vendredi 6 juillet 2007 par Le Temps

Chat échaudé dit-on, craint l'eau froide. Après le violent attentat dont il est sorti indemne, Guillaume Soro entend bâtir une forteresse autour de lui. Capitalisant l'élan de solidarité qui s'est déployé au lendemain de l'attaque, le personnel de sa sécurité pourrait être étoffé par des éléments de l'Armée burkinabè. Selon un confrère, le Président Blaise Compaoré, parrain de l'Accord politique de Ouaga s'apprêterait à mettre à la disposition du Premier ministre ivoirien des gendarmes et des commandos militaires pour sa sécurité aussi bien à Bouaké qu'à Abidjan. Une assistance qui, a priori, dans le contexte actuel devrait être salué. Le Burkina s'étant engagé à aider la Côte d'Ivoire à retrouver la paix en parrainant l'Accord politique de Ouaga. Dont la mise en ?uvre suscite de réels espoirs de sortie de crise. C'est d'ailleurs, pour certains observateurs, les premiers succès de ce modus vivendi ivoiro-ivoirien qui susciterait des grincements à l'origine de cet acte désespéré de cruauté. Pourtant, des soldats burkinabé autour de Soro ne posent pas moins la question de la souveraineté de la Côte d'Ivoire. Puisque, dans tous les cas, le leader des Forces nouvelles, quelles que soient les circonstances de sa nomination, est le Premier ministre de la Côte d'Ivoire. Un pays souverain dont les Institutions sont encore fonctionnelles, y compris l'Armée. Il serait donc incohérent de confier les prérogatives de ses Forces de Défense et de Sécurité à l'armée d'un autre pays. Fut-il ami. Dans son costume assez bien taillé de facilitateur, il lui serait difficile pour le Président burkinabé de prendre partie en jouant les vigiles. L' "offre" du Président Compaoré (s'il se confirmait) serait d'autant plus intrigant qu'on ne sait toujours pas à quoi servent les six cents soldats des FAFN formés en Afrique du Sud pour ce genre de mission. A moins qu'on est plus confiance en ces soldats. Par ailleurs, si on doit saluer le courage de Soro qui a réussi à maîtriser une bande armée pour la mettre véritablement à son service et se poser en véritable maître de la rébellion armée, il faut lui reprocher de ne pas avoir une vision militaire commune susceptible de l'aider à juguler le problème de sa sécurité. Etant entendu que dans un tel processus, il y a toujours des mécontents. De toutes les façons, dans l'état actuel des rapports entre FANCI et FAFN, la fusion des éléments de ces deux forces pour la sécurité du Premier ministre ne serait pas du tout dangereuse. Ce serait d'ailleurs un pas supplémentaire vers la création de la nouvelle armée. Le contraire démontrerait plutôt un certain manque de vision pour le remplaçant de Banny, d'une vision de la constitution d'une Armée réunifiée et républicaine.

Emmanuel Fofana

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