Ce sont des professionnels () Aucun de mes chefs militaires n'est mêlé là-dedans () Je sais qui a fait le coup et je sais qui les a envoyés". A petits pas certes, mais on avance vers la vérité sur l'identité des tueurs embusqués de l'aéroport de Bouaké. Devant la délégation du PDCI-RDA qui est allée lui exprimer la compassion du président Bédié et du parti, le Premier ministre est resté fidèle à sa posture. Ne rien dire et ne rien faire qui puisse perturber les enquêteurs internationaux qu'il appelle de tous ses v?ux dans leur travail dans le cadre de cette affaire. Mais pour rassurer ses hôtes qui continuent de s'interroger sur l'identité des criminels hors série, auteurs de cet attentat terroriste, le Premier ministre s'est cru obligé de lever un coin de voile sans toutefois renier son serment "C'est un attentat, nous savons qui l'a fait, il y a des pistes. Mais je ne vais pas devancer les enquêteurs". C'est pas mes chefs militaires. Parce que je connais la méthode de mes militaires. Ce n'est pas mes militaires. Il n'y a aucun de mes chefs militaires mêlés là-dedans", fait observer le miraculé chef du gouvernement. Il ajoute même, pour boucler la boucle, que "ce sont des gens qu'on a envoyés et qu'il sait qui les a envoyés". Lorsque cette affaire a éclaté, des pistes susceptibles de conduire aux auteurs et aux commanditaires ont été explorées, analysées en attendant que les enquêtes diligentées viennent confirmer ou créditer telle ou telle piste. Mais Guillaume Soro qui a déjà une idée très claire de la situation a décidé par élimination. Ses chefs militaires ne sont pas cachés derrière cet attentat ? Le camp présidentiel, l'ennemi déclaré IB ou l'opposition. Un autre bout de phrase permet de croire que cette dernière entité n'est pas visée par l'enquête des Forces nouvelles car, Soro précise que ceux qui ont fait le coup sont des "professionnels". Des gens qui ont été envoyés en mission et que Soro connait bel et bien. Il connaît même ceux qui les ont envoyés. Tel que brossé, on voit en filigrane le portrait robot du sergent chef IB, ennemi déclaré de Soro. Ce n'est donc pas par hasard que le Premier ministre parle "d'épuration". Car, par le passé, lorsqu'il s'en est pris aux éléments du sergent chef déserteur qui voulaient lui faire la peau, on a parlé d'épuration de Soro dans la rébellion. Aujourd'hui, il veut qu'une enquête internationale indépendante mène ses propres investigations pour tirer ses propres conclusions. Si la piste IB est retenue, qui l'a alors envoyé ? Soro dit qu'il a la réponse à cette question. Mais qui est-ce ? Qui peut confier une telle mission à IB ? Depuis un moment, le discours de ce dernier s'est étrangement rapproché de celui du camp présidentiel. IB est devenu presqu'un sympathisant de Gbagbo. Le parti qu'il a créé par personnes interposées défend les positions que soutient le camp Gbagbo. Ceci explique t-il cela ? La question est ouverte.
Akwaba Saint Clair