vendredi 13 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

Longtemps j'ai hésité à utiliser cet espace pour me prononcer sur le "livre" L'opposant historique de André Silver Konan, Journaliste au quotidien Le nouveau Réveil. La question était de savoir si la place d'un regard sur ce livre était dans une Chronique du vendredi ou dans les pages littéraires. Le choix s'est imposé de lui-même : ce livret de 103 pages format A6 n'a pas l'étoffé rudimentaire pour figurer dans les pages littéraires d'un Journal, surtout celtes de Le Courrier d'Abidjan. De même qu'il ne faut pas mélanger torchons et serviettes, il ne faut pas mettre dans un même panier ceux qui font de la littérature et ceux qui réussissent la prouesse de faire lire à d'autres leurs ratures. Car s'il faudrait trouver le dénominateur commun entre le livre de André Silver Konan et la littérature, ce ne serait que les 6 dernières lettres du mot "littérature"...

L'auteur qui a cru, pendant longtemps, que son livre serait un tsunami dans l'histoire de [a littérature politique en Côte d'Ivoire, a rêvé à sa censure et à son interdiction. Histoire sans doute de voir le livre gagner quelques échelons dans l'échelle de la popularité. Hélas pour l'auteur et pour son livret, les éventuels et imaginaires censeurs sont restés insensibles aux coups de pieds et autres appels à la censure. Alors, André Silver Konan ne peut que se contenter de faire croire à ses lecteurs que son livre "est né dans l'intimidation". Bref.

De quoi est-il question dans ce livre ? D'un recueil de trois nouvelles. Présentons les à rebours : la troisième intitulée Le sosie, relate une erreur judiciaire, le genre de fait que l'on ne raconte plus en littérature depuis Kafka. Rien de nouveau dans la seconde nouvelle, Le soldat Declerc, une histoire d'amour entre un soldat de la Licorne et une jeune fille. Point. L'opposant historique est la première nouvelle de ce recueil. C'est l'histoire d'un opposant historique et des membres de son parti politique qui, une fois au pouvoir essaient et réussissent à conjuguer sexe el pouvoir en même temps- Une histoire de fesses, tout simplement. Et ce livre qui fait la fierté du Pdci. Lorsqu'on voit les dignitaires de ce parti le commander par dizaines, lorsqu'on lit la préface du ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, lorsqu'on entend Hortense Aka Angui, du haut de ses 70 ans dire, toute décence bue. que "Le Pdci qui a besoin d'agir a visage découvert soutient le livre et son auteur", on se dit que ce n'est pas seulement le POCI qui a fait descendre sa raison en dessous de la ceinture, c'est la Côte d'Ivoire toute entière qui est tombée bas. Comment des personnalités de haut rang comme on en trouve dans le vieux parti peuvent s'émouvoir publiquement devant tant de grivoiseries ? Ni fiction, ni écrit politiquement engagé, ni récit journalistique, le texte de André Silver Konan n'est que de la diffamation ; tout simplement.

Une peinture naïve (au sens plastique du terme) de faits et de personnages réels à qui on accote des actes et des actions imaginaires, joindre le faux au vrai pour créer du faux et le faire passer pour vrai : c'est ta dernière arme des personnes qui n'ont pas la force et les arguments nécessaires pour s'opposer à leurs adversaires politiques. Alors, ne leur reste que les dessous de ceintures à critiquer. Et au Pdci, on croit dur comme fer que ce livre a sa place dans la littérature de la guerre, aux côtés de livres tels que La France que je combats et La recolonisation de l'Afrique : le cas de ta Côte d'Ivoire de Théophile Kouamouo, Deux guerres de transition et Ne pas perdre le nord de Séry Bailly ou encore Les servitudes du pacte colonial de Mamadou Koulibaly. Assurément, le PDCI est tombé et est tombé bien bas.
Par ailleurs, André Silver Konan ressemble à bien des égards à un autre Konan : Venance Konan. Chez les deux journalistes, le même patronyme, la même affection pour le vieux parti, la même haine pour "Laurent Gbagbo et ses refondateurs" et surtout la même grivoiserie. D'ailleurs, il y a une ressemblance intrigante entre L'opposant historique de André Silver et l'inédit Le camarade Président de Venance Konan. Dans l'un et l'autre texte, on retrouve la même peinture grotesque, grossière et vulgaire du Fpi et de ses militants. Comme si André Silver s'était inspire du "Christ de vava" pour créer Souroukou, son personnage...
De là à parier de plagiat, il n'y a qu'un pas ; que je franchis allègrement. D'ailleurs encore, André Silver Konan ne cache pas son admiration pour Venance Konan qui dit-il est son modèle. Franchement, choisir en 2007 Venance Konan comme modèle de journaliste, il faut le faire ! De journalistes qui ont réussi leur carrière, il y a mieux que ce monsieur consacré en 1993 comme meilleur journaliste et qui se retrouve en 2007 à être pigiste dans un magazine de seconde zone... Mais que voulez vous ? On choisit ses modèles à la taille de ses ambitions. Et au PDCI, on a choisi André Silver Konan comme modèle d'intellectuel qui porte la réplique aux intellectuels de gauche.

par Edwige H.
In le Courrier n°1062 du vendredi 13 juillet 2007

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