vendredi 6 juillet 2007 par Notre Voie

Il n'est pas superflu de dire que la Côte d'Ivoire n'est pas et ne saurait devenir le Rwanda à la suite de ce qui vient de se passer à Bouaké le 29 Juin 2007. Heureusement.
En effet, on se souvient de ce qui a déclenché le génocide rwandais. Cette terrible tragédie qui hante tous les esprits à la suite de l'attentat manqué contre le Premier ministre ivoirien, M. Guillaume Soro, à Bouaké. On se rappelle aussi qu'un coup d'Etat effroyable eut lieu en 1973. Le 5 juillet précisément. Il a porté au pouvoir le général Junénal Habyarimana. Une dictature militaire s'installe. Une Constitution est élaborée en 1978 et approuvée par référendum le 17 décembre de la même année. Celle-ci, ignominie des ignominies, confère au Mouvement révolutionnaire national pour le développement (M.R.N.D.), parti unique, le monopole de la vie politique (par exemple tout Rwandais est membre de plein droit du M.R.N.D.) Quelle abomination. Comme on le voit, la vie politique était totalement impossible au Rwandais. On sait qu'ailleurs, ces régimes ont proliféré. Pas loin d'ici pour ne pas dire ici.
Pourtant, en 1991, en échange de quelques aides belges et françaises contre les rebelles tutsi du FPR (Front patriotique rwandais), le Général, en perte de vitesse, accepte de s'engager sur la voie de la démocratie. Une nouvelle Constitution instaurant le multipartisme est adoptée. Et malgré un accord de paix conclu en 1994 entre le gouvernement et les rebelles tutsi, un attentat est perpétré contre Habyarimana. Sa mort déclenche ce qui devait constituer le grave génocide du Rwanda. Près de 800 000 morts au bas mot. Comme on le voit, cet horrible scénario est tout à fait le contraire de la crise ivoirienne, même si, en certains moments de la crise ivoirienne, on a craint cette dérive. Les Ivoiriens ont vaincu la dictature d'Houphouet, faut-il le rappeler, pour s'engager sur la voie du multipartisme. Après la mort d'Houphouet, son successeur putatif, par malveillance et surtout pour son intolérance politique, il est renversé par un coup d'Etat.
Une nouvelle Constitution a été élaborée. Elle a été approuvée par la quasi-totalité des formations politiques et l'ensemble du pays à 86 %. De l'élection qui a suivi en octobre 2000, le Général a tenté de se proclamer vainqueur. Le peuple l'en a dissuadé. C'est alors que les mécontents de l'autre bord, c'est-à-dire les "Adoboys" du RDR, sont entrés en action rendant le pays ingouvernable comme ils l'avaient promis. C'est dans cette exécrable situation que toujours les mêmes ont voulu renverser le régime de Laurent Gbagbo, sorti vainqueur de l'élection présidentielle deux ans plus tôt, mais pis, avait organisé des élections apaisées des conseil généraux. La France, la communauté internationale et l'opposition, qui s'est alliée à la rébellion, ont fait le reste. Ils ont fait perdurer une crise qui n'avait plus de raison d'être. De guerre lasse, cette rébellion a saisi la perche que lui a tendue le président de la République, M. Laurent Gbagbo, car, d'accord en accord, le peuple était "fatigué". Ce fut le dialogue direct qui donnera l'Accord de Ouaga. A la lumière de ce qui précède, on voit bien que la crise ivoirienne n'est pas comparable à celle du Rwanda. Le processus de paix a été voulu par les deux belligérants. Il va sans dire que c'est avant la signature de l'Accord de Ouaga que des velléités devaient se faire connaître pour s'opposer à cet accord. Or il n'en a rien été. C'est notre chance. Alors, on ne comprend pas ce retournement brusque des ennemis de la paix en Côte d'Ivoire. Suivez mon regard. La France et la communauté internationale, qui ont été éconduites, peuvent en avoir gros sur le c?ur. Et c'est vrai, elles ont été écartées. C'est de ce côté qu'il faut regarder pour trouver ceux qui voulaient faire la peau à Soro.
Quant à ceux qui souhaitent la mise en place d'une commission d'enquête internationale, il faut peut-être leur rappeler le 18 février 1992. En Côte d'Ivoire, nous avons tout ce qu'il faut pour savoir la vérité.





Jacques Préjean

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