vendredi 6 juillet 2007 par Le Temps

Presque remis de l'attentat du vendredi 29 juin 2007, le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, a déclaré mercredi 4 juillet 2007 sur RFI, connaître les commanditaires de cette opération. Néanmoins, a-t-il ajouté, il garderait le silence le temps que l'enquête désormais demandé par lui aboutisse. Il soutient disposer, après concertation avec le Général Bakayoko Soumaïla, d'éléments de preuves indiscutables qui indiquent clairement qui sont les auteurs et leurs objectifs. Se disant résolu à "redonner espoir aux Ivoiriens", le Premier ministre ivoirien a soutenu vouloir convoquer, en accord avec le Président de la République, un Conseil des ministres dès la semaine prochaine pour déterminer les dates permettant de relancer toutes les opérations relatives au processus de paix. Bientôt, a-t-il promis, les avions atterriront et décolleront de Bouaké. En attendant les résultats d'une enquête nationale, et peut-être internationale, et au vu des déclarations et autres commentaires présents dans les journaux des diverses tendances, quatre scénarii se dessinent: le premier émane du RDR d'Alassane D. Ouattara. Une bombe aurait éclaté à l'intérieur de l'avion, et il n'est pas fortuit que cet attentat se produise juste après le départ du Guide de la révolution libyenne. Pour le PDCI de l'ancien Président H. Konan Bédié, c'est le FPI sur lequel "l'étau se referme" qui est derrière cet attentat. Pour le MPCI, l'attitude de l'ONUCI est très étrange, et, de l'avis même d'Alain Lobognon, Conseiller à la communication de Guillaume Soro, sur I-télé, quelques heures après cet attentat au cours duquel il a été lui-même blessé, "Si l'attentat avait eu lieu ailleurs qu'à Bouaké, on allait essayer de se poser des questions...". Pour le FPI, l'on tente de faire croire que cet attentat est dirigé depuis le Palais présidentiel, alors qu'une question essentielle se pose: qui sécurisait l'aéroport ? Selon Notre Voie, proche du FPI, de lourds soupçons pèsent " ...sur les soldats étrangers...", entendons français et onusiens. D'après Le Monde du 2 juillet 2007, l'hypothèse la plus sérieuse serait "...celle d'une attaque conduite par des membres des FN qui auraient été manipulés". Jean-Pierre Turquoi de Le Monde, bien que ne s'appuyant sur aucun fait comme de coutume, à l'origine de cette manipulation, tantôt IB, de son vrai nom Ibrahim Coulibaly, rebelle "historique" devenu ennemi de Guillaume Soro, tantôt des rebelles enrichis dont la paix menacerait la quiétude. En réalité, les seuls faits vérifiés sont pour l'instant : (1) lors de l'attaque, la voie de dégagement qui aurait permis à l'avion de décoller immédiatement après le premier coup de mortier était bloqué par un cargo français, (2). Le lieutenant-colonel Xavier Pons, porte-parole de la Force Licorne, interrogé, a affirmé d'une part que la Force Licorne n'est pas responsable de la sécurisation de l'aéroport de Bouaké et que c'est l'ONUCI qui s'en charge. Et d'autre part, que ses soldats n'étaient là, barrant la voie de dégagement, que pour protéger, avant l'attentat, un transaal français en transit. (3) Les soldats onusiens qui habituellement se montrent ostensiblement aux caméras à chaque déplacement de Guillaume Soro sur l'aéroport de Bouaké, n'ont pas cette fois-ci sécurisé ledit aéroport. Mieux, leurs éléments disposés très en arrière de la position d'atterrissage ont même replié sur leurs bases aux premiers coups de mortier. (4) Prenant le contre-pied du lieutenant-colonel Xavier Pons, le patron des Forces onusiennes en Côte d'Ivoire, le Général Amoussou, a ensuite indiqué que ses hommes n'avaient pas en charge la protection des aéroports. (5) Dès après le début de l'attaque, les éléments de Shérif Ousmane, chef rebelle chargé pour le compte des FAFN de sécuriser l'aéroport de Bouaké paradait en ville, (6) une heure après l'échec de l'attaque, ces mêmes éléments étaient réfugiés au Camp Baptiste de Bouaké, et l'Armée française entrevoyait avec l'état-major des Forces de Défense et de Sécurité ivoirienne la faisabilité de leur héliportation au Gabon. Ces faits, indiscutables, donnent une assez bonne image de ce qui s'est passé, même s'ils ne sont pas tous connus avec exactitude.
Quoi qu'il en soit, au plan politique, un scénario catastrophe se dessine qui vient d'être évité. Selon celui-ci, qui permet de répondre à la question à qui profite le crime, un nouveau Premier ministre RHDP, par exemple le très francophile Gaston Ouassénan Koné, auteur des purges ethniques des années 1970 avec l'Armée française, aurait remis en cause un Accord de Ouagadougou toujours pas avalisé sous forme de résolution par l'ONU. Les trois prétendants au trône, Konan Banny, Konan Bédié et Alassane D. Ouattara, se seraient alors de nouveau ralliés autour du Président français nouvellement élu pour une même cause : faire tomber à tous prix le Président ivoirien, Laurent Gbagbo. Après, on verra

Par Bamba Cheick Ahmed

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