mardi 10 juillet 2007 par Le Front

Plusieurs sociétés gèrent quotidiennement le balayage, le désherbage, le curage et le désensablement des caniveaux des rues et boulevards du district d'Abidjan, par l'entremise de balayeurs. Ces braves travailleurs constitués en majorité de femmes sont confrontés à plusieurs difficultés : arriérés de salaire, matériel de travail défectueux, malades, etc Les employées de la société Com-Net n'échappent pas à cette triste réalité. L'esclavage a été aboli il y a quelques siècles. Malheureusement, cette pratique honteuse qui consiste à utiliser l'être humain dans des conditions dégradantes voire inacceptables, existe encore de nos jours. Victor Schoelcher, l'abolitionniste de l'esclavage, doit sûrement être en train de se retourner dans sa tombe. Car, le combat qu'il a mené en vue de l'abolition de l'esclavage ne semble pas avoir atteint son objectif. Sinon comment expliquer les conditions dans lesquelles travaillent les balayeurs de la société Com-Net. Peut-on raisonnablement nettoyer des rues, boulevards, des caniveaux avec du matériel vieillissant ou qui se trouve dans un état hors d'usage ? C'est pourtant cette prouesse que réalisent régulièrement les balayeurs employés par les sociétés chargées du nettoyage des routes et des caniveaux des communes du district d'Abidjan. Notamment ceux de la société Com-Net. Il est à noter que les balayeurs qui travaillent pour le compte de cette société sont aussi confrontés à d'autres problèmes. En l'occurrence des arriérés de salaire, le manque de visite médicale, etcDes cache-nez, des balais, des gants, etchors d'usage. C'est avec des balais usés dont les brindilles sont clairsemées, des cache-nez à l'élastique relâché, des gants troués qui ne protègent plus les mains, des chaussures éculées, qui déforment le pied, etc que les balayeurs de Com-Net sont contraints d'exercer leur travail. Qui consiste à balayer les rues, à curer et désensabler les caniveaux, à désherber et nettoyer les abords de rues, boulevards et les caniveaux.
Ainsi donc, chaque jour que Dieu fait, ces pauvres travailleurs sont obligés d'absorber de la poussière, à cause de la défaillance de leur cache-nez. Les gants qui sont censés protéger les mains n'arrivent plus à jouer leur rôle car ils sont pour la plupart déchirés. Concernant les balais, la situation n'est guère reluisante. Nous recevons un balai par mois. Mais très souvent le balai s'use avant le délai. Alors dans ce cas-là, on est obligé d'acheter soi-même un balai pour faire un bon travail. Quand on va voir nos responsables pour leur demander un balai, ils nous demandent d'attendre la fin du mois qu'ils ont fixée. Donc on est presque contraint d'acheter un nouveau balai car si le travail est mal fait, nous sommes sanctionnés relate sous le couvert de l'anonymat une des balayeuses. Les blousses de travail sont aussi malmenées par les intempéries. On a beau les laver, en vain. Elles sont effilochées par endroits et laissent pendre des fils. Mais comment peut-il en être autrement quand chacun des travailleurs se retrouve avec une blouse pour une durée minimale d'utilisation d'un an ? Il est à noter que ceux-ci commencent le travail à 6 heures et descendent à 17 heures (avec une pause entre 11 et 13 heures) et un seul jour de repos par semaine : le dimanche. Pour maintenir leur tenue de travail propre, ces agents sont obligés de le laver souvent, d'où les ternissures qui apparaissent sur ces blouses. Dans le même ordre d'idées, il faut déplorer le manque d'imperméables pour se protéger contre la pluie et des chapeaux pour se protéger du soleil. Le responsable d'exploitation de l'entreprise, Tabi, estime pour sa part que contrairement à ce que les balayeurs racontent, Com-Net remet du matériel de travail à ses agents. Et que ce matériel est changé quand il est vieux. ?'Chaque mois, nous renouvelons les cache-nez jetables que nous leur donnons, mais comme ils ne savent pas les utiliser correctement, alors nous avons opté pour les cache-nez lavables qui protègent d'ailleurs mieux que les anciens. Les gants sont renouvelés tous les trimestres. Mais là aussi, nous rencontrons des difficultés car les balayeurs les renversent, ce qui fait qu'ils ne durent pas. Il faut noter concernant les chaussures que nous en remettons 2 paires par an, mais comme les balayeuses n'aiment pas les porter alors, nous constatons qu'elles utilisent des chaussures de tous genres'', explique le responsable d'exploitation. Qui se caractérise par le non-remplacement des outils vieillissants. Des arriérés de salaire
Tout travail, selon la loi, mérite salaire. Malheureusement, cette disposition n'est pas toujours respectée par Com-Net. En effet, les balayeurs qui travaillent pour le compte de cette société rencontrent des difficultés pour rentrer en possession de leur salaire. Selon nos sources, actuellement les balayeurs de la commune de Yopougon accusent des arriérés de 6 mois de salaire, tandis que ceux de la commune d'Adjamé, 3 mois. Le responsable d'exploitation Tabi n'a pas fait de difficultés à reconnaître les faits. ?'Nous reconnaissons qu'il y a des arriérés de salaire. Pour la commune de Yopougon, nous devons 5 mois au lieu de 6, et à Adjamé, nous devons 2 en lieu et place de 3 mois , précise Tabi. Qui poursuit pour dire que cette situation s'explique par le non-paiement de leurs factures par le trésor public. Sur 21 mois, le bureau du trésor d'Adjamé nous a payé 5 mois. Donc en clair, la trésorerie d'Adjamé reste nous devoir 16 mois d'arriérés de paiement. Il en est de même pour la trésorerie de la commune de Yopougon qui nous doit aussi . Et d'ajouter comprenez donc que nous faisons des efforts pour payer les balayeurs . Parlant de salaires, des balayeurs ont dénoncé la différence de salaire entre ceux d'Adjamé et Plateau. Il faut indiquer que les agents du Plateau perçoivent 50 000 fcfa tandis que ceux d'Adjamé ont un salaire mensuel de 40 000 fcfa. A ce propos, Tabi répond que les contrats ne sont pas les mêmes. Dans le même ordre d'idées, selon des sources concordantes, la direction générale conduite par M.Irié avait promis de revoir à la hausse les salaires des travailleurs d'Adjamé. La même source indique que cette augmentation devrait prendre effet depuis janvier 2007. Mais 5 mois après, rien ne pointe à l'horizon. A ce propos, notre interlocuteur Tabi a soutenu que le directeur général n'avait pas fait de promesse d'augmentation, mais a plutôt fait savoir qu'il allait étudier la question. Par ailleurs, la plupart des travailleurs soutiennent qu'ils font un travail supplémentaire contrairement à ce qui était prévu de faire. A Adjamé, le tronçon à nettoyer est de 13 kilomètres. Il s'agit des routes principales en général. Et pourtant, des travailleurs de ce secteur soutiennent qu'on les contraint à nettoyer au-delà de cette distance. La route qui passe devant la maternité Marie-Thérèse Houphouet-Boigny et qui se prolonge vers la gare de Bingerville n'est pas de notre ressort, mais on nous oblige à la balayer , révèle un balayeur d'Adjamé. Au-delà de toutes ces difficultés, on peut aussi mentionner des irrégularités concernant la période d'emploi. Certains travailleurs ont passé sans interruption 2 ans et demi à Com-Net, tout en conservant leur statut d'agent. Difficile à comprendre. Car, le droit du travail stipule qu'un travailleur qui fait plus de 6 mois sans interruption dans un service, doit être embauché d'office. Ce n'est malheureusement pas le cas pour ces valeureux travailleurs qui bravent quotidiennement toutes sortes d'intempéries pour rendre propres les rues du district d'Abidjan. Pas de visites médicales. Les balayeurs des rues sont exposés à plusieurs maladies surtout à cause de la poussière qu'ils absorbent et bien d'autres facteurs. Cette situation devrait amener leurs employeurs à leur faire des visites médicales régulières afin de déceler tôt certaines maladies en gestation. A Com-Net, sur un an et demi, il y a eu une seule visite médicale. Le responsable d'exploitation de Com-Net Tabi a reconnu cette insuffisance au niveau de ses services. Il raconte qu'il avait sollicité les services d'une Ong pour les visites médicales des balayeurs. Le responsable de cette Ong n'a pas honoré ses engagements. Il a même été emprisonné au commissariat du premier arrondissement du Plateau , relate ce dernier. Non seulement ces travailleurs n'ont pratiquement pas droit à des visites médicales mais en plus ils n'ont pas droit à des boîtes de lait concentré non sucré. Nous avons approché le trésor d'Adjamé qui est accusé par les responsables de Com-Net de leur devoir plusieurs mois d'arriérés de paiement. Cette régie financière qui a promis réagir, n'a jusque-là rien dit. Toutefois, elle peut se prononcer quand elle le voudra.



Aristide Junior (aristidjunior@yahoo.fr)

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