jeudi 5 juillet 2007 par Fraternité Matin

Il faut laisser les gens circuler. Même si nous sommes en crise, nous ne sommes pas en état de siège. Nous sommes dans un Etat de droit. D'après la Convention de Genève, dès lors qu'il y a eu échange de prisonniers, juridiquement, la Côte d'Ivoire n'est plus en guerre. Militairement, il n'y plus de guerre non plus parce que les canons ne tonnent plus. C'est en ces termes que le procureur militaire, le lieutenant-colonel Ange Kessi Kouamé, a exhorté les Forces de défense et de sécurité (FDS) à faciliter le mouvement des personnes et des biens sur l'ensemble du territoire. Il a surtout précisé que toutes ces missions doivent se dérouler dans le strict respect des droits de l'Homme. Parce que l'existence des FDS n'a de sens que parce que des Ivoiriens existent. Il a donc condamné toute forme de violence, d'humiliation, de racket et les barrages mal tenus avec souvent l'immobilisation de plusieurs véhicules retardant ainsi l'économie. La seule bataille qui vaille, c'est l'Homme (citant Charles de Gaulle). C'est parce qu'il y a un seul Ivoirien qu'on a créé l'armée, la police, la gendarmerie. Les FDS leur doivent donc la plus grande considération, le grand respect, la plus grande courtoisie Cet appel a été lancé au cours d'une conférence-débat qu'il a animée hier, à l'hôtel Tiama, au Plateau, à l'invitation de l'Institut de droit communautaire (IDC), une association créée par des juristes en 2005 et présidée par Me Narcisse Aka. Missions de contrôle des FDS et problématique de la libre circulation dans les espaces UEMOA et CEDEAO, est le thème du débat qui a rassemblé des opérateurs économiques, les consuls du Mali et du Burkina Faso, les chambres consulaires et des experts de l'administration. Mettant en parallèle les objectifs de la CEDEAO et de l'UEMOA d'une part, et les prérogatives des FDS d'autre part, le conférencier estime que les FDS devraient faciliter la libre circulation et non constituer un obstacle. Ainsi, le traité révisé du 24 juillet 1993 de la CEDEAO indique, en son article 3 ses buts et objectifs : la communauté vise à promouvoir la coopération et l'intégration dans la perspective d'une union économique de l'Afrique de l'Ouest (). Ce qui passe, entre autres, par la création d'un marché commun. Mais aussi, par la suppression, entre les Etats membres, des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux ainsi qu'au droit de résidence et d'établissement. A ces instruments juridiques, s'ajoutent, a poursuivi le procureur militaire, d'autres sources de droit. Notamment, la Constitution ivoirienne du 1er août 2000, la déclaration universelle des droits de l'Homme, le pacte relatif aux droits civils et politiques et la charte africaine des droits de l'homme. Quant aux FDS, elles ont pour missions, selon le code de la fonction militaire, la défense de la nation, le maintien d'ordre et d'exécution des ordres et selon le code de la police, de protéger les personnes, les institutions, l'exécuter les lois, combattre le banditisme, la fraude L'appellation FDS, a-t-il précisé, est née depuis la crise en 2002 pour tenir compte de l'appui que des corps non militarisés, notamment la douane, la police et les Eaux et Forêts ont apporté aux militaires et gendarmes au front. Tout en reconnaissant l'existence de textes de qualité et les efforts de sensibilisation, les différents intervenants se sont demandés s'il ne prêche pas dans le désert. Ange Kessi Kouamé a expliqué que les difficultés sont liées à un manque d'éducation des éléments. Le vrai problème, c'est une prise de conscience de nos hommes. Ils doivent avoir une haute idée des notions de défense et de sécurité (). Un agent exécute, il n'a pas à décortiquer le message du chef d'état-major des armées, a-t-il martelé à l'endroit des agents qui réclament leur dû aux transporteurs. Il a donc invité les soldats à changer de comportement pour donner des assurances aux Ivoiriens que la guerre est finie. Il a déploré, avec l'auditoire, le fait que les policiers ne portent pas de macarons. Il pense que c'est un problème organisationnel qui incombe à la hiérarchie de la police. C'est une infraction parce le code leur en fait obligation. 7.000 policiers sur un effectif de 12.000 sont concernés.
Pour sa part, il a promis de poursuivre la sensibilisation et la répression contre tous ceux qui entravent les principes. Il a également annoncé la réduction prochaine des barrages routiers entre Abidjan et Bouaké et les nuits que les usagers sans argent sont obligés de passer au corridor nord à partir de 22 heures. Il n'a pas manqué de décrire les difficultés qui entravent sa mission notamment, l'existence d'une seule juridiction qui doit couvrir tout le pays sans moyens de locomotion. Puisque les magistrats n'ont pas de véhicule de fonction. L'unique véhicule étant au garage. M. Amangoua du NEPAD Business Group-CI a souhaité que des solutions globales soient envisagées qui puissent profiter à la sous-région.

Paulin N. Zobo

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