Le facilitateur du dialogue direct inter ivoirien l'avait dans ses plans. Mais, pour Blaise Compaoré, cette décision aurait paru par trop voyante. Se voulant plutôt discret, le président burkinabé s'était limité aux conseils sur la sécurité du Premier Ministre Guillaume Soro. L'attentat dont le patron des Forces nouvelles a été victime le vendredi 29 juin dernier, a permis au facilitateur de se décider. Guillaume Soro aura droit à une sécurité renforcée. Mais, surtout, le Burkina Faso parrain de l'Accord de Paix de Ouagadougou en sera plus acteur que spectateur. Selon nos sources, le Burkina Faso s'apprête à mettre à la disposition du Premier ministre des gendarmes et des commandos militaires pour sa sécurité aussi bien à Abidjan, qu'à Bouaké. L'information qui circule dans les milieux politiques ivoiriens entre la Présidence et la Primature, semble avoir été mise à exécution. En effet, le facilitateur Burkinabé a dépêché auprès de Guillaume Soro son missi dominici en la personne du ministre des Affaires étrangères Djibril Bassolé.
S'il était à Bouaké pour s'enquérir de l'état de santé du Premier ministre et lui souhaiter, par la même occasion, les encouragements de son patron, Djibril Bassolé y était surtout pour évaluer la situation sécuritaire. Le coup du vendredi dernier contre l'avion du Premier ministre est pris très au sérieux par la présidence du Faso. Selon les informations qui circulent, le commando qui a opéré est loin d'être amateur. Une opération préparée et exécutée avec un tel sang froid finit rarement après une simple action d'éclat. Fut-elle dramatique comme celle que l'ensemble de la communauté internationale déplore et condamne. Guillaume Soro est l'acteur clé de la transition. De son action pendant les prochains mois, dépend la réussite du processus . Compaoré en est conscient. Et il ne compte pas laisser les ennemis de la paix avoir raison de l'espoir qu'il a suscité en réussissant, pour une fois, à partager le pouvoir entre les ex-belligérants ivoiriens.
Khristian Kara (Envoyé spécial)