mercredi 11 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

Doit-on parler de naïveté ou de bonne foi excessive chez les Forces nouvelles ? Après la signature de l'accord politique de Ouagadougou, nombreux ont été les Ivoiriens qui, surpris et même inquiets de l'empressement sans précédent de Gbagbo et de ses partisans dans la mise en ?uvre dudit accord, se sont fait le devoir d'inviter Soro et ses camarades à la prudence et à une vigilance de tous les instants. Cela semblait en effet trop beau pour être vrai. Nous convenons avec le sage de Yamoussoukro que les hommes changent et que seuls les imbéciles ne changent pas. Mais tout de même, il faut se méfier de tout ce qui est radical. Les changements qui s'opèrent à plus de 190 degrés sont suspects. Tout semblait si bien ordonné et bien enclenché, sans aspérité, sans son contraire. Du jour au lendemain ou du moins au détour d'un accord, le discours a changé, les attitudes ont changé, la volonté de s'unir avec ceux qu'on a diabolisés devant ciel et terre a été réaffirmée ; concerts de louanges en l'honneur de Guillaume Soro dont on a salué et vanté le grand courage. Lui au moins a eu le courage d'assumer ce qu'il a fait, c'est pourquoi il a été nommé 1er ministre. Bref, tout a été dit et fait pour amener les ex-rebelles à baisser la garde. A se fondre dans la foule, à s'installer totalement dans le mouvement. Des symboles ont été brisés. Blé Goudé est allé à Bouaké et les jeunes des Forces nouvelles se sont rendus dans le village du champion des "jeunes patriotes". Konaté Sidiki, l'un des plus proches de Guillaume Soro, a même dansé au complexe sportif de Yopougon avec Simone Gbagbo, le pilier de l'extrémisme au sein de la minorité au pouvoir. Tout semblait donc achevé, accompli. La mayonnaise avait tellement pris que certains membres des Forces nouvelles trouvaient gênant pour leurs oreilles qu'on leur parle de prudence et de vigilance. En fin de compte et avec la suppression de la zone de confiance, les soldats des Forces nouvelles ont pris place à bord du train du désarmement des esprits et des c?urs. Désormais, tout le monde respirait, les narines bien ouvertes, l'air de la réconciliation et de la paix. Et c'est le moment propice choisi par l'ennemi que l'on recherche encore, pour frapper. Le coup devrait être imparable. Soro est un enfant imprévisible, il ne serait pas bon de le rater. C'est pourquoi, l'on a préféré un schéma pour le réduire en bouillie. On voulait l'effacer comme la craie sur un tableau noir. Mais Dieu, qui est le seul à décider du destin des hommes, en a décidé autrement. Soro ne devrait pas mourir le 29 juin dans un attentat d'avion, et il n'est pas mort. Mais ce qui s'est passé doit donner plus à réfléchir. Il y a des gens qui se plaisent dans la guerre ou qui veulent bien aller à la paix, mais à des conditions particulières. Guillaume Soro a eu le courage d'annoncer qu'il est décidé, en dépit de ce qu'il a subi, à continuer la route avec détermination. Mais dorénavant, il doit éviter de se laisser piéger par ce qui ressemble chez lui et ses amis à une bonne foi sans limite, sinon à de la naïveté. Quand on sait où l'on va, il ne faut pas oublier d'où l'on vient. Sur la route de la paix, la confiance entre ex-belligérants est un atout, mais la prudence est une ceinture de sécurité, un gilet par balle à ne jamais abandonner. Au risque de sa vie.
Akwaba Saint Clair

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