout, pour jeter l'anathème sur notre leader Zémogo, savent ce qu'il vaut et pèse.
D'autre part, ayant été à l'origine de l'arrivée de nombreux militants au Rdr, il ne pouvait pas partir comme ça. Il fallait pour le ministre écouter toutes ces personnes, prendre en compte leur position sur sa décision etc Parce qu'il faut reconnaître également que M. Zémogo a les pieds dans la tradition, qu'il était très attaché aux valeurs qui fondent notre existence. Il a donc mis ce temps à profit pour écouter les vieux, les consulter et partager avec eux sa vision. Je crois que le moment est venu de parler aux Ivoiriens. Il l'a dit lui-même, c'est une rupture fraternelle. Il n'abandonne pas le combat, il revient avec une équipe capable de se positionner sur l'échiquier politique. Mais est-ce que vous-même M. Atteby, avez déposé votre lettre de démission comme l'a fait votre leader ?
Vous savez, c'est ce qu'on reproche aux dirigeants actuels du Rdr. La démission ne se présente pas seulement sous la forme de dépôt de lettre, comme certains dignitaires du Rdr veulent le faire croire et se donner les moyens de mettre la pression sur ceux qu'ils ne veulent plus voir. On peut démissionner en déposant une lettre, mais on peut également constater la démission d'un militant, de façon toute naturelle, si ce dernier adhérait à un autre parti politique. Dès l'instant où demain, on verra M. Atteby actif, militant dans une autre formation, on doit considérer qu'il a démissionné. C'est la démarche que j'emprunte. Certaines personnes vous accusent d'être de ceux qui ont poussé sinon conseillé M. Zémogo de démissionner. Qu'en est-il ?
Avancer de telles affabulations serait faire une injure grossière à M. Zémogo qui est une personnalité suffisamment responsable pour prendre des décisions aussi importantes, à la mesure de son expérience et à la mesure de ses convictions. En démissionnant, il a été clair. Il a dit et je le cite : ?'je pars seul, je quitte''. Mais le contexte et l'environnement prêtaient à l'engagement de tout un ensemble à ses côtés. Ainsi, nous qui croyons en lui, qui avons foi dans les vraies valeurs républicaines qu'il défend, nous adhérons absolument et totalement à son choix. Parce que comme lui, nous avons constaté les dysfonctionnements qui grippaient le Rdr. C'est un constat par tous les républicains. M. Zémogo a le mérite de l'avoir dénoncé en prenant ses distances. C'est un acte de courage, hautement responsable. Ne voulant donc pas abandonné la lutte il était nécessaire de choisir un leader, et nous avons pensé que le ministre Zémogo Fofana était l'homme capable de conduire cette 3è voie. Vous êtes proche de M. Zémogo, vous parliez tantôt du parti national qu'il entendait bâtir. Que comptez-vous faire pour marquer la différence avec les autres partis se réclamant tous comme d'envergure nationale ?
Ce que nous proposons de manière concrète, ne peut être perceptible qu'à travers notre projet de société. Pour l'heure, je souhaite laisser à notre leader le privilège d'annoncer ce projet de société qui sera le reflet idéologique de notre parti aux plans de la société, de l'économie, de l'éducation, etc Mais, la grande différence, c'est que le parti a l'avantage de regrouper des personnalités d'expériences. Nous autres, avons fait du chemin, depuis 1990, cela fait 17 ans et par voie de conséquence, il est hors de question que nous reprenions les mêmes choses. Ce que nous avons reproché au Pdci, au Rdr, nous ne pouvons pas tomber dans ces mêmes errements. Ensuite, du point de vue des principes de fonctionnement et des méthodes de travail, on fera nettement la différence parce que nous avons un certain nombre d'expériences. Donc nous allons proposer aux Ivoiriens un schéma amélioré et corrigé de toutes les critiques sur les dysfonctionnements, déplorables de l'autre côté. Bref, on aura à proposer un nouveau modèle de question des compétences, d'utilisation rationnelle des ressources humaines, d'élaboration d'une stratégie bien meilleure et efficace au bénéfice des Ivoiriens. Loin de moi toute critique, mais au Rdr la pratique qui consistait à applaudir un maire qui arrive, puis à l'abandonner et à le vouer aux gémonies, ne doit pas avoir cours dans notre parti.
Mais il est que sur le plan de l'électorat vous allez marcher sur un territoire acquis au Rdr. Comment envisagez-vous déjà cette bataille ?
C'est vrai que nous sommes pour la plupart partis du Rdr. Moi, avant mon arrivée dans ce parti, j'étais au Fpi. C'est déjà beaucoup, car ça représente une somme d'expériences variées et diverses. Ce qui fait la force du ministre Zémogo, c'est qu'il est l'un des rares leaders à être accepté par toutes les formations politiques. C'est un gros avantage. Nous avons la chance de puiser partout. On vous dira Atteby Dago est de Lakota. Mais je ferai tout pour qu'on ait le Sud-Bandama ( Divo, Lakota, Tiassalé) qui est considéré comme le fief du Fpi. On a Jean-Jacques Béchio, on a le juge Epiphane Ballo qui est de Sinfra. De part la qualité et la carrure de ces leaders, on va puiser partout. Il faut qu'on sorte de la schématisation régionale ou communautaire des partis. N'est-ce pas les mêmes valeurs que prêchait le Rdr, par exemple, à sa création, avant de tomber dans le piège du repli communautaire et régional. Effectivement, dans sa stratégie, le Rdr n'a fait que s'appuyer sur le groupe Malinké. Nous savons comment le Rdr est né Dites-nous comment ?
Le Rdr est né d'un schéma stratégique qui consisté à réduire le Pdci dans le V Baoulé, en enlevant le groupe Malinké. Après cela, il a fallu chercher un leader charismatique en qui tous ces hommes du nord allaient se reconnaître. De ce point de vue-là, Djeny Kobina qui était à la tête, n'avait pas cette force pour envoyer tout le groupe Akan. Stratégiquement, le Pdci est réduit en pays baoulé, puisque coupé du nord, le sud et l'est étant partagés et l'ouest au Fpi. L'exclusion dont parle le Rdr, c'est par rapport à leur leader. Dans le contexte d'ivoirité d'alors. Pour avoir un caractère national, il fallait donc pour le Rdr sortir de ce groupe Malinké. Mais, cela est regrettable, (14) quatorze ans après, ce parti n'a pas pu s'étendre. Ils (les responsables du Rdr) ont plutôt qualifié ce schéma d'électorat captif. Avec l'effet Ado en prime. Malheureusement, les choses n'ont pas évolué. On a essayé de mener le combat à l'intérieur. Le bureau politique d'il y a plus d'une année a été l'occasion d'interpeller le président du Rdr sur un certain nombre de dysfonctionnements. Je rappelle que j'étais le 2è intervenant au bureau politique, et j'ai eu le courage de dire ce qui n'allait pas. Dans les faits ceux qui ont été la cible de toutes les critiques, comme l'ex-S.N. à l'organisation (ndlr : M. Kafana Koné), aujourd'hui SGA a vu son pouvoir renforcer. On annonce l'arrivée à vos côtés de certains élus de grands calibres, qu'en est-il concrètement. Ce que je viens de dire, en ne citant pas de noms, c'est que vous verrez avec nous que ce ne sera pas un départ solitaire. Ce sera un ensemble. Et ces responsables, élus dont vous parlez, auront l'occasion de se prononcer. Dans les mois à venir, vous constaterez par vous-même la représentativité du parti sur le territoire. Il y a des gens au Rdr à cause de lui et ils le suivront.
Notamment ces élus ?
Absolument, il y aura des élus. Nous allons conclure, M. Atteby avec cette question : en quoi votre parti se différencie-t-il fondamentalement du Rdr, idéologiquement et structurellement.
Nous sommes centristes et nous sommes d'idéologie libérale. Comme le Rdr, mais seulement sur la construction. Cependant, à travers ses animateurs, car nous pensons que l'idéologie est théorique. La différence se situera au niveau de la pratique, des hommes qui exécutent. Je vous ai dit que nous avons des hommes d'expérience, qui ont une certaine connaissance. C'est à ce niveau que la différence se fera sentir. Egalement dans son taux de représentativité au niveau national, dans sa gestion des compétences et des ressources, dans sa manière d'apporter des réponses aux défis qui nous attendent, on verra nettement la différence. Et votre baptême le feu se sera pour quand. Est-ce qu'on peut savoir ce à quoi les Ivoiriens doivent s'attendre ?
Nous vous donnons rendez-vous d'ici le 20 juillet courant, retenez le 16 juillet, si toutes les batteries sont dégagées.



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