Nommé Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire le 29 mars 2007, il y a de cela 100 jours que Soro occupe la primature. Voici le bilan politique de sa feuille de route qui irrite tant les ennemis de la paix. Quand le Président Laurent Gbagbo a eu l'idée de confier la Primature à Soro Kigbafori Guillaume, il s'est trouvé des gens pour crier à une plaisanterie de mauvais goût. Aujourd'hui, ils sont nombreux les Ivoiriens qui se demandent ce que le Premier ministre a pu faire durant les 100 premiers jours de sa présence à la tête du gouvernement de Réconciliation nationale. Pour leur permettre de faire leur propre évaluation, il est bon que l'on s'intéresse aujourd'hui, aux actes que le Premier ministre a déjà posés par rapport à la feuille de route à lui imposée par l'Accord politique de Ouagadougou. Ce bilan à mi parcours est-il positif ou non ? Réponse. Que prévoit cet Accord ?
En raison de la responsabilité particulière qu'ils ont dans la conduite du processus de sortie de crise, les deux belligérants d'hier, ont reconnu à Ouagadougou l'impérieuse nécessité de se mettre ensemble pour consolider la paix, promouvoir une véritable réconciliation nationale et parvenir à une normalisation politique et institutionnelle. Aussi, ont-ils mis en place un mécanisme de travail pouvant leur permettre d'aboutir à cet idéal. Ce mécanisme comprend la réalisation d'un certain nombre de points. Il s'agit de l'identification générale des populations, accompagnée de la relance des audiences foraines, du processus électoral avec tous les éléments qui y rentrent en ligne de compte, de la restauration de l'autorité de l'Etat avec en prime, le redéploiement de l'administration sur l'ensemble du territoire national, du désarmement, de la mise en place d'un cadre institutionnel d'exécution, de la prise des mesures visant à consolider la réconciliation, la paix, la sécurité, la libre circulation des personnes et de biens avec à la clé la suppression de la zone de confiance et la prise d'une loi d'amnistie, de la mise en place d'un cadre permanent de suivi et de concertation et le comité d'évaluation et d'accompagnement. Sur tous ces points, qu'ils sont ceux déjà réalisé par le Premier ministre en 4 mois de primature ?
Ce que Soro a déjà réalisé. Aussitôt nommé, le Premier ministre Guillaume Soro s'est mis au travail en attaquant de front, les différents points énumérés plus haut. Voici ce qu'il a déjà réalisé. Depuis le 16 avril 2007, il n'y a plus de zone de confiance qui divise le pays en deux. Le même jour, il a procédé à l'inauguration du centre de Commandement intégré. Les Brigades mixtes issues de ce Centre de Commandement intégré sont fonctionnelles. Même si elles ne sont pas opérationnelles à 100%. Quant au redéploiement de l'administration, sa réalisation est une chose acquise. Dans cet élan, le Premier ministre a déjà procédé à l'installation du Préfet de la région de la vallée du Bandama. Les autres Préfets sont en train de se redéployer en même temps que les agents des secteurs de la santé et de l'éducation nationale. Dans le cadre de l'identification générale des populations, le point concernant la reprise des audiences foraines est engagé. Les magistrats chargés de la question des audiences foraines sont en train d'être installés. Le Président de la Cour d'Appel de Bouaké a été installé, la semaine dernière. Le Cadre permanent de concertation qui est un organe de veille et de Dialogue permanent dans le but du renforcement de la cohésion nationale est opérationnel, depuis le mois passé. La loi d'amnistie qui doit permettre de pardonner les militaires impliqués dans l'atteinte à la sûreté de l'Etat existe depuis belle lurette. Comme cela se voit, sur les onze points mentionnés dans l'annexe du chronogramme de la mise en ?uvre de l'Accord de Ouaga, six ont déjà vu le jour. Ce, en moins de quatre mois d'existence du gouvernement actuel.
Ce qui reste à faire. A côté de ce bilan, il faut dire que beaucoup reste à faire. Cela, pour ne pas minimiser les autres tâches qui attendent le Premier ministre et son gouvernement. Il s'agit du désarmement, du processus électoral, de la mise en place du service civique et de l'identification générale des populations. Comme cela se voit, le bilan de Soro à la tête du gouvernement de réconciliation nationale sans être totalement reluisant, montre néanmoins que "le fils" de Seydou Diarra a fait mieux que le "père" et le Banquier venu de la BCEAO.
Pierre Legrand
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