vendredi 6 juillet 2007 par Le Matin d'Abidjan

Préfet de région du Sud-Comoé avec résidence à Aboisso, M. N'Guessan Obouo Jacques a vécu dans cette ville et sans sa famille à l'hôtel Le Rocher d'Aboisso pendant 4 ans et 5 mois aux frais du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, avant d'être il y a quelques jours affecté comme préfet de région à San-Pedro. Dans cet entretien réalisé après les passations de charge à Aboisso et San-Pedro, il dresse son bilan, exprime des regrets et appelle les populations du Sud-Comoé au rassemblement autour des élus pour poursuivre l'?uvre de développement intégré de leur région.

M. le préfet de région, au moment où vous quittez votre poste d'Aboisso pour San-Pedro, quels sentiments vous animent, avez-vous des regrets ?
Durant mon séjour, ce qui m'a marqué, c'est qu' Aboisso est une ancienne ville qui a eu le mérite d'être à la base du développement de la Côte d'Ivoire. Vous savez que la première école a été implantée dans le Sud-Comoé (Aboisso), tout comme les premiers plants de café-cacao, les premiers barrages électriques d'Ayamé I et II. Malgré tout cela, Aboisso demeure une région en chantier. Le développement n'a pas suivi tous ces atouts. Aboisso reste à construire, le développement reste à impulser. Nous avons, pendant que nous étions en poste, essayé de mettre en place une organisation au plan économique. Nous avons réussi à regrouper les coopératives qui pullulaient en union, l'union des coopératives des sous-préfectures d'Aboisso, Ayamé, Dianouan, Maféré etc. Au plan administratif, j'ai suscité la construction de beaucoup de bâtiments administratifs parce que tous les services décentralisés étaient logés dans des bâtiments privés et dysfonctionnels. Ce qui joue sur la rentabilité des agents. Vous savez que pour bien travailler, il faut être dans de bonnes conditions. Aujourd'hui, la direction générale de l'Education nationale (DREN) est en construction, il en est de même pour une cité financière regroupant les Impôts, les finances générales. Tout comme il en est de la direction régionale de la douane. Rappelons qu'au niveau de la DREN, jusqu'en 2005, la DREN (régionale et départementale) et tous leurs services étaient logés à Abidjan. Il n'y avait plus de banques. J'ai négocié et obtenu l'implantation de la Cobaci dont le bâtiment est en voie d'achèvement. Au plan social, j'ai tenté de rapprocher les différents cadres quelles que soient leurs familles politiques. Il y avait beaucoup de dissensions entre les cadres. Parce qu'à Aboisso, on parle plutôt de parti politique, au lieu de développement de la région. J'ai amélioré les relations entre eux par mes fréquentations sans calculs et expliqué le bien-fondé d'une union des cadres. Je leur ai dit que leur région ne sera construite que par eux-mêmes et non par quelqu'un d'autre.

Des regrets au moment où vous quittez Aboisso pour votre nouveau poste d'affectation qui est San-Pedro ?
Oui, j'ai des regrets parce que le travail entrepris est inachevé. Mais mon successeur, le préfet Logbo Eliether Pierre, qui est jeune et dynamique, continuera l'?uvre de promotion du développement durable. Le deuxième regret est au niveau du royaume qui devait en principe être le pilier ou l'outil de développement de la région mais il est perturbé par des dissensions internes.

Au moment où vous quittez Aboisso après près de 5 ans de service, avez-vous un appel à lancer ?
L'appel que je voudrais lancer, c'est que les cadres qui constituent les forces vives de la région jouent la carte de l'union en vue de créer une dynamique symbiose pour la relance du développement de leur ville. Que chacun sache qu'après les élections, tout le monde doit faire front autour des élus pour les aider à jouer leur rôle : celui du développement de la région. En s'opposant aux élus, ils s'opposent aux intérêts des populations. Vivement que les dissensions mesquines au sein du royaume s'aplanissent rapidement pour qu'une paix totale revienne rapidement dans cette localité qui, durant cette guerre, a brillé par sa non-violence. Que les gens se pardonnent mutuellement et si durant mon séjour, j'ai eu une parole ou un acte offensant envers autrui, je lui demande de me le pardonner comme moi aussi j'ai pardonné au nom du Christ à tous ceux qui ont bien voulu m'entraîner dans l'abîme, on ne sait pour quelles raisons.

Considérez-vous San Pedro comme une promotion ?
Une promotion vous avez dit ? Non, parce qu' Aboisso et San Pedro sont des régions comme toutes les autres. Je ne pense pas que cela soit un terrain nouveau. C'est une région frontière comme Aboisso. Ce sont des peuples lagunaires comme ici. Mais ce qui est nouveau, c'est qu'à San Pedro, il y a un développement industriel plus avancé avec un port, le second de la Côte d'Ivoire. Ce qui va m'exiger un travail de proximité avec tous ces opérateurs économiques afin de favoriser l'épanouissement de leurs affaires en cette période de crise où les difficultés défient toute intelligence et toute volonté. Pour la première fois, car c'est ce qui est aussi nouveau, je vais pouvoir vivre avec ma famille puisqu'il y a une résidence de fonction malgré son état de délabrement avancé. Ce qui n'était pas le cas à Aboisso où j'ai passé 4 ans et 5 mois dans une chambre d'hôtel, loin de ma famille. Je ne regrette pas ce sacrifice fait au nom de la République car ayant bénéficié de toute une formation scolaire et universitaire de la part de l'Etat ivoirien. Ce sacrifice est bien minime par rapport à ce que l'Etat a investi pour ma formation. Cela ne va même pas le compenser. Et c'est le lieu de remercier avec déférence le chef de l'Etat, SEM Laurent Gbagbo, qui a personnellement pris en charge tous les frais d'hébergement. Mes remerciements vont également aux responsables, les cadres, les collaborateurs (directeurs régionaux, départementaux et les chefs de services).

Des appréhensions par rapport à votre nouveau poste à San Pedro ? Que comptez-vous faire pour marquer votre passage à la tête de cette région ?
Je vais collaborer avec de nouveaux élus avec lesquels nous allons rapidement nous entendre. Parce que notre rôle est de les soutenir, de les accompagner dans le développement de cette ville ou région, par des conseils avisés. Il n'y a pas d'appréhensions et je voudrais vous remercier pour l'opportunité que votre journal m'offre de me prononcer avant mon départ pour San Pedro. A Aboisso, la passation de charges entre le préfet Logbo Eliether Pierre et moi a eu lieu le dimanche 24 juin 2007. A San Pedro, j'ai pris fonction le lundi 25 juin 2007. Je vous remercie.

Réalisée par
Maxime Wangué

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