mardi 10 juillet 2007 par Notre Voie

L'histoire de l'annonce de la tournée politique de Bédié ressemble trait pour trait à celle d'un masque baoulé dans la région de Bouaké. Comme c'est un masque qui sort généralement très rarement, son annonce est une grande joie pour les habitants qui sortent très nombreux de chez eux pour l'attendre. Et comme il habite dans le fin fond d'un campement, il prend le chemin du village avant le lever du jour. Malheureusement pour les habitants, ils attendent toujours en vain parce que le masque ne parvient au village qu'autour de 19h. Savez-vous pourquoi ? Parce qu'à chaque petit village ou à chaque carrefour, il s'arrête, boit du vin de palme, avant de continuer son chemin. Pendant ce temps, au village, on attend, on chante, on danse jusqu'à épuisement total.
Henri Konan Bédié était encore dans son exil doré français quand son staff resté sur place a annoncé son arrivée au pays suivi d'une tournée politique à l'intérieur du pays. Quand il a mis les pieds à l'aéroport de Port-Bouët, l'annonce a été faite qu'il commencera cette tournée à Dabou. Depuis, les militants de Dabou, ainsi que tous ceux qui le soutiennent encore attendent au bord des routes que le président du vieux parti traversera. Cela fait plus de trois ans que ça dure avec chaque année, une réunion du bureau politique du PDCI qui informe les militants de ce parti du début de la randonnée. Comme la nature politique aussi a horreur du vide, la place qu'il a laissée vide est occupée aujourd'hui par d'autres acteurs de la scène politique. Le masque baoulé, lui au moins, sort de chez lui, fait le chemin du village, mais n'arrive pas à temps parce qu'il passe le plus clair de son temps à boire en chemin. Mais le président du PDCI qui est attendu n'est jamais sorti de chez lui. Peut-être que, comme le masque, son retard commence à la maison.
Mais alors, qu'il ne se plaigne pas demain si, au soir de l'élection présidentielle à venir, il se retrouve avec un pourcentage très faible d'électeurs qui auront voté pour lui. Qu'il ne crie surtout pas à la fraude et reconnaisse qu'il récolte ce qu'il a semé : la paresse. Car il est incompréhensible qu'un homme politique, leader d'un parti d'opposition, passe le plus clair de son temps à déifier une théorie vieille de dix mille ans et qui, manifestement, ne fait plus école : la théorie du point fixe. C'est-à-dire être assis chez soi et recevoir les militants. Elle ne peut prospérer aujourd'hui en temps de multipartisme puisqu'il n'y a plus les militants qui peuvent faire élire. Ne pas le savoir, c'est être bleu en politique. Et c'est révoltant !


Abdoulaye Villard Sanogo

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