Mame Abdoul Niang n'est pas plus avocat que vous et moi. C'est pourtant, en cette qualité d'avocat, inscrit au barreau ivoirien que cet homme sévit depuis près de sept ans particulièrement dans la communauté des opérateurs économiques qu'il appâte. La dernière victime connue du faux avocat est la société Trigone CAMACI SA avec laquelle il a passé un contrat d'assistance juridique et judiciaire. Se sachant découvert avec les vérifications faites auprès du bâtonnier de l'Ordre des avocats, Mame Abdoul Niang activement recherché par la police criminelle, s'est réfugié depuis lors à Bouaké, en zone non gouvernementale. De quoi s'agit-il ?
C'est avec une toge d'avocat posée très visible à l'arrière de sa voiture, qu'au vu et au su de tout le monde, Mame Abdoul Niang circulait à Abidjan et partout à l'intérieur du pays. Mieux, l'homme s'est fait établir des cartes de visite où il est mentionné ceci : "Me Mame Niang Abdoul, avocat au barreau d'Abidjan, de Paris et de Dakar". Avec sa toge, sa carte de visite et surtout son verbe, l'homme se fait verser d'importants honoraires sans accomplir la mission de défense des intérêts de ses "clients". C'est le cas avec la société Trigone CAMACI SA qui a fini par découvrir l'arnaque. Avec cette entreprise de commercialisation de mobilier, de produits de décoration et d'effets de bureau, Mame Abdoul Niang a passé une convention d'assistance juridique et judiciaire depuis décembre 2000. Laquelle convention en son article 6 lui octroie une indemnité mensuelle de un million cinq cent mille francs. Mais au lieu de s'acquitter de sa mission telle que prévue dans la convention, le soi-disant, avocat de Mame Abdoul Niang ne pose aucun acte juridique allant dans le sens de la défense de Trigone CAMACI. N'étant pas avocat de profession comme il le faisait croire à ses victimes, l'homme ne pouvait se présenter comme tel aux différents procès impliquant la société. Et tout naturellement, les décisions de justice sont rendues par défaut et au tort de la société Trigone jamais représentée. Constatant que sa société perdait tous ses procès par défaut devant la justice, le directeur général, Mlle Diallo Janet, a voulu en savoir un peu plus sur la personnalité de cet avocat qui n'arrivait pas à gagner un seul procès. Et elle va tomber des nues au terme de son enquête.
En réponse au courrier à lui adressé par Trigone, Me N'Dri Thomas, par délégation du bâtonnier de l'Ordre des avocats, a été catégorique : "Abdoul Niang n'est pas avocat, je ne peux donc répondre de ses actes". Toutes les plaintes adressées au parquet au sujet du faux avocat, à la gendarmerie et à la police ont été jusqu'à ce jour sans effet. Aux dernières informations, alors que la police criminelle s'est saisie du dossier, l'homme sentant venir le danger a pris la tangente et se serait réfugié à Bouaké.
Landry Kohon