jeudi 12 juillet 2007 par Notre Voie

Pour l'Ivoirien - à l'instar de tout citoyen normal - les besoins essentiels sont avant tout de se nourrir, de se loger et de se déplacer pour aller travailler ou chercher un emploi. Sur ces trois secteurs, force est de constater que depuis un certain temps les prix ont augmenté. Ce n'est pas encore le cas critique qu'on rencontre dans certains pays, mais se nourrir est devenu un peu plus difficile, surtout à Abidjan. Parmi les produits alimentaires, les secteurs les plus en vue sont les produits laitiers, la branche oléagineux?, le riz, les céréales. Selon les industriels du froid, l'augmentation des produits laitiers tels que le yoghourt (9%) s'explique par une augmentation du prix du lait à la production sur le marché international (11%). Quant à la valorisation du prix des matières issues des oléagineux (12%), elle est la conséquence du renchérissement du prix au kilogramme de l'huile de palme (50%). Pour ce qui est des céréales, l'on assiste à la flambée des prix du maïs, du mil et du sorgho quand ces produits ne deviennent pas purement et simplement inaccessibles. La situation devient de plus en plus difficile au point que certaines familles qui en font leur plat principal n'arrivent pas à assurer un repas par jour. La boîte de farine de maïs, par exemple, qui coûtait 350 FCFA se vend actuellement à 700 FCFA, et le sac de 100 kg de maïs se vend à 22.000 F CFA. De même, le prix du sac de riz de luxe, communément appelé riz parfumé, a bondi de 15%. Même les fruits n'y échappent pas (5%). La valse des hausses de prix ne s'arrête pas aux seules denrées de première nécessité. Elle atteint aussi les tarifs du transport public de voyageurs à cause de la multiplication des autorisations de transport : primes à l'Agetu, primes au District, vignette, carte grise, assurance, patente, visite technique, imprévus?... Ce qui engendre naturellement beaucoup de frais. Je remarque que pour la même distance en taxi compteur, je paye beaucoup plus la course qu'avant. Il y a quelque part un levier qui a été actionné qui fait que la course a augmenté sans qu'on ne soit officiellement informé?, indique un usager. Les produits d'hygiène et de beauté ont vu aussi leurs prix augmentés dans la proportion de 11 à 15%. Toutes les femmes veulent devenir belles. La demande est forte, c'est la loi du marché?, soutient dame Coulibaly O., esthéticienne. Quant aux loyers, ils ont augmenté de 3,5%. Ajoutées aux diverses hausses, souvent inexpliquées, des tarifs d'eau et d'électricité et à la flambée saisonnière des prix de certaines denrées alimentaires de base, le résultat ne peut être qu'un panier de la ménagère de moins en moins garni.
Craindre les conséquences. Ne pensons surtout pas à une hausse conjoncturelle. Car en Côte d'Ivoire, quand les prix grimpent, ils ne redescendent plus jamais même quand la situation s'améliore. Cela ne peut que conduire à un plus grand appauvrissement des classes les plus démunies. D'où le renforcement d'un sentiment d'injustice, source de frustrations pour tous ceux qui bataillent quotidiennement pour survivre, ces worker poor?, ces salariés clochardisés. Au ministère du Commerce, c'est l'omerta. Rien d'étonnant dans un département où on n'a jamais eu le réflexe de produire des statistiques. On regrette l'indifférence de l'Etat face à cette flambée des prix. L'Etat devrait plafonner les prix pour éviter la spéculation et la rétention. Aujourd'hui, ce sont les commerçants qui tirent profit de cette situation. On connaît la mauvaise foi de certains commerçants qui stockent les marchandises dans le seul but de faire monter les enchères. Ces comportements sont inacceptables et doivent être fermement combattus. Car cette situation risque d'engendrer des conséquences sociales sans précédent si rien n'est fait?, s'indigne Christophe Kanga, fonctionnaire à la retraite. Ce que le gouvernement peut faire, c'est de voir la structure des prix dans laquelle une partie repose sur la fiscalité. L'Etat peut réduire la fiscalité et contrôler la marge bénéficiaire des commerçants. Si on joue sur ces deux éléments, on assistera à la baisse d es prix des denrées de première nécessité? , explique Philippe Djéké, cadre de banque. Il existe donc des leviers sur lesquels il est possible de jouer pour juguler une inflation qui pointe à l'horizon si rien n'est fait. L'Etat est-il prêt, dans ce contexte économique difficile, à céder une partie de ses recettes ? That's the question. Il n'y a pas à s'inquiéter. Toutes ces hausses restent trop faibles et trop isolées pour avoir un impact sur la consommation nationale. D'autant plus qu'elles sont compensées par la baisse des prix de nombreux autres produits. Et ça, on ne le souligne pas?, relativise un cadre du ministère du Commerce. N'empêche, ces hausses jouent tout de même sur le moral des ménages quand on sait que les revenus, eux, restent statiques.

J-S Lia liasylve@yahoo.fr

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