vendredi 6 juillet 2007 par Le Matin d'Abidjan

Le directeur général de la Poste de Côte d'Ivoire, M. Zehi Sébastien, a cédé sa place suite à la crise qui secoue la maison depuis plusieurs mois. Ceux qui l'ont soutenu ont aussi décidé d'assouplir leur position en s'engageant à travailler avec les adversaires d'hier du DG. Mais, ils sont surpris désagréablement par l'accueil qui leur est réservé. Dans l'interview qu'il nous accorde, le secrétaire général du Synalposte-Ci, un des syndicats de l'entreprise, dénonce cette situation et appelle les autorités compétentes à ouvrir les yeux sur le dossier.

M. Ehivet Yao Aimé, vous êtes de ceux-là qui sont restés fidèles au directeur général de la Poste de Côte d'Ivoire, M. Zéhi Sébastien. Mais, ce dernier a décidé de se retirer depuis le 30 juin dernier. Quel est votre sentiment ?
Nous avons soutenu M. Zéhi Sébastien parce qu'il avait le droit avec lui. Nous nous sommes donc rangés du côté de la loi. Le conseil d'administration l'avait accusé d'un certain nombre de choses. Mais, les différents procès qui ont eu lieu depuis la cour d'appel jusqu'à la cour suprême ont montré que M. Zéhi Sébastien a été accusé à tort. Rien de tout ce qui lui était reproché n'était fondé. La preuve, la justice a débouté le conseil d'administration aussi bien sur la forme qu'au niveau du fond du dossier. Zéhi Sébastien a été définitivement réhabilité par la chambre judiciaire de la cour suprême.

M. Zéhi Sébastien a été donc accusé à tort comme vous le relevez. Comment avez-vous donc accueilli cette décision de céder le fauteuil?
Cela a été un choc. Mais nous avons compris par la suite que la réaction de M. Zéhi Sébastien est celle d'un homme qui a le sens de la responsabilité. C'est une des rares fois qu'un DG décide de lui-même de démissionner pour sauver une situation. Zéhi Sébastien démontre ainsi qu'il est toujours resté soucieux de l'avenir de la Poste de Côte d'Ivoire.

On se demandait comment vous alliez réagir après la démission du DG. Mais, vous avez surpris tous les observateurs en appelant à la reprise du travail. Comment vous sentez-vous avec la nouvelle direction générale dirigée par l'intérimaire, Deigna Jean Michel?
Nous sommes très indignés. Nous tenons à interpeller l'ensemble du peuple ivoirien et surtout les autorités politiques, administratives et judiciaires et les organisations des droits de l'Homme qui ont suivi l'évolution de la situation. Aujourd'hui, à la Poste de Côte d'Ivoire, la direction qui est en place, qui est d'ailleurs une direction de fait et non de droit mais, que nous avons été obligés d'accepter pour des besoins de paix et de cohésion sociale, nous fait subir un traitement des moins souhaitables. Le ministre des Nouvelles technologies de l'information et de la communication, M. Ahmed Bakayoko, a profité de la crise pour imposer M. Deigna Jean Michel. Malgré cela, nous avons appelé les travailleurs à la reprise de l'activité pour sauver l'entreprise. Mais, le DG intérimaire ne nous facilite pas la tâche. Les décisions qui sont prises puent la haine, la rancune et la vengeance. C'est à une véritable chasse aux sorcières que la direction s'adonne. Nous nous sommes battus pour maintenir l'entreprise en activité durant la crise, au prix de notre vie, bravant les menaces des membres du Synapostel, le syndicat hostile à M. Zehi Sebastien. Ceux là mêmes qui ont volé et pillé les coffres forts de l'entreprise en toute impunité sont devenus aujourd'hui les maîtres des lieux qui nous traquent et pourchassent les honnêtes postiers que nous sommes. Les receveurs, administrateurs et autres qui ont travaillé avec M. Zéhi Sébastien subissent toutes les humiliations possibles. Ils sont mutés en complément d'effectif. Plus grave encore nous n'avons pas droit au salaire contrairement aux autres. Le tort que nous avons fait est d'avoir travaillé avec M. Zéhi Sébastien. Quand l'impunité et l'illégalité ont été consacrées, il est tout à fait évident que nous arrivions à cette situation.

Avez-vous engagé des démarches auprès du DG intérimaire pour lui faire part de toutes ces difficultés que vous vivez ?
M. Deigna Jean Michel a rencontré certains syndicats. Mais il a écarté le notre, le Synalposte Côte d'Ivoire que je dirige et Solidarité postale. Dès lors nous avons compris que la direction en place n'est pas prête à ?uvrer dans le sens de l'apaisement et de la cohésion au sein de l'entreprise.

Est-ce qu'il y a des actions que vous comptez mener pour vous faire entendre ?
Nous tenons à interpeller dans un premier temps le chef de l'Etat en qui nous avions placé notre confiance quand nous avons appelé à la reprise du travail. Parce qu'il est le garant des institutions de la république et c'est lui qui a qualité de nommer les DG. Nous voulons qu'il sorte la Poste de l'illégalité et de l'anarchie. Nous voulons également attirer l'attention du président Gbagbo pour lui dire que le climat est délétère à la Poste de Côte d'Ivoire. Nous souhaitons que le président de la République prenne toutes les mesures qui s'imposent afin de mettre en place une nouvelle direction générale conformément à la loi. C'est ainsi que les clients et les partenaires de la Poste de Côte d'Ivoire reprendront confiance. Sinon si nous restons dans cette situation, l'entreprise va sombrer encore davantage. Il faut éviter que l'irréparable se produise.

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