mardi 3 juillet 2007 par Le Front

En prélude à la cérémonie de dédicace de son recueil de poèmes ?'Quand la douleur se fait mots'' qui aura lieu le mardi 3 juillet prochain à 15h30 à l'hôtel de ville au Plateau, nous avons rencontré Inna Hampaté Ba. Dans cette interview, elle parle de son écriture, de sa vision du monde. Il faut noter que cette cérémonie est placée sous le haut parrainage et la présence effective du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Il y a plusieurs genres littéraires. Pourquoi avez-vous choisi la poésie pour vous exprimer ?
J'ai choisi la poésie, parce que je me sens à l'aise dans ce genre. C'est par elle que je peux décrire, parler de mon état profond sans tricher. En poésie, je ne réfléchis pas. Je fais sortir des choses qui sont en moi et je les fais partager avec mes lecteurs. Cette façon de faire me libère, me soigne. Donc votre poésie est thérapeutique alorsMa poésie est une thérapie et pour moi et pour mes lecteurs. Elle soigne l'âme. Je vais vous faire une confidence : ?'Quand la douleur se fait mots'', je l'ai écrit pour rendre hommage à mon fils Samba décédé suite aux déchets toxiques et par la même occasion à toutes les victimes des déchets toxiques. Mais au-delà de cet hommage, ce recueil est une source de réconfort pour moi, de recherche profonde de soi, de recherche nécessaire à notre suivie. Alors dans ce cas de figure, comment définissez-vous la poésie ?
Pour moi la poésie, c'est l'expression des états d'âme. C'est l'expression du moi, mais aussi d'un autre moi et le tout forme un bouquet de fleurs. Si vous parlez d'un bâtiment ou d'un fait quelconque, il faudrait que vous puissiez faire aimer ou détester ce bâtiment ou ce fait, donc c'est toujours une description, c'est votre vision de la vie, du monde que vous véhiculez. En somme, la poésie c'est la méditation, c'est l'expression de votre être tout entier. A vous entendre, vous êtes trop mystique, d'où sort ce matière mystique ?
Voyons ! J'ai baigné dans cet univers. Méditation, prière, Dieu. Mon père (Hampaté Ba) me disait ?'quand on aime Dieu ou quand on suit Dieu, on ne peut s'entretuer, on ne peut tuer son prochain''. C'est ça l'amour. L'amour doit toujours aller au-delà du charnel pour atteindre le spirituel. C'est d'ailleurs là que l'amour devient éternel. Parce qu'à ce stade, on n'a plus besoin de corps, d'espace, de temps, nous formons un seul être. Et si nous formons un seul être, nous nous connaissons et nous devons nous pardonner. C'est ça la vraie religion, c'est ça connaître Dieu. C'est cette théologie que je véhicule à travers mes poèmes. Malgré la faiblesse des caractères, de la chaire, il y a quelque chose qui est plus haut : le beau. On communie avec le beau et le beau est mystique. Inna, est-ce une véritable carrière qui vient de se greffer à votre métier d'institutrice ou un passe-temps ?
Avec ce recueil, j'ai compris que l'écriture nous libère de notre fardeau, de notre douleur. C'est une nouvelle vision de la vie. Je pense que ce que mon fils m'a donné en héritage, c'est de pouvoir m'exprimer à l'extérieur. Car, je me suis toujours exprimée mais à l'intérieur. J'ai des poèmes qui dorment dans mes tiroirs. Maintenant avec ce déclic, j'aimerais les partager avec les autres A quand donc la seconde ?uvre ?
In'challah ! Bientôt. Lisez d'abord le premier livre.
Toujours dans le même style poétique ?
Si si ça peut venir les romans. Car, j'ai envie par exemple de raconter ma vie. Mais voyons ! Je le fais si bien avec ma poésie
Vous avez écrit votre premier livre à partir d'un déclic (la mort de votre fils). Est-ce pour autant dire qu'à quelque chose malheur est bon ?
Je pense que dans la vie, il n'y a pas de hasard Je n'aime pas le malheur, je prends la vie comme épreuve qui doit toujours nous permettre d'aller de l'avant. D'ailleurs, je n'aime pas tout ce qui est sombre, noir. Que chacun d'entre nous cherche à aller au-delà de la mort et chercher aussi à comprendre ce qu'est la mort. Ce sont des interrogations métaphysiques. La vie est faite d'interrogations. D'ailleurs, ces interrogations, ces remises en question nous permettent de connaître nos origines Cela nous permet aussi de nous rapprocher de Dieu, le créateur, Dieu le père. Et voyez-vous, à partir de cet instant, la douleur se fait mots pour devenir Amour.



Auguste Gnaléhi (augustegnalehi@hotmail.com)

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