mardi 10 juillet 2007 par Le Temps

Le Président de la société civile des 77 pays Afrique Caraïbes et Pacifique (ACP), M. Lucien Tapé Mambo souhaite la redéfinition de la mission des Forces impartiales en Côte d'Ivoire après l'accord de Ouagadougou et l'attentat manqué contre le 1er ministre et l'avion présidentiel. M. le Président, quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique du pays après l'attentat manqué du 1er ministre, Guillaume Soro à Bouaké ?
Je voudrais vous remercier pour l'occasion que vous donnez aux ONG de Côte d'Ivoire. Ce que je pourrais dire et je voudrais être franc avec vous, on a l'impression d'assister à un farwest. Les choses qu'on n'a jamais vues en Côte d'Ivoire. Les gens s'attaquent à deux symboles qui sont l'avion le Fokker 100 de la République et le Premier ministre. Nous disons que la situation est grave. C'est pourquoi, l'union des Organisations non Gouvernementales que je dirige et à ma qualité de président de la société civile des 77 pays ACP que je préside, condamnons avec fermeté cette situation. Si l'avion avait pris feu, la communauté internationale allait accuser le camp présidentiel. Il n'y avait rien à faire. Ce qui est curieux, c'est que nous sommes dans une situation de guerre et nos aéroports ne sont pas sécurisés, sachant très bien que nous ne sommes pas sortis de la situation de crise. C'est pourquoi, je voudrais lancer un appel à la classe politique. L'accord de Ouagadougou n'est pas seulement un accord de Soro Guillaume et de Gbagbo. L'accord qui a eu l'adhésion de la classe politique et de la communauté internationale doit faire prendre conscience aux hommes politiques que sa réussite dépend d'eux par rapport à la société civile. Parce que, s'il échoue, c'est toute la classe politique qui portera le chapeau de cet échec. Mais vous membre de la société civile, quelle est votre apport pour la réussite de cet accord ?
Nous essayons d'appuyer l'accord. Nous nous sommes rendus dans les zones ex-rebelles, notamment à Bouaké. Nous avons parlé à nos frères pour leur dire que nous sommes dans un processus irréversible que nous ne devons pas échouer. Prenez le cas des Forces impartiales qui sont sur notre sol. Elles coûtent des milliards et des milliards de FCFA à la communauté internationale. Vous pensez qu'elles sont contentes de sortir de l'argent comme cela ? non ? Cela veut dire que dans le cadre de ce processus, il faut qu'on trouve leur rôle. Parce que ces gens ne sont pas venus faire du tourisme. Ce sont des pères de familles qui ont quitté leurs familles. Nous disons qu'il faut trouver un accord entre la Côte d'Ivoire et les Forces impartiales. C'est ce que le médiateur devrait faire après ses beaux résultats. C'est-à-dire, après l'accord de Ouagadougou, il devrait se rendre aux Nations unies. Les enjeux sont énormes. Le Président de la République l'a dit quand. On crée un dialogue direct, on élimine des barrières, tant au niveau de la rébellion elle-même, mais aussi de ceux qui tirent le maximum de profit de cette situation. Je vous donne quelques exemples. Il faut, par exemple, que 100.000 tonnes de cacao franchissent des frontières. Il y a également le coton et d'autres produits tels que les mines. Il faut associer tout le monde pour sortir une alternative. Pensez-vous que la non association des forces impartiales dans les négociations de l'accord de Ouagadougou est à la base de l'attentat manqué de l'avion du Premier ministre ?
Je ne peux pas affirmer. Mais, je dis les enjeux sont énormes dans les deux camps. Il faut rassurer les uns et les autres. Quel est le rôle des Forces impartiales aujourd'hui en Côte d'Ivoire après que la Résolution 1721 est mise en veilleuse ? Puisse que les deux armées (Forces nouvelles et FANCI) travaillent désormais ensemble. Il faut redéfinir leur rôle ou bien qu'elles partent. Si on redéfinit, il faut que l'accord de Ouagadougou ait l'aval de la communauté internationale et un cachet. Parce que tous les programmes de reconstructions ont un coût. Qui finance ?
L'Union africaine et l'ONU ont donné leur accord après Ouagadougou. Oui, mais, aucune résolution n'a été prise par l'ONU pour accompagner l'accord et l'aider financièrement. Parce que, il faut qu'on cesse de jouer la comédie. Personne ne peut vivre dans un vase clos. Cela n'existe pas dans aucune Nation du monde. Nous voulons que l'accord se pérennise. Sinon nous assisterons toujours à ces genres d'attentats. Il faut donc les pousser à adhérer à notre accord. Il faut les pousser à redéfinir la mission de la Force impartiale en Côte d'Ivoire. Regardez ce qui se passe à Bouaké. C'est la confusion totale. Qu'est-ce que ceux-ci font à l'aéroport. Il y a trop de confusion parce qu'il n'y a pas de rôle défini. Nous qui sommes de la société civile, si nous estimons qu'avec l'accord de Ouagadougou avec tout ce qu'il y a comme belligérants et qui n'aura plus de problèmes et que toutes les conditions sont réunies pour aller à la paix, nous disons que les Forces impartiales doivent partir. Est-ce que sans les Forces impartiales, la Côte d'Ivoire n'existait pas ? La côte d'Ivoire existait. Elle avait son armée. C'est parce qu'il y a eu ce problème que les Forces impartiales sont arrivées. Elles sont venues à la demande du gouvernement ivoirien. S'il estime qu'elles ne sont plus capables, elles doivent partir.

Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr

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