jeudi 5 juillet 2007 par Fraternité Matin

Vous venez de rencontrer les chefs des villages de la commune à propos des conflits fonciers. Quels commentaires faites-vous au terme de cette réunion?
Mon autorité est bafouée, il y a une défiance constante de l'autorité municipale que je représente. Si je ne réagis pas, ce n'est pas par faiblesse. Mais parce qu'en ma qualité de maire, et donc de représentant des populations qui m'ont élu pour développer leur ville, je dois appréhender les problèmes avec beaucoup de circonspection et surtout aller au dialogue. Sinon comment comprendre que des jeunes gens s'opposent au développement et à l'embellissement des berges des lacs de la commune dont je suis l'autorité ? Comment comprendre que des chefs qui sont le prolongement de l'autorité et responsables des communautés villageoises puissent s'opposer au développement de leurs villages en montant des jeunes gens pour aller détruire des travaux qui ont été faits dans le cadre du développement de Yamoussoukro ? Si je ne dis rien, c'est compte tenu de l'autorité que je suis ; je veux rassembler tout le monde. L'association AGOUA qui regroupe les chefs traditionnels a décidé de jouer les bons offices pour régler ces problèmes et particulièrement celui de Morofé. Cette médiation volontaire vous convient-elle?
Après cette longue séance de travail, où des paroles ont été dites, où des preuves ont été données quant à la gestion du domaine, je souhaiterais que tout le monde soit habité par la sagesse. J'ai vu là que l'association des chefs veut prendre l'affaire en main, pour faire comprendre à leurs collègues de Morofé et des autres villages que l'autorité de la commune de Yamoussoukro, c'est le maire auquel on ne doit pas se substituer. Et qu'il faut au contraire composer avec lui. En ce qui me concerne, nous l'avons dit, nous avons opté pour une gestion participative. Cela veut dire que pour faire quoi que ce soit dans un village, sur une terre, nous composons avec les propriétaires de ce village. Nous allons les voir et nous leur proposons ce que nous entendons réaliser à leur profit. C'est après discussion que nous arrêtons d'un commun accord ce que nous devons faire et où nous devons le faire. Parce que les premiers bénéficiaires, c'est eux. Malheureusement, il y a des personnes qui contournent cette ligne de conduite et vont faire autre chose. Cependant, ce qui nous conforte dans tout cela, c'est que beaucoup de chefs veulent nous laisser travailler, car nous visons le même but : le bonheur des populations. Je souhaite donc que les chefs qui se sont rebellés, comme celui de Morofé qui a monté la jeunesse en racontant des contrevérités, reviennent à de meilleurs sentiments.
Quand on fait des lotissements, c'est pour le développement de Yamoussoukro. Et celui qui en a l'initiative est bel et bien le maire. Mais le maire ne fait jamais de lotissement sans consulter les autorités villageoises. Ne pensez-vous pas que ces nombreux conflits fonciers soient nés de la délimitation des terroirs villageois, dont le but a sans doute été mal expliqué aux populations?
En effet, à cause de la délimitation des terroirs villageois initié par le gouvernement à Yamoussoukro, qui a été d'ailleurs mal expliquée aux villageois, les gens pensent qu'ils ont le droit de faire le lotissement de leurs villages sans l'accord des autorités de la mairie. Je l'ai rappelé dans la salle, il y a un plan directeur qu'il faut suivre. C'est par rapport à ce plan directeur que les lotissements sont initiés. Ils ne doivent donc pas se faire au-dessus du maire et à l'insu de la direction régionale de la construction et du préfet. Tout doit se faire dans ce cadre. Personne ne refusera l'extension d'un village, mais il faut qu'elle se fasse selon la réglementation. Il y a un périmètre qui est délimité autour de chaque village. C'est à l'intérieur de ces périmètres que l'extension du village doit être faite. Une fois que ces lotissements sont faits, les lots qui en découlent ne sont pas commercialisables. On ne doit pas les vendre car il s'agit de l'extension du village. Donc les villages n'ont pas le droit de vendre les terres. Voilà ce que je tenais à dire. M. le maire, des rumeurs font état de ce que vous vendez les terrains. Qu'en est-il exactement?
Quand on fait courir le bruit que le maire vend des terrains, cela laisse penser que l'argent de la vente des terrains va dans la poche du maire. Ce qui est pernicieux, ce n'est pas bien. Je vous ai démontré avec documents à l'appui comment nous procédons. C'est donc ceux qui ne veulent pas croire qui ne croient pas.
C'est le trésor qui encaisse l'argent. Il est vrai qu'en posant des actions sociales, nous avons fait beaucoup de dons de terrains. Comme c'est le cas pour les travailleurs de la mairie, pour certaines églises. Mais cela relève du pouvoir discrétionnaire du maire. Cela fait partie des actions de développement et des aides sociales. Tout comme les subventions scolaires que nous donnons aux élèves, ainsi que les subventions aux jeunes pour des micro-projets. Je voudrais donc que ces rumeurs et ces délations s'arrêtent afin que nous passions aux choses sérieuses, c'est-à-dire le développement de Yamoussoukro.

Interview réalisée par
N'Dri Célestin

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