Sémien figure au nombre des cinq sous-préfectures du département de Kouibly. Le bâtiment de la sou préfecture reste encore vide et le logement du sous-préfet sert de siège au détachement des Forces Nouvelles. Sur le marché, la plupart des articles vendus sont de marques inconnues et sont vendus à vil prix. L'huile, le savon, les cigarettes, le sucre, le lait, les pagnes et même le carburant pour les véhicules, sont tous des produits de contrebande. Et les commerçants auraient fait de bonnes affaires n'eût été la grande pauvreté de la population. Après cinq ans de guerre, la petite ville a carrément pris les allures d'un village pittoresque et famélique. Seuls les Forces Nouvelles s'en tirent à bon compte. Sur leurs grosses motos non immatriculées, arborant des treillis et une démarche qui trahit leur méconnaissance de l'allure militaire, ils se pavanent devant les jeunes filles qui ne leur refusent rien. Leurs chefs dont nombreux sont de vrais militaires, lèvent souvent le ton pour les ramener au calme quand ils en font un peu trop. Contrairement à ce qui se passe à Bouaké, ils sont encore très nombreux à porter les armes dans la région de Man. Sous nos yeux, un des leurs s'est mis à battre sauvagement une jeune fille qui l'a éconduit alors qu'il la draguait. Le service social et sanitaire est absent et seule l'école semble renaître de ses cendres. Les ONG étrangères qui occupent le terrain, font plus de publicité que d'action véritable.
Le plus difficile reste cependant l'état de la route. Il est si mauvais qu'il aura fallu près de trois heures pour parcourir la trentaine de kilomètres de voie non bitumée qui sépare la ville du goudron qui vient de Facobly.
P. D. T