lundi 2 juillet 2007 par Notre Voie

Allan Aliali, journaliste au service politique de Notre Voie, était à bord du Fokker 100 présidentiel qui a été attaqué à l'aéroport de Bouaké, vendredi dernier. Il déroule, ici, le film de cet attentat manqué contre Guillaume Soro qui a fait quatre morts et plusieurs blessés. Notre Voie : Que s'est-il réellement passé à l'aéroport de Bouaké le vendredi 29 juin dernier ?
Allan Aliali : Le vendredi 29 juin matin, nous étions une dizaine de journalistes à nous retrouver à l'aéroport international Félix Houphouet-Boigny d'Abidjan, en vue d'accompagner le Premier ministre à Bouaké pour l'installation des magistrats qui doivent organiser les audiences foraines. Je signale que le Premier ministre était accompagné par les ministres Sidiki Konaté et Mamadou Koné. Il y avait également ses proches. Entre autres, Alain Lobognon, conseiller spécial à la communication et Méïté Sindou, porte-parole. Le Fokker 100 présidentiel a décollé aux alentours de 9h 40min. Nous avons fait un voyage paisible jusqu'à Bouaké. L'avion a atterri à l'aéroport normalement. L'appareil roulait sur le tarmac à vive allure pour aller s'immobiliser. C'est ce à moment-là que nous avons entendu un bruit retentissant. Le bruit a été si fort que l'avion a quelque peu tremblé. Nous n'avons pas tout de suite pensé à une roquette. Nous pensions qu'un pneu de l'appareil avait explosé. Mais nous avons remarqué qu'un des membres de l'équipage qui nous avait servi du sandwich quelques minutes auparavant était blessé. J'ai remarqué qu'il saignait au niveau de la tête. Je pensais qu'il avait été blessé par les bagages sortis des coffres à la suite de la secousse. Pendant qu'on cherchait à voir de plus près ce qui était arrivé, un deuxième bruit assourdissant a retenti. Nous avons compris là que l'avion était l'objet d'une attaque. Ce bruit a été suivi d'une rafale. Cissé Palenfo, le cameraman du Premier ministre, qui était avec nous, a été touché grièvement au niveau du crâne. Il était couvert de sang. Un spectacle indescriptible. N.V. : Le Fokker 100 s'était-il déjà immobilisé ?
A. A. : L'appareil roulait encore à vive allure sur la piste d'atterrissage. A un moment donné, il s'est arrêté pendant quelques secondes puis il a continué sa course. N.V. : Comment avez-vous vécu ce deuxième tir de roquette dans l'avion ?
A.A. : Comme je l'ai indiqué, nous savions désormais que l'avion était l'objet d'une attaque. Dans le compartiment dans lequel je me trouvais, c'était la panique. Chacun cherchait à se sauver. Je me souviens qu'un agent de sécurité a tenté de sortir par l'issue de secours. Les membres de l'équipage, eux, cherchaient à nous apaiser, en nous demandant de garder le calme et de nous coucher. Nous n'avions aucune idée de ce qui se passait dans les deux autres compartiments de l'avion. C'est dans cette situation de panique et de frayeur que nous avons entendu le troisième tir de roquette. Bien évidemment, il a rajouté à la peur. N.V. : Comment l'avion s'est-il immobilisé ?
A.A : Malgré les tirs de roquette et les rafales, l'avion a poursuivi sa course pour s'immobiliser définitivement sur le tarmac. Les passagers sont sortis en courant. A notre niveau, nous avons pris soin de secourir le blessé qui était avec nous. Avec un confrère de la télévision de Bouaké, Notre Patrie, nous avons décroché sa ceinture, puis l'avons couché. Je suis allé dans les autres compartiments pour chercher du secours. J'ai découvert trois corps dans le deuxième compartiment. Ils avaient été tués sur le coup dans leurs sièges. L'un d'entre eux a eu la tête tranchée. J'ai constaté que tous les autres étaient descendus de l'avion. Du hublot, je voyais l'évacuation vers la ville de ceux qui étaient déjà descendus. Nous, les derniers, nous avons été évacués au siège de l'ONUCI, avant de regagner les autres au Secrétariat général des Forces Nouvelles. N.V. : Selon vous, d'où sont venus les tirs de roquettes ?
A.A : Je crois que les roquettes sont venues du côté droit de l'avion. Quant aux rafales, elles étaient entendues dans tous les sens. C'était comme dans une situation de guerre. N.V. : Aviez-vous vu quelque chose de suspect ?
A.A. : Non. Au contraire, j'ai été rassuré de voir un militaire français dans le périmètre de l'aéroport quelques instants avant l'atterrissage. Il était caché dans les herbes, à genoux, tenant son arme.





Interview réalisée par César Ebrokié

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