Les travailleurs du groupe apprécient depuis quelques jours un examen médical gratuit. Depuis quelque temps les travailleurs de Fraternité Matin sont soumis à un bilan de santé, à quel souci cela répond-il?
Depuis quatre ans, nous avons mis en place un service médicosocial à Fraternité Matin. La direction a accepté d'embaucher un médecin spécialisé en médecine du travail. La médecine du travail, c'est surtout des soins préventifs. C'est-à-dire qu'on n'attend pas que le travailleur soit malade, pour venir voir son médecin. Nous sommes en entreprise et nous faisons en sorte que le travailleur ne tombe pas malade surtout du fait de son travail. Et c'est dans ce sens qu'une réglementation a été mise en place par l'Organisation internationale du travail, qui donne des droits aux travailleurs et des obligations à l'employeur. Parmi les devoirs que l'employeur a vis-à-vis de son travailleur, il y a le bilan de santé, qui se fait une ou deux fois par an, et qui est obligatoire. Chaque année normalement, une bonne direction, se doit de le faire. Ce bilan permet de comparer l'état de santé actuel du travailleur à son état de santé à ses débuts dans l'entreprise. Quand on remarque une détérioration de cet état de santé, on fait des enquêtes pour savoir si les nuisances au poste de travail n'en sont pas la cause et cela nous permet de confirmer certaines maladies professionnelles. Fraternité Matin existe depuis 43 ans et c'est la première fois que vous prenez cette initiative.
C'est vraiment dommage pour une entreprise de presse qui a l'habitude de faire des critiques, de juger, et de faire des enquêtes de ne pas suivre une certaine ligne de conduite. Je déplore le fait que depuis 43 ans, le personnel de Fraternité Matin n'ait jamais eu droit à un bilan de santé. A ma prise de fonction, il y a eu beaucoup de choses qu'il a fallu mettre en place : faire comprendre aux ressources humaines qu'avant tout début d'emploi, on doit faire le bilan d'embauche. Le travailleur doit passer voir le médecin, pour voir si sa santé, son physique sont adaptés à la fonction qu'on veut lui faire exercer. Il m'a été difficile de convaincre mes patrons. Dieu merci, cette année, la direction générale, a bien voulu m'écouter et financer le bilan de santé. J'espère que ce sera le point de départ et que dans les années à venir, les travailleurs avec leurs délégués et leurs syndicats feront en sorte qu'on puisse leur accorder ce à quoi ils ont droit.
Tous les travailleurs sont-ils concernés ?
Normalement, dans la législation, tous les travailleurs sont concernés. Mais Fraternité Matin a un nombre important de travailleurs (350 au total) et est confronté à des difficultés financières. Or, cela a un coût. Il est prévu un bilan biologique, un bilan sanguin et des radios. Nous avons décidé de nous organiser par tranche en fonction de notre trésorerie. Nous allons commencer par les employés en CDI. Ces gens qui travaillent depuis 20 ans, 30 ans à Frat-Mat et qui sont pour certains à la porte de la retraite, et qui n'ont jamais bénéficié de bilan de santé. Une fois que leur bilan sera à jour, nous allons passer au CDD et aux journaliers.
Marie-Adele Djidjé