jeudi 5 juillet 2007 par Le Front

Le vendredi 29 juin dernier, le Fokker 100 présidentiel, à bord duquel se trouvait le Premier ministre Guillaume Soro, a été attaqué à l'arme lourde alors qu'il atterrissait sur le tarmac de l'aéroport de Bouaké. Au moment où les hypothèses s'entrechoquent, l'on note certaines coïncidences. Moins d'une semaine après l'attentat manqué contre le Premier ministre Guillaume Soro, toutes les hypothèses sont toujours ouvertes. Et l'on s'interroge de plus en plus sur certaines occurrences. On peut, en effet, s'étonner de certaines coïncidences dont le moins qu'on puisse dire qu'elles troublent. Jugez ! Le ministre Désiré Tagro, l'un des architectes de l'Accord de Ouagadougou qui en est, aussi, l'un des grands bénéficiaires, devait prendre place, en compagnie de Guillaume Soro, à bord du Fokker 100 présidentiel. Selon lui, il avait été invité par son collègue de la Justice, Koné Mamadou, à effectuer le déplacement de Bouaké. Mais pour des raisons propres à lui, il a choisi, au dernier moment, de passer par la route. La question que l'on se pose tout de suite et qui tombe sous le sens est : pourquoi ? Pourquoi ce changement d'autant moins compréhensible que tout le temps qu'ont duré les négociations du Dialogue direct, le ministre Tagro, alors porte-parole du président de la République, a plus d'une fois pris la direction de Bouaké. Et chaque fois, il s'y est rendu par la voie des airs. Alors, d'où vient-il que, subitement, l'envie lui suggère de prendre la voiture pour se rendre dans une ville qu'il a, très souvent, ralliée par avion ? C'est une question de bon sens qui mériterait qu'on y réponde pour éclairer la lanterne de ceux qui, passé le moment de la surprise et de la stupéfaction, commencent à s'interroger et ne prennent plus des vessies pour des lanternes. Pour comprendre et aider à comprendre. Notre démarche n'a pas d'autre objectif que de comprendre et d'aider à comprendre ce qui s'est passé le vendredi 29 juin dernier. Elle participe donc du désir commun et légitime qui anime l'opinion nationale et internationale. Chacun veut, en effet, savoir, connaître les auteurs du crime et leur (s) commanditaire (s). La question du pourquoi étant évidente. Une bizarrerie. La question que le chef de l'Etat a posée à l'un des blessés hospitalisés à la Pisam. Les téléspectateurs ont, certainement, suivi, à la fois surpris et gênés, l'interrogation de Laurent Gbagbo à Soul Two Soul, le chef de protocole du Premier ministre Guillaume Soro. De mémoire, nous allons tenter de reproduire le bref échange entre les deux hommes. ?' J'ai pris six balles dans la cuisse droite et quatre dans la gauche. J'ai été rafalé alors que je me dirigeais vers le Premier ministre'', a expliqué Soul Two Soul en montrant ses bandages à son illustre visiteur qui n'a pas pu s'empêcher de l'interrompre. ?' Ecoutez, je voudrais savoir, ceux qui t'ont rafalé, ils étaient dans l'avion ou à l'extérieur ?'', a demandé le chef de l'Etat, l'air plus innocent que de nature. Naturellement, Soul Two Soul lui a répondu ce que tout le monde savait déjà. A savoir que les rafales ont été tirées de l'extérieur. A la vérité, la question du président Gbagbo a surpris d'un. Car, dès l'annonce de la nouvelle de l'attaque, la première information véhiculée a été celle du positionnement du commando qui, son forfait accompli, s'est fondu dans les broussailles où il était planqué dans l'attente de l'avion. Il n'y a jamais eu d'ambiguïté ni de débat sur la position des tireurs. Alors, comment se fait-il que Laurent Gbagbo n'ait pas eu connaissance du scénario de l'attaque au point de poser, quatre jours après les événements, une question aussi plate ? Il eût, manifestement, été inspiré de se taire. Surtout qu'il n'avait pas la parole et n'était donc pas obligé. C'est pourquoi, l'on s'interroge sur le sens de cette question, faussement, innocente. Elle alimente les débats et les Ivoiriens lui donnent le sens qu'ils veulent. Autre bizarrerie. L'attentat s'est produit à 10h30mns et à la surprise générale, l'avion endommagé est reparti à 17h30 pour Abidjan en lieu et place de Yamoussoukro, initialement, décidé par le chef de l'Etat (c'est lui-même qui l'a dit lorsqu'il recevait Lt-colonel Lékpéhi et ses camarades de l'équipage du Fokker 100, avant-hier, mardi). Comme s'il y avait urgence. N'est-ce pas que c'est à la fois bizarre et suspect ? Même l'argument de sécurisation évoqué par le palais paraissait peu convaincant. C'est, sans doute, la première fois dans l'histoire des attaques d'avions que l'on procède ainsi. Et puisque Kadet Bertin, le ?' Monsieur sécurité'' du palais justifie l'insolite démarche par le fait qu'il entend mettre l'aéronef canardé à la disposition des experts, l'on est en droit de se demander si ces derniers ne pouvaient pas procéder au constat d'usage sur les lieux-mêmes du drame. Cela représenterait-il un risque particulier ? Surtout que les terroristes avaient pris leurs jambes à leur cou ou bien voulait-il seulement le mettre en lieu sûr aux fins de le dérober des yeux de curieux ? Il est certain que l'ex-ministre de la défense et de la protection civile va s'en défendre. Et pourtant, son empressement à faire enlever l'avion pourrait le laisser croire. Ultime bizarrerie. La débandade des forces dites impartiales. Dès la première détonation, soldats onusiens et Force Licorne ont pris la poudre d'escampette. Sans crier gare. Laissant le Premier ministre et sa délégation à la merci des assaillants qui n'ont eu du mal à fondre dans la nature. Mais le comble c'est que non seulement les soldats du général Amoussou n'ont pas prêté assistance à personne en danger mais le patron des forces onusiennes a demandé, dare-dare, la résurrection de la zone de confiance. Pourquoi ?
Au total, après l'attentat manqué, l'on a assisté à une suite de faits, de gestes et de propos qui suscitent certains questionnements. Gageons que l'enquête qui va s'ouvrir, permettra d'apporter des réponses claires à toutes les questions que les uns et les autres se posent.





Honoré Sépé

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