mardi 3 juillet 2007 par Le Patriote

Quelles sont les motivations qui ont poussé les autorités ivoiriennes à ramener de Bouaké à Abidjan l'avion du Premier ministre qui a fait l'objet d'un attentat manqué le 29 juin dernier ? Qu'est ce qui explique l'empressement avec lequel le Fokker 100 a été rapatrié sur la base aérienne d'Abidjan ? Y avait-il urgence à le faire ? Pourquoi ne valait-il pas mieux maintenir sur place l'engin volant pour des nécessités évidentes d'enquête, de constat d'usage et de reconstitution des faits ? Autant d'interrogations majeures et intrigantes que tout observateur averti de la scène se pose en première analyse. Et il est évident que de la réponse à ces interrogations dépend la vérité sur les origines et l'identité des auteurs du crime de Bouaké. Pour la simple raison que la logique voudrait qu'en pareille circonstance l'avion soit immobilisé tout le temps que durera le constat. Or, en l'espèce, il n'y a eu aucun constat d'usage, aucune expertise, aucune reconstitution des faits. L'attentat s'est produit à 10 H 35 mn. Et déjà, à 17h30 mn, l'avion avait rejoint la base aérienne d'Abidjan, ex-GATL. En tout cas, il était 18h30 précises quand nos reporters sont arrivés au GATL et sont montés à bord de l'engin endommagé. L'avion avait été déjà débarrassé des effets personnels et bagages des passagers. Sauf des coupures de journaux déchirées traînaient ça et là. En revanche, les taches de sangs coagulés, les morceaux et restes humains ainsi que les traces des dommages matériels causés à l'avion étaient clairement visibles. Les éclats des projectiles (les roquettes) ainsi que les éléments pouvant servir de pièces à conviction à une enquête balistique sérieuse n'existaient plus. Et au moment où nous nous apprêtions à quitter les lieux, un agent des sapeurs pompiers militaires portant des gants s'est approché de nous. Il nous a demandé de quel organe de presse étions nous ? Avant de nous informer que ses collègues et lui ont été commis pour procéder au nettoyage de l'intérieur de l'avion. Toute chose qui nous a intrigué davantage au point que le photographe et moi n'avons pas pu nous empêcher de nous interroger sur les raisons d'un tel empressement. La réponse à cette interrogation nous sera donnée par un mécanicien d'avion ayant requis l'anonymat. Il estime que le rapatriement précipité de l'avion est suspect. Cela suppose que les pilotes et leurs commanditaires qui ont fait décoller l'avion savaient, pertinemment que les réacteurs et réservoirs de l'avion ne sont pas endommagés. Ce qui présage de ce qu'ils savaient, à posteriori et de façon claire, la nature des dommages causés à l'avion. Autrement, ils n'auraient pas pris autant de risques à faire décoller un avion qui venait d'être bombardé à l'arme lourde sept heures auparavant. Dans la pratique, indiquent des spécialistes de l'aviation, on ne fait pas décoller un avion endommagé, de surcroît, un avion dont le flanc droit est ouvert sur au moins deux hublots. Au risque de le voir tanguer dans l'air et même de s'écraser au sol sous la pression du vent. C'est plus que suspect. C'est même bizarre. Et c'est cela qui fonde certains observateurs et analystes politiques à privilégier la piste d'Abidjan qui aurait actionné des bras séculiers internes au mouvement aidés de mercenaires infiltrés dans la zone depuis des mois. Autrement, Abidjan ne se serait pas préoccupé avec autant d'empressement à évacuer l'avion. Un engin endommagé à bord duquel il y a eu mort d'hommes, précisions le. Comment les pilotes et les membres de l'équipage supposés être encore sous le choc de l'attentat manqué ont-ils réussi à voler de Bouaké à Abidjan dans ces conditions d'insécurité? Et puis, qui leur a donné l'ordre de décollage? C'est Gbagbo lui-même dans son interview à la télévision nationale, au soir de l'attentat, qui nous le révèle. Il informe que c'est bel et bien lui qui a ordonné aux pilotes de ramener l'avion sur Yamoussoukro et que ce sont les pilotes qui ont pris la responsabilité sur eux-mêmes d'atterrir à Abidjan. De deux choses l'une. Ou le régime Gbagbo a agi de bonne foi et n'y est pour rien. Ou il est dans le secret des dieux de cet odieux attentat et a voulu brouiller les pistes en deplaçant une pièce à conviction. Gbagbo l'a dit lui-même : Soro et moi étions informés de ce qui se tramait . Dès lors, il n'y a plus matière à débat. Les enquêteurs du groupe de sécurité aéroportuaire qui sont sur le coup depuis le premier jour gagneraient à lorgner de ce côté ci du palais. Mais, enfin

Khristian Kara

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