mercredi 4 juillet 2007 par Le Patriote

Après un séjour carcéral aux Etats-Unis, Antoinette Allany renaît, sous l'onction de Dieu. La chanteuse prépare en ce moment la célébration de ses trente ans de carrière. Entre deux courses, elle revient, pour la première fois, sur ses déboires au pays de l'Oncle Sam, sur sa reconversion au Christ et sa résurrection musicale. Bref, Antoinette Allany ouvre, avec une pointe d'émotion, une page mouvementée de son existence.

Vous allez fêter le 1er Septembre prochain vos trente ans de présence dans le giron musical. Quel sens donnez-vous à cette célébration ?
Je tiens d'abord à remercier Dieu pour tout ce qu'il a fait et continue de faire pour moi. Avec les moments difficiles que j'ai vécu, il n'était pas évident de revenir à nouveau au devant de la scène musicale. Je tourne pratiquement tout le mois. Dieu a essuyé mes larmes. J'ai oublié tout ce que j'ai vécu. Je tiens à lui rendre gloire et hommage. Et ce jour-là, je vais me libérer, dire à mes frères que c'est Dieu qui nous met à terre et c'est encore lui qui nous relève. Je ne croyais pas du tout pouvoir me relever. Cet anniversaire sera l'occasion pour moi de témoigner mon entière gratitude à Dieu, lui dire merci. Que les Ivoiriens viennent pour qu'on communique ensemble.

Justement qu'allez-vous dire exactement pour vous libérer ?
Je vais leur rendre le témoignage de ce que j'ai vécu et ce que je suis entrain de vivre. Je vais leur confier tout ce que Dieu m'a révélé. Si je marche aujourd'hui dans la voie de Dieu, il y a un secret. Et c'est ça que je vais révéler. Souffrez que je ne le fasse pas maintenant. Je préfère attendre cet événement pour le faire.

C'est en prison que vous avez rencontré Dieu ?
Je le connaissais déjà. Mais, je ne mettais pas en pratique ses enseignements. Je savais qu'un Dieu existait mais, ce n'était nullement ma préoccupation. Je ne priais pas. Il a fallu qu'il m'amène quelque part, pour me montrer sa face. Aujourd'hui, je confie tout ce que je fais à Dieu.

Bien avant vous, d'autres d'artistes ont aussi connu Dieu en prison. N'est-ce pas un effet de mode comme le pensent d'aucuns ?
Ceux qui le pensent, c'est leur problème. Je ne parle pas des autres. Je ne connais que le cas d'Allany. J'ai choisi ma voie et je suis persuadée que personne ne pourra me détourner du chemin que j'ai décidé d'emprunter. Je l'ai choisi pour l'éternité. Ce que j'ai vécu, je ne le souhaite pas à quelqu'un d'autre, même à un ennemi.

Qu'est-ce que vous avez vécu exactement aux Etats-Unis ?
C'est terrible. Je n'avais aucun contact avec mes parents, ni mes enfants. Ces derniers se sont retrouvés du jour au lendemain dans la rue. J'en ai cinq. Seule ma fille est allée chez ma mère. Les quatre autres ont erré dans la rue. De plus, ils n'avaient aucune nouvelle de leur mère. Et ce qui m'a touché le plus, le benjamin était aussi dehors. Il a dû son salut à la mère d'un de ses amis qui l'a recueilli. Ils se sont retrouvés à la rue parce qu'il n' y avait personne pour payer le loyer de la maison.

Combien de temps avez-vous passé aux Etats-Unis ?
J'y ai fait 40 mois de prison. J'étais incarcérée dans le pénitencier de Dumberry, dans l'Etat de Georgie.

Comment vous vous y êtes retrouvée ?
Comment voulez-vous que je ne me retrouve pas là-bas. Si tu prêtes ton passeport à une amie qui en fait un autre usage, que peux-tu faire ? Je reconnais lui avoir remis mon passeport. Mais, nous étions convenus que s'il y avait quelque chose, elle devait me le signaler pour que je quitte la maison. Mais, comme elle paniquait, elle n'a pu me faire signe. Vous savez, aux Etats-Unis, quand il y a un problème dans une maison, ils ne prennent pas uniquement la personne concernée, mais tout le monde. La police garde à vue tout le monde jusqu'à ce qu'elle trouve le coupable.

Il se murmure que vous étiez mêlée à un trafic drogue
C'est archi-faux. Je n'ai jamais vendu de la drogue. Cette amie à qui j'ai prêté mon passeport est en fait mon hôte. Elle vient du Nigeria. Quand, je vais aux Etats-Unis, c'est elle qui m'accueille. Ce qu'elle fait ne me concerne pas.

Vous n'allez quand même pas nous dire que vous êtes amie à une personne et vous ignorez tout de ses agissementsN'essayez-vous pas là de vous donner bonne conscience ?
Les gens ont raconté et racontent n'importe quoi sur mon compte. Croyez que si je vends réellement la drogue comme on le prétend, je vais venir souffrir encore en Côte d'Ivoire ? J'allais me retrouver dans un palais et non le studio exigu que je loue ici à Abidjan. Savez-vous que les vendeurs de drogue brassent des milliards ? Vous ne pouvez pas vous mesurer à un vendeur ou une vendeuse de drogue. Ce sont des gens très fortunées, qui brassent beaucoup d'argent. J'en sais quelque chose. J'en ai côtoyé quelques-uns en prison. En Côte d'Ivoire, ceux qui vendent la drogue se connaissent. Je ne veux nommer personne. M'ont-ils une fois vu dans leur milieu ? Allez vous renseigner à l'aéroport si une fois, j'y ai été interpellée en tant que suspecte. Jamais. C'est pour vous dire que je ne connais pas la drogue et je ne veux pas la connaître. Quand je suis rentrée des Etats-Unis, je souffrais, je pouvais contacter ceux qui font ce commerce et m' y adonner. Mais, je ne l'ai pas fait.

Comment avez-vous vécu vos 40 mois d'incarcération ?
Ça a été, je l'avoue, au début très difficile. Surtout l'isolement. Du jour au lendemain, j'ai été coupée de ma famille. Je n'avais plus de nouvelles d'elle et avec tout ce qui se passait en Côte d'Ivoire, il n' y avait pas non plus de quoi être rasséréné. De plus, je n'ai reçu aucune visite d'un membre de la communauté ivoirienne vivant aux Etats-Unis. J'avais été abandonnée à mon triste sort et cela m'a beaucoup peinée. Mais grâce à Dieu, j'ai pu remonter progressivement la pente en me confiant à Lui. Et les prières que je faisais pour l'implorer m'ont énormément aidée à avoir la force de relever la tête et surtout me battre. Et si j'en suis là aujourd'hui, je le dois à Dieu. Mon retour sur la scène musicale c'est Lui. C'est pourquoi, j'ai décidé de me consacrer à sa louange.

Justement, certains jugent vos prestations scéniques très osées pour quelqu'un qui véhicule la parole de Dieu
C'est Dieu qui a tout créé. Moi, je prèfère vivre ma vie. Mais, eux se cachent derrière les rideaux pour faire de vilaines choses. Je connais des pasteurs qui me draguent ouvertement. Ils sont mariés et m'appellent pour me dire je t'aime . Ils sont pires que moi. Ceux qui me critiquent ne sont pas sains. Certains sont plus sales que le mot sale. Ils courent les petites filles partout. Les pasteurs qui sont propres en Côte d'Ivoire se comptent du bout des doigts. On les connaît. Certains créent des églises pour avoir de l'argent pour subvenir à leurs besoins. D'autres font du porte à porte pour quémander de l'argent. Il y a plus de racketteurs que de pasteurs. Qu'ils me fichent la paix. Chacun connaît sa relation avec Dieu. Et Dieu ne regarde pas l'habit mais le c?ur.


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