mardi 10 juillet 2007 par Fraternité Matin

Atayi Armand Codjo alias Béhanzin, Béninois, âgé de 46 ans et père de 16 enfants, coupable des faits de pratiques de charlatanisme, de diffamation et de troubles à l`ordre public, a été condamné, hier, à la peine de cinq ans d`emprisonnement ferme. Délibérant dans l`affaire Béhanzin, le tribunal des flagrants délits d`Abidjan, présidé par Mme Drepeuba Béatrice, a suivi le parquet dans ses réquisitions. S`agissant de Soumah Yadi, le tribunal s`est montré un peu plus sévère, quant aux quantum de la peine d`emprisonnement. Reconnu coupable de troubles à l`ordre public et de diffamation, le président des Intercesseurs pour la Côte d`Ivoire (IPCI) a été condamné à quatre ans d`emprisonnement ferme, en lieu et place des trois ans requis par le parquet. Les mêmes faits requalifiés en ceux de complicité, le prévenu Amonkou Yapo Serges se voit infliger trois ans de prison. Le plus chanceux des condamnés est le cameraman N`Goran Marc Mathieu, lequel n`a été condamné qu`à la peine de 12 mois pour complicité de troubles à l`ordre public. Sur les cinq qu`ils étaient à comparaître, un seul a été mis hors de cause. Il s`agit de Zohouri Bléziri Richard renvoyé des fins de poursuites pour délits non constitués. Par cette décision, qui risque d`être frappée d`appel tant elle fait grincer les dents du côté des avocats des condamnés, le tribunal de première instance vient de mettre un terme à l`affaire Béhanzin qui défraie la chronique depuis quatre mois. Cette décision du tribunal sanctionne le procès marathon qui s`est tenu de 11 h à 21 h le mercredi 4 juillet et qui a publiquement mis en confrontation toutes les parties. A la barre, Béhanzin, comme il a eu à le faire lors de l`enquête préliminaire à la police criminelle, s`est fourvoyé dans ses explications, se contredisant à chaque étape de l`interrogatoire. Il ressort de sa déposition de plus de deux heures d`horloge, qu`il n`a jamais été prêtre vaudou. "Quand je n`étais pas encore repenti, je pratiquais le fétichisme et j`ai beaucoup travaillé pour des gens, mais je ne suis pas du vaudou ", raconte-t-il. Sur l`identité des gens pour qui il travaillait, Béhanzin, en fin stratège (il se faisait entendre difficilement dans la salle), dit n`avoir jamais eu de contact physique avec les personnes citées dans l`enregistrement. S`agissant des circonstances de cet enregistrement, le prévenu soutient l`avoir fait sous la pression de Soumah Yadi, lequel a fait intervenir Amonkou Yapo Serges pour le convaincre. C`est pourquoi, l`enregistrement a été fait un an après la confession. Affirmation que reconnaît implicitement le président de l`IPCI qui se défend en ces termes : " Béhanzin est la 2ème personne dont nous avons enregistré la confession. Je l`ai fait parce que les informations qu`il donne sont d`une extrême gravité et nous avons besoin de les avoir sur CD pour saisir les points sur lesquels doivent porter nos prières. Il revenait à Dieu de nous dire si les informations sont fausses ou vraies ". Soumah Yadi réfute les faits de divulgation du CD et dit avoir même interpellé le cameraman N`Goran Marc Mathieu quand il s`est aperçu que le CD était sur le marché. A ce propos, les deux hommes, Soumah Yadi et N`Goran Mathieu, nient être chacun à la base de la duplication à grande échelle et de la diffusion du CD. S`agissant de Amonkou Yapo Serges, il ne nie pas avoir été mandaté par Soumah Yadi pour convaincre Béhanzin. De toutes les accusations, seul Zohouri Bléziri Richard, bien qu`étant membre de l`IPCI, est resté constant et ne se reconnaît dans aucun fait. Pour rappel, le Béninois Atayi Codjo Armand sous l`identité de Béhanzin Armand a, à travers un enregistrement sur CD vidéo vendue comme des petits pains dans les rues d`Abidjan, accusé de pratiques fétichistes et d`occultisme de nombreuses personnalités politiques, religieuses, artistiques et sportives. Béhanzin, se disant ancien prêtre vaudou reconverti au christianisme, dit avoir demandé et obtenu de certains dignitaires religieux et politiques des bébés que les uns et les autres ont enterré aux fins d`accroître leurs pouvoirs. Dans sa prétendue confession, l`homme a franchi le Rubicon allant jusqu`à accuser des pasteurs de s`abreuver du sang humain et de manger périodiquement de la chaire humaine. Quant à l`identité des personnalités mises en cause, Béhanzin, encadré par Soumah Yadi qui l`a poussé à faire l`enregistrement, a frappé très haut. Entre autres, il dit avoir travaillé pour le Président Gabonais, Omar Bongo Ondimba, l`ancien Président malien Alpha Oumar Konaré, l`ancien Président ivoirien Henri Konan Bédié, et les autorités politiques et religieuses comme Laurent Dona-Fologo, Henriette Dagri Diabaté, Ohouochi Clotilde, le député Atébi Williams, l`abbé Abekan Norbert, le pasteur Koré Moïse et des célébrités comme Drogba Didier, Aïcha Koné

Au terme de son audition, Atayi Codjo Armand dit Béhanzin a fini par reconnaître que toutes les affirmations qu`il a faites étaient inscrites sur un document que lui a remis Soumah Yadi. Lequel se tenait à ses côtés au moment de l`enregistrement au siège du PLCI, son défunt parti politique. Des aveux et des contradictions qui ont fondé le tribunal dans sa conviction quant à la culpabilité de quatre des prévenus. Outre l`emprisonnement, chacun d`eux écope de peines pécuniaires. Atayi Codjo Armand alias Béhanzin, Soumah Yadi, Amonkou Yapo Serges sont condamnés à payer chacun à l`Etat un million de francs d`amende et un autre million à chacun des six pasteurs diffamés et qui se sont constitués partie civile. Ceux-ci avaient exigé à titre de dédommagement chacun la somme de 25 millions de francs et un 100 millions. N`Goran Marc Mathieu, le cameraman, doit payer à l`Etat, 100.000F d`amende.

Le tribunal a ordonné la saisie des CD et le matériel ayant servi à l`enregistrement. Et la publication aux frais des condamnés du verdict dans tous les journaux ayant traité de l`affaire Béhanzin.

Landry Kohon

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