lundi 9 juillet 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le président du Conseil économique et social, Laurent Dona Fologo a regagné la Côte d'Ivoire le samedi 7 juillet 2007, via Paris, après avoir participé à l'assemblée mondiale des conseils économiques et sociaux en Chine où il a décroché le prix Omd pour la Côte d'Ivoire. A sa descente d'avion à l'aéroport de Port-Bouët, c'est dans une ambiance de fête que le président Fologo s'est prêté aux questions des journalistes. Vous venez de la Chine où vous avez participé à la rencontre des présidents des conseils économiques et sociaux. Au cours de cette rencontre, la Côte d'Ivoire a été primée pour recevoir en 2008, le prix Omd. Quel est donc l'intérêt d'un tel prix pour un pays qui sort de crise ?
La conférence internationale des conseils économiques et sociaux qui tenait son assemblée mondiale en Chine a estimé que le conseil économique et social de Côte d'Ivoire, malgré la crise difficile que nous venons de vivre, a pleinement rempli son rôle. Il avait en particulier su travailler avec la société civile comme l'avait recommandé la dernière assemblée générale internationale. A ce titre, deux conseils en Afrique ont été primés. Il s'agit du Conseil économique social et culturel du Mali qui s'est occupé des femmes rurales du Mali de façon réussie et le conseil économique et social de Côte d'Ivoire qui a joué un rôle important dans ses relations avec les Ong et la société civile. En particulier "l'Ong repère" dont la présidente est comme par hasard, notre vice-présidente, le Dr Degnan et qui a su nous intéresser à la problématique des objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Vous savez qu'à cause de cette crise, les Ivoiriens n'ont pas pu lutter efficacement pour la réalisation de ces Omd, or nous sommes aujourd'hui en 2007, à mi-parcours du chemin. C'est en 2015 que les résultats définitifs seront établis et restitués. Nous avons fait le point à mi-chemin et l'on a découvert que malgré la situation, nous avons pu limiter les graves conséquences de la pauvreté. Ce qui est à mettre à l'actif du président de la République et de son gouvernement. La Côte d'Ivoire est le seul pays au monde qui, pendant cinq ans de crise, a pu payer ses fonctionnaires et faire face à l'essentiel de ses obligations. Je crois que c'est un honneur qui nous a été fait et à travers nous, cet honneur a rejaillit sur le pays tout entier. A savoir sur tous ceux qui se sont battus pour que le pays reste debout. Moi, j'ai fait mon devoir, j'ai participé comme tout républicain, patriote, nationaliste à la lutte pour résister et je suis très heureux aujourd'hui, que cela soit reconnu. Nous irons, si Dieu le veut, l'année prochaine à Brasilia pour la 11e conférence internationale où, en compagnie de mes partenaires de '' repères'', le prix nous sera officiellement remis. Vous avez également présidé le lancement de la semaine de la promotion économique en Chine. Quel est l'objectif de cette cérémonie en Chine ?
A propos de la conférence internationale, je voulais vous dire qu'un grand hommage à titre posthume, a été rendu à notre doyen Philippe Grégoire Yacé () En ce qui concerne la semaine de la promotion économique de Côte d'Ivoire en Chine, j'avoue que c'est une semaine très importante. C'est la première fois au monde, qu'un pays africain organise sur le sol chinois, une semaine de promotion économique. Vous savez que la Chine est la puissance du 21e siècle, il ne faudra pas avoir peur de le dire. Cela a été dit dans trois livres de référence. Le premier a été écrit en 1973 par Alain Peyrefitte, qui a dit que "Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera". Le second a été écrit en 1997 par Alain Boubli un conseiller du président Mitterrand, alors que Alain Perfik était un ministre du général De Gaulle. Ce livre était intitulé : Le siècle des Chinois". Aujourd'hui, en 2005, un troisième livre parait, écrit par Erik Orsenna qui dit : "Quand la Chine change le monde". Ces trois livres sont à connaître pour comprendre ce qui se passe en Chine. Aujourd'hui, il y a une presse internationale qui veut faire peur. "Les Chinois arrivent, ils vont vous envahir et vous avaler". Non ! Les Chinois arrivent pour travailler avec nous. Après 50 ans d'indépendance, l'Afrique doit savoir où se trouvent ses intérêts. Elle doit être capable jusqu'où, la coopération peut aller. Nous sommes assez grands et aujourd'hui il s'agit pour nous de développer notre pays sur des bases libres. C'est ce que font les Chinois qui ne se mêlent pas de nos affaires. Avec les Chinois, "c'est du gagnant gagnant". C'est pourquoi, je salue l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en Chine qui a eu l'idée d'organiser cette grande rencontre. Il y avait plus d'une centaine d'opérateurs économiques ivoiriens pour cent cinquante opérateurs chinois que j'ai salués et c'est pourquoi, j'ai tenu à rester un jour de plus en Chine pour présider l'ouverture solennelle de cette semaine.
Vous vous êtes également rendu en France. A quoi obéit ce séjour français ?
Avant de partir en Chine, j'ai demandé au président de la République de me donner 10 jours de repos, parce que je n'ai plus 18 ans et depuis 5 ans, je cours derrière la paix même si je n'ai pas pu l'attraper, mais j'ai assez couru. Je suis donc fatigué et j'ai demandé quelques jours de repos. Mais, j'ai profité de ce repos pour rencontrer quelques nouveaux responsables de la nouvelle administration française. J'ai rencontré M. Joubair directeur Afrique de l'Elysée qui connaissait bien le problème ivoirien. Je l'avais déjà vu au Quai d'Orsay. Donc, je n'ai fait que renouer nos relations. Je lui ai dit, qu'il me semble que les conditions étaient remplies pour que nous tournions la page. Le président français qui vient d'être élu, l'a été sur des bases et sur des concepts forts comme la nation, la République et l'amour de la patrie. C'est ce qui lui a fait gagner les élections. Alors si un vieux pays comme la France parle encore de ces concepts, a posteriori, ce n'est pas un petit pays comme le notre qui n'allait pas faire autant. Ce qui est bon pour ces vieux pays, est encore meilleur pour nous. C'est pourquoi je demande aux Ivoiriens de se dépasser et de ne penser que''nation'' parce que c'est ça la vérité. Et la preuve, c'est que Sarkozy a gagné avec ces concepts importants. Je pense que nous devons y réfléchir et j'ai été très heureux de saluer ses proches collaborateurs. Je pense que c'est sur ces bases là, qu'une nouvelle page doit être écrite. Le président Houphouët disait qu'il faut élargir le cercle de ses amitiés sans renoncer aux premières. Vous avez appris ce qui s'est passé à Bouaké en votre absence. Pensez-vous que cet acte là, peut entraver la bonne marche du processus de paix en Côte d'Ivoire ?
D'abord, c'est avec tristesse que j'ai appris ce drame. Je voudrais m'incliner pieusement sur les victimes et exprimer ma compassion à toutes leurs familles. Ça aurait été plus grave si les gens là avaient réussi à faire exploser l'avion avec tout le monde. Mais, Dieu a sa main sur la Côte d'Ivoire malgré tout () L'histoire des peuples est semée de péripéties, de vissicitudes et de difficultés. Je pense que ce qui est arrivé à Bouaké, ne doit pas nous arrêter sur le chemin de la paix. C'est un chemin irréversible pour eux, comme pour nous. Seul l'accord de Ouagadougou peut nous conduire à la paix. C'est pourquoi, je suis méfiant et ma petite expérience me prouve que les premiers qui s'agitent autour de la compassion ne sont pas toujours les plus saints. Parfois c'est parmi ceux-là, qu'on trouve les sorciers. Je suis pour d'accord pour l'enquête, afin qu'on détermine cette fois-ci de façon claire, ceux qui ont monté cette affaire et qu'ils soient sanctionnés pour mettre fin à l'impunité. Qu'ils soient condamnés à la mesure de l'acte qu'ils ont posé. Quand on est homme on doit vivre comme des hommes. Mais, quand on se dit homme et qu'on vit comme un animal alors, on doit être traité comme un animal. Il est de plus en question de transformer le Rpp en parti politique
Tout le monde sait qu'il y a beaucoup de partis politiques en Côte d'Ivoire. Je crois qu'après 20 ans dans le gouvernement, 30 ans dans les affaires, si je créais un parti, cela ne devrait pas être surprenant. Il y a des gens plus jeunes que moi et qui se sont lancés dans l'aventure. Donc, ça peut arriver. Lorsque je déciderai de créer un parti, je ne le cacherai pas, je le ferai au grand jour et je vous convoquerai au cours d'une grande conférence de presse, j'annoncerai le parti et immédiatement j'organiserai un grand congrès national. Je vous le dis, mon parti ne sera pas petit. Ça ne sera pas un parti dont les militants peuvent tenir dans une cabine téléphonique. Ça ne sera pas un parti basé sur la sociologie, à savoir sur l'ethnie ou la tribu. Ça sera un parti national. Le président Houphouët-Boigny m'a appris à gérer des partis. C'est lui qui m'a mis à la tête de son parti en 1991 et quand j'en ferai un, faites-moi confiance, ça sera un grand parti.
Propos recueillis par
Dosso Villard

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