L'enquête diligentée par les Forces nouvelles sur l'attentat contre leur leader suit son cours. L'entourage immédiat de Guillaume Soro serait-il miné par des espions ayant un lien avec les terroristes qui ont tenté en vain d'abattre son avion à l'atterrissage à l'aéroport de Bouaké ? La question mérite d'être posée à l'analyse des premières indiscrétions émanant de sources proches de l'enquête. Les éléments d'information en notre possession font état de ce que les terroristes qui ont agi ce jour là à l'aéroport de la seconde ville ivoirienne avaient à bord du Fokker 100 un indicateur. Nos sources estiment que cet informateur a sans aucun doute donné des informations précieuses sur la position exacte que le premier ministre occupait dans l'avion aux tireurs de roquettes tapis dans la broussaille.
C'est ce qui justifie, selon nos interlocuteurs, le fait que la seconde cabine du Fokker 100 ait été la cible principale atteinte. Et pour cause, indiquent nos sources, le Premier ministre se trouvait dans cette cabine dès l'embarquement au GATL et juste avant la fermeture de la portière de l'avion. Il s'y est rendu pour échanger quelques minutes durant avec ses conseillers. Il est revenu à sa place dans la cabine présidentielle juste après la fermeture de la portière de l'avion. Voici pour les faits. Les enquêteurs que nous avons rencontrés et qui ont requis l'anonymat ont une explication à cela. Pour eux, avant la fermeture de la portière, le réseau téléphonique était disponible dans l'avion. C'est cet instant précis que l'espion a mis à profit pour communiquer avec ses acolytes et les informer de ce que le Premier ministre avait pris place dans la seconde cabine. Et quand la lourde portière de l'engin volant s'est refermée, il n'a plus eu la possibilité de rappeler pour donner l'information de ce que le premier ministre s'est déplacé dans la cabine présidentielle. Les enquêteurs estiment que c'est ce qui explique, en partie, que la cabine des conseillers ait été frappée de plein fouet par la première roquette qui a fait mouche. Les tireurs ayant eu l'information que le chef du gouvernement s'y trouvait au départ de l'avion du GATL. N'ayant pas eu l'information relative au changement de siège du Premier ministre de la deuxième à la première cabine, les tireurs ont opéré suivant le plan initial. Pour les enquêteurs, la piste de la complicité d'un passager de l'avion avec les terroristes est à prendre au sérieux. Dans la mesure où, comme nous l'avion déjà écrit, l'équipage qui devait piloter le Fokker 100 ce jour là a été changé à une heure seulement du vol. Et le fait que l'avion ait amorcé un tournant juste au moment où le premier tir de roquette a détourné l'angle du projectile, mettant hors de danger et les membres de l'équipage et les occupants de la première cabine. A ce faisceau d'indices troublants, s'ajoute, indiquent nos sources, le retard de plus d'une heure quarante minutes pris ce jour là par le vol. Autre interrogation que se posent les enquêteurs : pourquoi ce jour là, l'avion a amorcé son atterrissage dans la direction Katiola- Abidjan qui met l'échelle de coupée de l'avion face aux tireurs embusqués dans la broussaille environnante. Mais, en réalité et en croire cette thèse proche de l'enquête en cours à Bouaké, la question se pose de savoir qui est ce présumé espion qui se trouvait à bord du Fokker 100 du vendredi 29 juin ? Fait-il partie de l'entourage du premier ministre ? Auquel cas, il y a lieu de craindre, sérieusement, pour la sécurité du Premier ministre. Un des journalistes ou personnalités administratives membres de la délégation ? Où est-il membre de l'équipage changé à la dernière minute ? Dans ce cas, le changement inopiné d'équipage doit davantage aiguiser la curiosité des enquêteurs. Quel intérêt avait-il à être à bord d'un avion qui aurait pu cramer avec tout son contenu y compris lui-même l'informateur ? Des zones d'ombres que la suite de l'enquête permettra certainement d'élucider.
Khristian Kara (Envoyé spécial)