Rien de plus facile à comprendre qu'un " choc politique " qui se prépare entre Gbagbo et Soro. Même si la politique de Gbagbo ne rime pas toujours avec simplicité, chacun peut bien comprendre sans trop se casser la tête que l'attentat de Bouaké sera le point névralgique du divorce entre les deux hommes. Cet attentat a provoqué un " choc de confiance " et on peut le dire, sans se tromper, que les jeux sont faits, rien ne va plus. Vont-ils entrer en collision ? " Wait and see " : disent les Anglais !!! À quoi pourra-t-on reconnaître qu'il y a une véritable crise de confiance entre les deux hommes et que les esprits ont changé ou vont changer? D'abord, l'accord de Ouaga est l'enjeu essentiel du retour de la paix en Côte d'Ivoire ; si l'on s'en tient aux déclarations mêmes du clan Gbagbo. "C'est un accord signé entre Ivoiriens et avec Blaise Compaoré comme facilitateur" : le dit si souvent Tagro Désiré. Justement, c'est cet accord là qu'on veut indirectement faire sauter et esquisser Soro Guillaume hors de la scène politique. Comme ils l'ont auparavant fait avec Seydou Diarra, après le bombardement de Bouaké et contre Banny, après le déversement des déchets toxiques sur Abidjan et le renvoi de Gossio, de Gnamien et d'Amondji de leur poste. Il suffirait que Soro bascule avec ses déclarations dans un sens ou dans un autre et c'est sa descente aux enfers. Exactement comme ses prédécesseurs à la tête de la Primature. Et tout le processus de paix en Côte d'Ivoire se modifiera irréversiblement. La situation politique deviendra difficile à cerner dans les prochains jours. C'est pourquoi il faudra encourager et soutenir le jeune Soro à maintenir le cap des élections prochaines que les Ivoiriens espèrent.
On entendra chanter, çà et là, l'hymne au complot politique contre Gbagbo. Commenceront l'instrumentalisation des jeunes et la descente dans les rues par les patriotes ; il ne faut pas être surpris, c'est leur méthode ! Commencera aussi le jeu politique de retarder le processus de paix en cours afin de se maintenir au pouvoir sans les élections ; mais il faut agir pour que l'accord de Ouaga soit appliqué et qu'on aille aux élections. Inventé de faux et vrais complots est un jeu politique très excitant pour le clan de la Présidence. Ils ont déjà usé de ce jeu politique machiavélique pour reporter 2 fois les élections. La menace de reporter encore une troisième fois les élections est d'autant plus crédible aujourd'hui, à cause de l'inepte politique de la refondation, qui obligera les esprits mauvais, du clan Gbagbo à s'inventer des complots plus ou moins vrais pour ne pas aller aux élections. Mais Soro doit relever le défi : conduire le pays aux élections.
L'attentat contre l'avion de Soro est pour le clan de la Présidence "l'asile de leur maintien au pouvoir et une occasion propice pour violer l'accord de Ouaga". C'est un véritable "choc de confiance". Or, chacun le sait, "La confiance est un important lubrifiant pour le retour définitif de la paix" en Côte d'Ivoire. Avec la cacophonie qui règne, la montée de la polémique et les déclarations discordantes faites par le clan présidentiel, on peut le dire sans se tromper, que la situation ne sera pas facile à gérer. Voilà l'horizon vers lequel il faudra porter nos regards ces jours à venir ! Dans l'état actuel des choses, pour asseoir son autorité, Soro aura besoin d'une nouvelle équipe, des hommes de confiance, des partisans de la paix qui disposeront de cartes plus fortes pour maintenir le cap et aller aux élections le plus tôt possible. Justement, sur ce front-là, les choses sérieuses commencent pour lui. Il aura aussi besoin du soutien de la communauté internationale, des partis politiques et de la population ivoirienne. Il doit surtout comprendre, qu'avec le clan Gbagbo, il faut appliquer le vieil adage de Teddy Roosevelt, "porter un gros bâton tout en parlant doucement, sans faire aucune publicité de sa personne, mais celle exclusive de la Côte d'Ivoire" ; ce qui permettra au pays d'aller aux élections. De toutes façons, Guillaume Soro doit connaître suffisamment son Gbagbo pour savoir que tôt ou tard il risque d'être enfariné lui aussi.
Joseph B