jeudi 12 juillet 2007 par Nord-Sud

Les troupes pakistanaises ont pris mercredi le contrôle total de la Mosquée rouge à Islamabad et tué les derniers islamistes qui leur résistaient encore, après deux jours d'affrontements qui ont fait au moins 82 morts, a annoncé l'armée.





Les forces de sécurité pakistanaises ont tué la dernière poignée d'irréductibles qui étaient retranchés dans des tunnels fortifiés creusés sous la zone résidentielle du site de culte. L'armée avait donné l'assaut mardi avant 05H00 locales (00H00 GMT).

Dès l'arrêt des combats, les membres des forces de sécurité ont commencé à fouiller la zone à la recherche des grenades non explosées et d'éventuelles mines, à la mosquée et dans une école religieuse de filles adjacente.

"La première phase visant à nettoyer la zone des militants est terminée", a déclaré à l'Afp le général de division Waheed Arshad, porte-parole de l'armée.

Selon lui, 73 militants islamistes ont été tués au cours de l'opération, ainsi que neuf soldats.

Les corps des islamistes tués ont été dénombrés par les soldats qui explorent les lieux. Cette opération de fouille est presque terminée, a-t-il dit.

La mosquée a subi d'importants dégats et des mines ont été découvertes "partout", a déclaré à l'Afp un responsable des forces de sécurité qui a inspecté le complexe de la mosquée. Les journalistes n'ont pas été autorisés à visiter le site.

Le Premier ministre Shaukat Aziz a déclaré qu'aucun corps de femme ou d'enfant n'avait été découvert. Avant l'assaut, les autorités avaient accusé les islamistes, dont certains proches d'Al-Qaïda, de retenir en otage des "centaines" d'étudiants d'écoles coraniques, dont des femmes et des enfants.

Une soixantaine de femmes et d'enfants sont sortis de l'édifice depuis le lancement de l'assaut. Des responsables ayant souhaité garder l'anonymat ont affirmé que beaucoup d'entre eux étaient hospitalisés.

Quelque 1.300 autres personnes, dont deux-tiers de femmes, avaient pu s'échapper avant le lancement de l'opération.

Le président pakistanais Pervez Musharraf avait ordonné l'assaut après l'échec de pourparlers avec le chef des irréductibles, Abdul Rashid Ghazi, pour permettre aux femmes et enfants que les islamistes étaient accusés de détenir en otage de sortir.

Abdul Rashid Ghazi a lui-même été tué lors de l'offensive, dans un échange de tirs entre des militants et les forces de sécurité.

Des responsables ont reconnu que le nombre de femmes et d'enfants se trouvant dans le complexe au moment de l'offensive semble avoir été surestimé.

La vive résistance opposée par les occupants de la Mosquée rouge, en plein coeur de la capitale pakistanaise, près du quartier des ambassades, a représenté un défi sans précédent pour le président Musharraf, allié des Etats-Unis dans la "guerre contre le terrorisme".

Le président s'adressera jeudi à la nation afin de présenter "une nouvelle stratégie afin de combattre l'extrémisme et le terrorisme", a indiqué à l'Afp un conseiller présidentiel.

Les Etats-Unis avaient approuvé mardi l'assaut, qualifiant de "responsable" l'attitude du gouvernement.

Les partis pakistanais d'opposition réunis à Londres ont estimé que l'assaut allait encourager l'extrémisme. Pour Imran Khan, leader du parti Mouvement pour la justice, l'assaut devrait provoquer "des conséquences inattendues et dangereuses".

Benazir Bhutto, ancien Premier ministre pakistanais, a quant à elle évoqué le "spectre d'une prise de pouvoir islamiste au Pakistan". "Le siège de la Mosquée rouge montre à quel point certaines parties du Pakistan sont devenues dangereuses", a déclaré Mme Bhutto à la télévision britannique.

Des analystes soulignaient le risque d'embrasement après le "martyre" des radicaux tués à la mosquée, tandis que des organisations d'aide humanitaire ont annoncé leur départ du Pakistan ou la suspension de leurs activités après avoir été attaquées à Batagram (Nord-Ouest).





Avec AFP

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