mardi 10 juillet 2007 par Le Matin d'Abidjan

Fin de supputations. Le facilitateur du dialogue direct n'affectera pas de militaires de son armée, pour assurer la sécurité du Premier ministre ivoirien. Plusieurs raisons ont contribué à surseoir à cette éventualité longtemps envisagée.

Ils ont tous fait flop. Ceux qui pour des raisons inavouées ont jubilé, à l'idée de voir Soro désormais flanqué de militaires burkinabé, devront attendre. Hier, avant de prendre son vol pour Abidjan, le Premier ministre a mis fin aux supputations. Certes ses entrevues avec le facilitateur Balise Compaoré ont eu trait à la sécurité. " Nous avons ensemble regardé tous les aspects du processus de sortie de crise et nous avons évoqué les questions de sécurité. Nous sommes totalement prêts pour continuer dans la voix de sortie de crise en toute sécurité ", a soutenu Soro, avant d'embarquer dans le Grumman affrété par la présidence ivoirienne. La présence de gardes du corps rapprochés diligentée par le président burkinabé n'est donc pas à l'ordre du jour. " Le Premier ministre ivoirien a souligné que le Burkina Faso n'affectera pas de militaires pour assurer sa sécurité ", précise la dépêche, mettant ainsi fin à ce débat. "Je retourne en Côte d'Ivoire dans la sérénité, la quiétude et la tranquillité ", a rassuré le chef de gouvernement. Il justifie ce sentiment de bien-être. "Je retourne à Abidjan pour reprendre le travail. Ca ne peut se faire qu'en toute quiétude. De toute façon, ce n'est pas à Abidjan que j'ai subi l'attentat ", a-t-il fait remarquer, pour marquer son assurance. Mais, à en croire des sources concordantes, Compaoré et Soro ont bien évoqué le sujet des militaires burkinabé. D'ailleurs après le premier contact avec son hôte en début de la semaine dernière, le facilitateur avait levé un coin de voile sur sa décision de s'impliquer dans les mesures de sécurité premier ministérielle. Allant jusqu'à promettre de " prendre les choses en main. " Mais, cette ambition a dû être revue. Plusieurs raisons, avouent des indiscrétions, ont contribué à l'échec de ce projet. Il se dit que le facilitateur du dialogue direct a dû se rétracter, pour ne pas effaroucher le Palais d'Abidjan. C'est que, pour de nombreux analystes, la venue des hommes en treillis de Ouaga plomberait le processus de paix. Une telle option, précise-t-on, aurait pour conséquence immédiate de rompre la confiance naissante entre les signataires de l'accord de paix. Et par ricochet l'embellie constatée depuis mars, entre le locataire de la ''Maison blanche'' et les hommes du Général Mangou. La constitution d'une nouvelle armée étant en chantier, l'opinion comprendrait mal que le chef du gouvernement confie sa sécurité à des soldats étrangers, même issus de la capitale du dialogue inter ivoirien. Il faut donc maintenir l'embryon de la cohésion, ont fini par conclure Compaoré et son invité. Mais encore, expliquent des sources, l'hypothèse de gardes burkinabé aurait porté atteinte à la souveraineté nationale. "Passe encore que des troupes dûment mandatés par l'ONU et la France, à la demande des autorités ivoiriennes en 2002, se pavanent en Côte d'Ivoire. De là à parachuter des militaires d'un autre pays, il y a un pas que les conciliabules du Palais de Ouaga n'ont pas pu permettre de franchir", confient des indiscrétions. C'est que, notent des analystes, la Primature est située dans l'enceinte de la présidence de la république dont elle est l'appendice. Et cela ferait désordre d'y voir camper une armée venue d'ailleurs. En tout, le chef de la rébellion et le chef de l'Etat burkinabé n'ont pas voulu prendre des initiatives qui portent atteinte à la mise en ?uvre de l'accord politique signé le 4 mars dernier. Il n'empêche. De nouvelles mesures sont prises, pour renforcer la sécurité de Soro. Celles-ci, à en croire des confidences, sont tenues secrètes pour des raisons évidentes. Ces dernières tractations en terre burkinabé sont la conséquence de l'attentat manqué contre le Premier ministre, le 29 juillet à Bouaké. Depuis, des pistes sont ébauchées, sur l'identité des auteurs de l'attaque qui a fait quatre morts au sein des collaborateurs de Soro. Aux premières heures de l'attaque, les militaires français et les casques bleus ont été publiquement mis en cause par Konaté Sidiki et Wattao, le chef d'état-major adjoint et le porte-parole de la rébellion. Avant que Soro, lui-même accusateur, ne freine des quatre fers, préférant pour des raisons obscures, s'en remettre à la commission d'enquête internationale qu'il réclame à cor et à cri.

Guillaume N'Guettia

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