vendredi 6 juillet 2007 par Le Temps

Dans la conduite des affaires comme dans ses rapports avec le Président de la République, le Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro a eu, au cours de ses 100 jours à la Primature, un style bien distinct. Guillaume Soro, notre Premier ministre a-t-il un style propre ? Avant de répondre par l'affirmative, précisons qu'en parlant de style ici, nous traitons de la manière d'être et de se comporter d'un homme politique. Le Premier ministre sorti de l'Accord politique de Ouagadougou, veut marquer son passage à la Primature, par une empreinte particulière dans sa gestion des dossiers du Gouvernement et dans ses rapports avec le chef de l'Etat. Dès sa prise de fonction, Guillaume Soro a donné l'image d'un Premier ministre matinal au bureau. Qui a pleine conscience de l'urgence et la complexité des dossiers qui l'attendent. On racontait même que le successeur de Banny " ouvrait le portail de la Primature ". Et quel employé ne se sentirait-il pas gêné d'arriver au travail après son patron ? C'est un signal fort.
Contrairement à ses prédécesseurs, à aucun moment de ses 100 jours aux côtés du Président Gbagbo, il n'a réclamé, ni directement, ni par personne interposée, un quelconque pouvoir de l'exécutif. Il a évité d'aller dans le sens d'une certaine presse qui appelait de tous ses v?ux un bras de fer entre le chef de l'Etat et lui, relativement aux prérogatives de l'exécutif. Comme on le dirait, l'ex-chef rebelle s'est montré sans histoire et vivable. Avec le chef de l'Etat, c'est l'accord parfait. Les deux hommes avancent presque la main dans la main. Les discours convergent. Comme s'ils n'avaient jamais eu à se " tirer dessus ".
Dans son style d'homme politique, on le sent, Guillaume Soro veut remettre les compteurs de son image à zéro. Sa marche au rythme de la Constitution et non selon les exigences d'un agenda secret, son refus de la défiance à la hiérarchie, sa notion de l'éthique politique et de la bonne gouvernance, qui va jusqu'à suspendre des membres du gouvernement (de surcroît des proches) et leurs salaires pour les discipliner, font de lui, un chef de gouvernement au style bien différent du déjà vu depuis 2003. On constate aussi que le Premier ministre agit de plus en plus qu'il ne parle. Là où l'on le critique, plutôt que de prendre " des mégaphones " ou d'immobiliser la télévision rien que pour dire : " je vais faire ", on le voit sur le terrain de l'application de sa feuille de route, n'en déplaise à une roquette traîtresse.
Au regard de tout cela, comme celui avec qui il travaille, le Président Gbagbo, n'est pas ingrat, il lui a fait d'énormes faveurs pour accroître son épanouissement dans l'accomplissement de sa mission. Le salaire de cette bonne cohabitation est colossal. Il s'agit de l'autorisation événementielle qu'il a obtenue pour diriger des Conseils de ministres et de la confiance que le chef de l'Etat a placée en lui, en l'envoyant le représenter à de grandes rencontres à l'extérieur du pays comme à Tunis (Tunisie) et à Nouakchott (Mauritanie). Voilà ce que l'on peut appeler le style Soro. Un style qui dérange énormément ceux qui voudraient voir la Côte d'Ivoire toujours à genoux.

Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr

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