lundi 2 juillet 2007 par Le Front

Le Premier ministre Guillaume Soro a échappé à un attentat le vendredi 29 juin dernier. La nouvelle a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans un ciel serein. En provenance d'Abidjan, à bord du Fokker 100 présidentiel, le chef du gouvernement se rendait à Bouaké pour la cérémonie de relance des audiences foraines. Son avion a été attaqué à l'arme lourde (lance-roquettes RPG7) dès qu'il a atterri sur le tarmac de l'aéroport de Bouaké.


Bilan : 4 morts et une dizaine de blessés. C'est un bilan lourd qui marque la gravité de l'attaque. Le Premier ministre, qui en a réchappé, revient, donc, de loin. Le processus de paix aussi. Que faut-il dire de cette barbarie gratuite voire immonde ?
Dans un premier temps, condamner, bien évidemment, cet attentat odieux qui visait, certes Guillaume Soro et à travers lui le processus de paix. Car, c'est moins le Premier ministre que le déroulement du processus de normalisation qui est ciblé. Sans aucun doute, l'attaque contre l'avion du chef du gouvernement porte les griffes des ennemis de la paix. Mais encore ?
Qui sont donc ces ennemis ? Sont-ils dans un camp (clan présidentiel) plutôt que dans un autre (Forces nouvelles) ou sont-ils dans les deux camps ? Lorsqu'on fait le tour de la question, on est bien obligé de convenir que les ennemis de la paix se retrouvent aussi bien dans chacun des cas sus-indiqués que dans tous les camps. A ceux qui tirent les marrons du feu de la crise (présents dans tous les camps) et qui apprécient modérément le retour de la paix, il faudrait ajouter, pour être complet, ceux qui vivent mal leur quasi-exclusion du processus en cours ; à l'évidence, cela fait beaucoup de personnes à suspecter.
Cet assassinat manqué qui n'est pas sans rappeler celui dans lequel a péri le président rwandais Juvénal Habyarimana, indique, sans le moindre doute, la gravité de la situation. Cela montre toute la détermination des auteurs et commanditaires de l'attaque qui sont prêts à tous les extrémismes pour bloquer le processus de paix. On peut s'en inquiéter. Justement, quel peut être l'impact de ce coup de force sur le processus de sortie de crise ? L'application de l'Accord politique de Ouagadougou (Apo) peut-il s'en trouver contrariée ou carrément bloquée ? On peut en douter. Surtout qu'après l'attentat, le Premier ministre n'a rien voulu changer à son agenda. C'est ainsi qu'il a maintenu, à la surprise générale et à la confusion de ceux qui l'ont attaqué, la cérémonie pour laquelle il se rendait à Bouaké. Ce qui signifie pour lui que la marche vers la paix est lancée et son cours est irréversible. C'est un signal fort aux ennemis de la paix. En lançant l'opération des audiences foraines en dépit de l'attaque qui l'a privé, à jamais, de quatre de ses collaborateurs, le Premier ministre Guillaume Soro entend administrer la preuve, la plus éclatante de sa détermination, à conduire la mission qui est la sienne. C'est la réponse la plus appropriée au lâche attentat perpétré par de lâches individus contre sa personne et contre le processus de paix. C'est, au total, une forme de résistance aux forces centrifuges et un appel à la mobilisation des Ivoiriens derrière l'Apo.
Toutefois, cet attentat ne pourrait-il pas être, in fine, un mal pour plusieurs biens ? Primo, il indique à Guillaume Soro d'où peuvent venir ses pires ennemis. Secundo, il montre aux Ivoiriens que le retour de la paix ne se fera pas sans résistance. Conclusion : ils doivent rester vigilants et mobilisés jusqu'au ?'coup de sifflet'' final. A savoir, le retour effectif de la paix. Cette attaque aussi insensée qu'injustifiable exprime le désarroi de personnes pour qui l'application de l'Apo constitue la ?' fin des haricots''. Ils ont, donc, abattu leurs dernières cartes. Sans succès. Pour sûr, le processus de paix vient, certes, d'éternuer mais il ne s'enrhumera pas. Puisse-t-il continuer sur sa lancée ? C'est le v?u formé par chaque Ivoirienne et chaque Ivoirien malgré la douleur qui les étreint face à cette bêtise humaine.




Honoré Sépé

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