lundi 9 juillet 2007 par Fraternité Matin

Dimanche 8 juillet 2007. Il est 14h35 quand nous arrivons au poste de contrôle de ce qui est communément appelé " aérogare de Licorne ", depuis que l'opération militaire française utilise cette portion de l'aéroport d'Abidjan pour sa mission. On y a accès en empruntant une ruelle située entre l'aéroport civil et l'entrée principale de l'ex-GATL (Groupement aérien de transport et de liaison), devenu la Base aérienne d'Abidjan (BAA). Tout simplement. " Avez-vous un laissez-passer ? Voulez-vous passer ? ", interroge un jeune militaire français, en treillis, abrité derrière sa guérite. Un deuxième soldat de Licorne, en faction, maintient quant à lui, la barrière baissée. Loin d'une dizaine de jeunes gens venus vendre des objets d'art. Les deux sont en armes. "Ici, on ne peut pas vous renseigner", affirment-t-ils. Presqu'en ch?ur. En réponse à la question de savoir si ce check-point est concerné par le " démontage " dont ont parlé les Forces de défense et de sécurité (FDS),ils conseillent tout de même d'interroger leurs "supérieurs". 10 minutes plus tard. Nous sommes à l'intérieur de la base aérienne d'Abidjan. Sur le tarmac, deux avions des Nations unies sont visibles de loin. De notre position, on aperçoit également le Fokker 100 bombardé. Le gros trou fait par la roquette dans l'appareil est refermé par du plastique. Un soldat onusien tient une barrière près des avions onusiens. Il est assis sur une chaise, avec son arme. Un autre, en tenue civile, lui tient compagnie. Ce dernier, avec l'assentiment de son collègue, nous conduit au supérieur hiérarchique. Dans un camp, dont le dispositif sécuritaire est apparemment en plein renforcement. Ce camp est en réalité un dortoir réservé aux éléments du contingent togolais, détaché à l'aéroport. "Nous recevons nos ordres du bataillon togolais basé à la Riviera. C'est à notre hiérarchie, là-bas, que vous devez vous rendre. Ici, nous ne pouvons rien vous dire d'intéressant", affirme le lieutenant Kota. Avant d'ajouter : "Nous, nous continuons de travailler normalement, sans entraves". Comme chez la Force Licorne, personne ne veut parler de la mise en ?uvre des nouvelles mesures sécuritaires arrêtées récemment par le chef d'état-major des Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI) et l'ensemble des FDS. " Nous n'en savons rien. Interrogez nos chefs. Eux sont peut-être informés ", soutient encore le lieutenant Kota. C'est pourtant lui, le supérieur hiérarchique, qui était censé nous donner des informations, sur place. Pour mémoire, le général Philippe Mangou a demandé "le démontage de tous les postes de sécurité installés par l'ONUCI et la Licorne" à l'aéroport d'Abidjan. Cette mesure qui fait partie d'un nouveau dispositif adopté après l'attentat manqué contre le Premier ministre à l'aéroport de Bouaké devait entrer en vigueur le dimanche 7 juillet. Au plus tard. En tout cas, c'est le délai de 48 heures donné par le général Mangou lors de sa visite, vendredi dernier, du site de l'aéroport et de ses environs. L'ONUCI attend de comprendre les décisions du général Mangou. L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) a affirmé, samedi, n'avoir pas encore compris les décisions du chef d'état-major de l'armée régulière ivoirienne. "Je n'ai pas de réaction parce que nous ne savons pas de quoi il s'agit. Nous attendons de comprendre les décisions ", a déclaré le porte-parole de l'ONUCI, Hamadoun Touré, interrogé à la mi-journée par téléphone pour avoir la réaction onusienne sur les nouvelles mesures de sécurité à l'Aéroport d'Abidjan. "L'ONUCI a ses hangars et ne gère que ses avions, conformément à l'accord de siège qui la lie au gouvernement. A part cela, je ne vois pas d'autres points de contrôle ", a ajouté M. Touré. Pour les militaires de l'ONUCI, les dernières mesures prises par les FDS sont d'ordre "politique". "Je ne peux pas commenter une décision politique. Je suis un militaire". Telle est, en effet, la réaction du porte-parole militaire de la mission onusienne, le colonel Mustapha Dafir, joint également par téléphone samedi. Notons que les nouvelles mesures prises par le général Philippe Mangou et les FDS font suite à l'attaque meurtrière perpétrée, il y a un peu plus d'une semaine, contre l'avion qui transportait le Premier ministre à l'aéroport de Bouaké. Selon un communiqué de presse, FDS, Licorne et ONUCI ont visité, vendredi dernier, pendant quatre heures et demie, le dispositif sécuritaire de l'aéroport d'Abidjan.

Barthélemy Kouamé

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