vendredi 6 juillet 2007 par Fraternité Matin

La Société des transports abidjanais (Sotra) démarre sa nouvelle activité d'agence de voyages avec les religieux. Monsieur le directeur, la Sotra va désormais au-delà du transport pour organiser les voyages. Ce qui, dans un passé récent, ne semblait pas être votre préoccupation. Pourquoi ce changement ?
En réalité, nous faisions la prose sans le savoir. Nous organisions des sorties sur l'île Boulay avec nos bateaux-bus, les sorties à la plage, nous organisions même les voyages de pèlerins sur les sites religieux à l'intérieur du pays. Petit à petit, l'idée est venue au directeur général de formaliser ce que nous faisions. C'est ainsi que nous avons créé une agence de voyages. Nous nous sommes d'abord attelés à trouver un local digne de notre entreprise. Ensuite, nous avons entrepris les démarches réglementaires pour avoir les agréments au niveau des lois ivoiriennes. Enfin, nous sommes en pourparlers avec IATA pour avoir l'agrément international. A ce dernier niveau, tout le dossier est bouclé. Vous vous lancez dans l'organisation de voyages à un moment où la destination Côte d'Ivoire n'est pas trop conseillée aux touristes. N'est-ce pas un saut dans l'inconnu ?
Avant de nous lancer dans cette aventure, nous avons fait une étude de marché. Nous savions aussi qu'il faudrait prendre en compte le tourisme d'affaires, le tourisme de découverte. Mais aussi, le tourisme religieux. Et notre étude nous a montré que cette période de crise a réveillé la ferveur religieuse des Ivoiriens. Aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Ce segment est très porteur aujourd'hui. Donc, dans un premier temps, nous allons nous spécialiser dans l'organisation des pèlerinages religieux. Une fois la crise terminée, nous exploiterons les autres segments.
Peut-on avoir une idée de vos premières activités programmées ?
Nous commencerons avec le pèlerinage chrétien en Israël. Nous avons un grand groupe de pèlerins qui partira en terre sainte en août prochain. Ces pèlerins vont approfondir leur foi à travers la visite des lieux tels que le Mont Sinaï, Nazareth, le mont des Béatitudes, Jérusalem Après ce voyage, nous organiserons le voyage à la Mecque pour la Oumoura et le Hadj. Ces voyages se feront-ils par charter ?
Dans un premier temps, nous commencerons par des vols réguliers. Nous avons déjà un partenaire dans le projet qui est Emirates, une compagnie de renommée internationale. Avez-vous vraiment la capacité de réussir le pèlerinage à la Mecque avec tous les échecs qu'on connaît depuis quelques années?
C'est justement à cause de ces échecs que nous voulons, avec notre expérience de transporteur, nous mettre au service de la population ivoirienne pour organiser ces voyages. Evidemment, nous ne le ferons pas seuls. Pour la Mecque, nous travaillerons de concert avec le transporteur officiel désigné par l'Etat de Côte d'Ivoire qui est Air Ivoire. Cependant, notre expérience va jouer favorablement dans l'organisation parce que nous avons des partenaires fiables sur place en terre sainte. Ce sont ces partenaires qui vont prendre les pèlerins en charge dès qu'ils arriveront à la Mecque. Ils les aideront à faire tout le circuit officiel.
Les organisateurs de pèlerinage ont souvent tenu ce même langage et en fin de compte, c'est la catastrophe comme cette année où plus de deux mille pèlerins sont restés sur le carreau.
C'est vrai. Mais pour organiser un voyage de ce genre, il faut disposer d'une grande surface financière. Ce qui pose problème ces derniers temps, c'est le fait que les organisateurs ne sont pas capables de payer les partenaires étrangers avant l'organisation du voyage. Or, avant d'envoyer les pèlerins, il faut avoir réservé les hôtels, payé les frais des circuits aux agences de là-bas. Tout cela doit être fait avant paiement des pèlerins. N'oubliez pas que le Hadj est aussi une période de haute saison pour les organisateurs de voyage de l'Arabie Saoudite. Il y a de l'affluence. Et donc, il va sans dire que c'est celui qui paye bien avant, qui est servi d'abord. Tout doit être réglé à temps. Il en est de même pour le transporteur qui fait son planning, souvent trois à six mois d'avance, en fonction des paiements reçus. Nous sommes à même d'avancer ces fonds avant de nous retourner vers nos clients. Etes-vous prêts pour le Hadj de cette année ?
Nous sommes prêts. Mais comme l'année dernière, il y a eu un grand fiasco, le gouvernement a décidé d'éditer de nouvelles règles. Ce sont ces règles que nous attendons. Dès qu'elles seront connues, nous allons nous positionner. Pour le Hadj 2007, combien de personnes espérez-vous transporter ?
Cette année est un peu particulière. Car, les deux mille pèlerins de l'année dernière sont encore là. Ils sont prioritaires. Il y en aura d'autres certainement. Donc, il faut faire le point à ce niveau d'abord avant d'avancer un chiffre. Quels sont vos rapports avec les organisations religieuses ?
Ils sont très bons. Nous travaillions déjà avec les organisations religieuses dans le cadre de notre activité habituelle. Nous les transportons ici quand ils nous sollicitent. Nous les avons toujours aidées ici. Nous ambitionnons simplement d'accroître nos activités avec elles. Il ne faut pas retenir que nous ferons uniquement les voyages religieux. Pour 2007, quels autres projets avez-vous concoctés ?
Nous envisageons d'organiser un voyage avec les magistrats en Chine. Le dossier est bouclé. Nous comptons effectuer le voyage en août. Nous avons aussi démarché les régies financières dont les agents sont des gens qui travaillent dur dans l'année. Nous leur avons proposé un voyage d'agrément à Dubaï ou Hong Kong. Tous ces projets avancent bien. Qu'envisagez-vous pour redorer le blason de la destination Côte d'Ivoire terni par la crise ?
C'est la seconde phase de notre activité. Si nous avons noué des partenariats avec les agences de voyage et tours opérators à l'étranger, c'est bien pour vendre la Côte d'Ivoire. En Israël, en Arabie Saoudite et partout où nous serons, nous allons proposer à nos partenaires l'ensemble des circuits que nous avons déjà élaborés. Nous leur parlerons aussi des potentialités économiques dont regorge notre pays. Vos activités semblent destinées à une certaine catégorie de personnes.
Lesquelles ?
Celles qui ont les moyens.
Pas du tout. Pour ce qui concerne le tourisme intérieur par exemple, nous commençons avec une colonie de vacances cette année. Les tarifs sont très étudiés afin de satisfaire un grand nombre d'enfants. Nous avons aussi à côté des lieux de retraite religieuse, un phénomène qui draine du monde. Il s'agit de l'organisation des funérailles les week-ends à l'intérieur. Nous avons régulièrement 30 à 50 véhicules qui y vont chaque fin de semaine. Ces événements malheureux permettent aux Ivoiriens de découvrir d'autres régions que celle d'où ils sont originaires. Et cela peut les pousser à y retourner pour le tourisme de découverte.

Interview réalisée par
Doua Gouly

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023