jeudi 5 juillet 2007 par Le Front

En dépit de la crise que traverse la Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002, la commune de Koumassi a connu ces cinq dernières années des efforts de modernisation, grâce au dynamisme du conseil municipal. Nous avons rencontré son premier magistrat, M. N'dohi, qui a bien voulu nous dresser le bilan de ses actions. Entretien. M. le maire, comment a évolué le budget depuis le début de votre mandat et comment se porte-t-il actuellement ?
J'aimerais d'abord vous dire que quand nous avons pris la tête de la mairie, c'était en 2000-2001. Nous avions fait l'état des lieux. Et cet état des lieux nous a permis de constater qu'il y avait un déficit de 4 milliards 150 millions de Fcfa. Le budget à notre prise de fonction était de 1 milliard 268 millions. Il y avait des salaires impayés de 4 mois. Voilà la description de la situation à notre arrivée à la mairie. Nous avons réorganisé et sécurisé les collectes de fonds. Ce qui nous a permis très rapidement de doubler le budget en 2003. Nous avons poursuivi sur cette lancée. Et l'année dernière, nous sommes passés à 3 milliards 68 millions. Voilà ce qui est de l'évolution du budget. Avec cela, nous avons pu honorer nos engagements. Vous avez entrepris un certain nombre de chantiers. Notamment, la réhabilitation du marché, la construction d'infrastructures socio-culturelles. Peut-on savoir vos grands chantiers et à quel niveau se situent les travaux ?
S'agissant des chantiers, il faut les classer par catégorie. Il y a les infrastructures socio-économiques tels les marchés. Nous en avons construit un de mille places à la cité Houphouet-Boigny, ex-grand campement. Nous avons construit un autre de même capacité à Aklomiabla. Nous avons construit un petit marché de nuit, nous avons réalisé l'ancien marché et le marché de Sicogi 3. A côté de cela, nous avons réalisé des infrastructures sociales. C'est-à-dire la réhabilitation d'infrastructures sanitaires, nous avons construit une infirmerie dont le personnel est dans l'enceinte de la mairie. Nous avons réhabilité certaines infrastructures au niveau du médico-scolaire. Dans l'enceinte de l'école-même, nous avons construit un groupe scolaire au Grand campement. Le groupe scolaire Fama Tidiane. Nous avons construit une autre au quartier Sopim et réhabilité trois écoles qui étaient totalement en ruines. Et nous continuons toujours dans le domaine de l'école. Nous avons des projets de construction de cantines scolaires et de centres préscolaires dans les grands groupes scolaires. Toujours dans le scolaire, nous avons offert des tables-bancs à des écoles primaires. Nous nous apprêtons à faire autant dans les collèges et les lycées. Et nous avons équipé d'autres établissements en ordinateurs. Notamment, les deux lycées. Au niveau du social et de la sécurité, nous avons réalisé entièrement le commissariat du 20è arrondissement. Qui est l'un des plus modernes qu'on puisse trouver dans notre capitale économique. Nous sommes en train de réaliser une brigade de gendarmerie à la première gare avec logements. En partenariat avec le district, nous envisageons la construction d'un district de police. Dès que nous aurons l'arrêté d'approbation, nous allons finaliser les travaux pour que le district soit ouvert. Nous sommes en train de réaliser la bibliothèque municipale dont les travaux sont très avancés. Nous avons travaillé également pour que le personnel de la mairie puisse travailler dans de meilleures conditions. Nous avons restauré totalement les services techniques municipaux. Nous avons relocalisé le trésor dans les anciens locaux du service technique. Nous avons entrepris d'importants travaux d'aménagement au niveau de la mairie, la salle des mariages, les bureaux de la radio, les services financiers, les services d'état civil. Et nous avons créé un centre secondaire d'état civil que nous logeons à la cité Houphouet-Boigny pour permettre à toute la population du Nord de bénéficier des services de la mairie sans se déplacer. Il y a aussi des travaux de voiries que nous avons réalisés. Je ne peux pas vous donner le kilométrage. Mais chaque année, nous faisons à peu près 1 kilomètre de réhabilitation de voirie. Nous avons couvert plusieurs caniveaux aux quartiers Sopim, Sicogi. Nous avons entrepris des travaux d'assainissement au quartier mairie, à la Sogefiha, à la zone industrielle. Nous avons réalisé d'importants travaux d'électrification des rues dans pratiquement tous les quartiers. Voilà un peu, de façon générale, le point des travaux que nous avons réalisés. Les détails figurent dans notre rencontre bilan de mai 2005. Ces données existent avec les coûts des travaux et les distances, le kilométrage pour les voiries par exemple. Mais le plus important reste le projet de réhabilitation des quartiers précaires. Déjà, nous nous sommes attaqués aux quartiers Grand campement, Houphouet-Boigny 1 et 2, Aklomiabla, Djibo et un autre quartier. Cela nous fait six quartiers. C'est une opération qui se fait en partenariat avec le ministère de la Construction et de l'Urbanisme. Notre souci majeur était d'avoir un arrêté qui nous donne l'autorisation de procéder à la restructuration. Nous l'avons obtenu. Nous avons donc procédé à l'ouverture de toutes les voies. Et décidé dans certains quartiers qu'il y ait un assainissement. En ce qui concerne la première phase de l'assainissement, nous pouvons dire que le travail a été fait à 100%. Maintenant, nous avons entamé la phase de réaménagement. Au Grand campement, la plus grande partie a été faite. Les voies ont été goudronnées, les caniveaux ont été aménagés. Ce que nous entendons faire dans les autres quartiers dès l'année prochaine. Le programme de réhabilitation entièrement fait. Et l'?uvre d'assainissement terminée, nous avons donné une attestation à chacun pour lui permettre de jouir de l'espace qu'il occupe. De ce point de vue, je pense que nous avons pu aller au bout de nos promesses. Et pour cela, nous avons bénéficié du soutien sans faille des populations bénéficiaires.
M. le maire, est-ce à dire que cette crise n'a pas réussi à ébranler votre détermination à respecter les promesses faites à la population ?
Non, la guerre ne nous a pas empêché de réaliser tous ces projets. Bien au contraire. C'est parce que nous étions en crise qu'il fallait faire preuve d'imagination et de dépassement. Lorsqu'on réussit à faire des choses en période de vaches grasses, on n'a pas grand mérite. C'est quand la situation est difficile qu'on doit se dépasser. Nous sommes heureux d'avoir réalisé tout cela en période de crise. Ce qui veut dire que quand nous serons sortis de la crise, Koumassi aura fait un bond qualitatif en avant. C'est vrai, il y a la crise. Mais, nous avons réalisé toutes nos promesses de campagne et même au-delà.
Concernant votre politique de réhabilitation des quartiers précaires, il y a eu des personnes qui ont voulu entraver les travaux. Est-ce que ces difficultés ont été aujourd'hui aplanies ?
Il faut compter avec ces résistances. Ce sont des opérations de grande envergure. Il y a ceux qui comprennent malheureusement un peu tard. Et il y a ceux qu'on manipule à souhait. Ceux qui n'ont pas compris, peut-être parce qu'ils ont été abusés par le passé par d'autres responsables communaux, ceux-là je crois que nous les avons rassurés. Les plus difficiles à convaincre, c'étaient ceux qui étaient manipulés. Vous voyez, un responsable, c'est aussi cela. Dès lors que vous êtes convaincu du bien-fondé de l'action que vous voulez mener, vous devez vous entourer de toutes les précautions et vous donner tous les moyens d'aller au bout de vos idées et les réaliser. C'est ce que nous avons fait. Là où c'était nécessaire, nous nous sommes appuyés sur les forces de défense et de sécurité. Le cas le plus incongru, c'était celui d'Aklomiabla. Où une famille guinéenne établit ici, se prévalait de la terre des Ebrié. Une action qui nous a conduit au tribunal. Et cette famille a été déboutée par la cour suprême nous autorisant à poursuivre notre politique d'urbanisation de la commune.
Toujours concernant la réhabilitation de vos quartiers. Depuis que vous êtes là, il y a plusieurs ministres qui se sont succédé au ministère de la Construction et de l'Urbanisme. Est-ce que cela n'a pas d'effet sur votre action de réhabilitation ?
C'est vrai, c'est un problème auquel nous sommes confrontés actuellement. Quand un ministre suit un dossier de bout en bout, c'est plus facile que d'avoir un nouveau ministre qui doit prendre contact avec les dossiers avant d'agir. C'est exact que notre élan a été quelque peu freiné par les différents changements à la tête de ce ministère. Mais, nous avons foi. Et nous savons que ceux qui viennent, ont à c?ur de développer le pays. Et qu'ils mettront tout en ?uvre pour nous faciliter la tâche afin que nous allions jusqu'au bout. Pour que les pauvres qui ont pendant longtemps transporté du gravier sur la tête, puissent recevoir des titres de propriété qui les mettront à l'abri d'expulsion de la part de personnes véreuses. M. le maire, on dit que le nerf de la guerre, c'est l'argent. Or, depuis un certain temps, l'Etat reverse difficilement la part des mairies sur la taxe collectée. Est-ce que la situation a changé et quel impact cela a sur vos activités ?
On nous a affirmé que la situation allait changer. Nous avons été présents aux états généraux de la décentralisation, le problème a été posé avec force. Nous attendons l'application des décisions prises lors de ces états généraux. Sinon pour le moment, c'est le statu quo. Et nous espérons que prochainement les choses vont changer. Dernièrement, la banque mondiale vous a primé pour votre politique d'électrification des quartiers précaires. Est-ce qu'on peut connaître le secret de votre succès ?
Nous avons basé notre action sur la confiance. Entre la population et nous, nous avons voulu qu'il existe la confiance. Nous avons sensibilisé tout le monde sur le bien-fondé de l'opération. Une fois la confiance établie, nous avons voulu que les gens eux-mêmes gèrent l'opération pour qu'ils suivent son évolution. Donc, ce sont les personnes sur place que nous avons choisies qui collectent les fonds et les gèrent. Celles-ci sont chargées de nous rendre compte. De cette façon, la population ne pouvait que se reconnaître dans l'opération. Si bien que, ça va vous étonner, dans un quartier comme Grand campement, la population a participé à la réhabilitation à plus de 150 millions de francs. Pour payer les frais de barrages et les frais de dossier technique. Ce sont des faits importants sans lesquels le projet n'aurait pas connu cet aboutissement. Il y a la part apportée par la banque mondiale par le biais du Pacom. Il y a la part de la mairie à travers divers financement et il y a l'apport des populations qui n'est pas négligeable. C'est tout cela réunit qui nous a permis de réaliser notre chantier. Pour certains secteurs, notamment pour le lotissement de ces quartiers, nous nous sommes appuyés sur le budget communal. Quand vous restructurez un quartier, il faut qu'il y ait de l'eau, de l'électricité, la route. Et après tout cela, il faut les écoles. Tout cela, ce sont des mesures d'accompagnement que nous avons financé sur le budget communal. Donc, c'est vrai, le nerf de la guerre c'est l'argent. Mais, nous, nous avons su nous donner les moyens pour arriver au bout de nos ambitions.
Aujourd'hui, nous sommes dans une phase de stabilité qui doit venir avec la paix. Quelles sont les perspectives que vous envisagez pour Koumassi ?
Je pense que vu les efforts que nous avons faits en période de crise, l'on peut imaginer ce que nous pouvons faire en période de paix. Vous l'avez dit, vous-mêmes, l'Etat ne reverse pas correctement les parts des communes sur les taxes. Cela est dû, à mon avis, à la crise que nous connaissons. Une fois que cette part sera reversée de façon correcte, et avec la même volonté de doter la commune en infrastructure moderne, je pense que Koumassi est appelée à un bel avenir. Nous en prenons la garantie, tant que nous serons là, nous ferons tout pour que le visage de Koumassi change. Pour que la population qui a maintenant confiance en elle-même, soit fière d'habiter une commune comme Koumassi. C'est notre ambition.
M. le maire, dans les perspectives, vous prévoyez, en plus des travaux d'assainissement, d'effectuer les travaux de remblais. Ce qui nécessite de gros investissements. Alors que nous sommes en période de crise. Est-ce que vous tenez toujours à votre projet ?
Les remblais ont déjà commencé. Ils ont commencé au quartier Houphouet-Boigny. Nous avons commencé à dégager le sable. Et dans un mois, nous serons à même de faire le point du sable dégagé. A côté de cela, nous avons un projet qui nous tient à c?ur. C'est la construction d'un hôtel communal. A côté de l'hôtel communal, réaménager la place des arts. C'est-à-dire tout l'espace qui part du foyer des jeunes jusqu'au carrefour du lycée moderne, nous avons ce projet que nous comptons entamer dès l'exercice prochain.



Entretien réalisé par K. Maurice et A. Lebel Coll. CKK

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