lundi 2 juillet 2007 par Le Front

A six mois de l'entrée en vigueur du volet commercial de l'accord de Cotonou, les entreprises ouest-africaines dont celles de la Côte d'Ivoire éprouvent des craintes.


La coopération commerciale entre les pays d'Afrique Caraïbe et Pacifique (ACP) et la Communauté européenne (Ce) devrait faire l'objet d'une révision fondamentale, à partir de l'année 2008, avec l'entrée en vigueur des accords de partenariat économique (APE). A six mois de la mise en pratique de ces nouveaux accords, les opérateurs économiques ivoiriens et même nombre d'agents de l'administration ont beaucoup d'appréhensions.

Les doutes du secteur privé

Ainsi, au cours de l'atelier sur les négociations des APE entre l'Afrique de l'Ouest et la Ce, tenu vendredi dernier à l'hôtel Ivoire, des opérateurs économiques présents ont une fois encore mis en évidence leurs inquiétudes. Prenant la parole, Daniel Brechat a clamé haut et fort que les petites et moyennes entreprises (Pme) ivoiriennes ne sont pas compétitives. Pour lui, après plusieurs années de crise militaro-politique, les entreprises sont exsangues. Elles ne peuvent, dans un délai de six mois, affronter des sociétés occidentales sur un même marché. Nos entreprises disparaîtront si toutes les barrières étaient démantelées , avait-il ajouté. Quant aux grandes entreprises, même si elles n'ont pas rejeté de prime abord les Ape, elles ont posé de nombreuses conditions. Dans ce sens, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire (CCI-CI), Jean Louis Billon, a affirmé récemment qu'il faut améliorer l'environnement des affaires, avant que les APE s'appliquent. En clair, le président de la CCI-CI a souhaité une bonne justice et le respect des règles de la bonne gouvernance. Une autre préoccupation des opérateurs économiques, c'est le fait que l'Union européenne (Ue) inscrive, dans les négociations, des points qui n'étaient pas au départ à l'ordre du jour. Il s'agit notamment des conditions d'investissements. D'où, la crainte des sociétés africaines. A cela, il faut ajouter la préoccupation liée au fonds des APE. Le secteur privé se demande, se pose des questions sur le délai de décaissement de ces fonds et son volume. Face à toutes ces inquiétudes, nombre d'opérateurs économiques suggèrent que le délai d'application des APE soit prorogé afin de permettre aux sociétés africaines de se mettre à niveau dans cette compétition mondiale. Mais l'UE continue de rassurer les Etats africains.

Les assurances de l'UE

Le changement, le plus radical apporté par l'accord de Cotonou, se situe dans le domaine de la coopération commerciale. En effet, pendant près de 25 ans, dans le cadre des conventions de Lomé, la Ce a accordé aux pays ACP des préférences commerciales non réciproques. En clair, cela permettait aux ACP d'exporter tous leurs produits sur le marché de l'UE sans payer de droits de douane et sans ouvrir aux échanges leurs propres marchés. Pour l'UE, cette méthode n'a pas connu le succès escompté. Les pays ACP continuent d'être en marge du commerce mondial, leur part reste faible dans les échanges. D'où les APE. Selon le commissaire, Michel Arion, les APE sont une opportunité pour les économies des ACP. Car, non seulement ces accords seront accompagnés de mesures de coopération au développement, mais également ils vont amener les Etats ACP à promouvoir l'intégration économique et bénéficier d'un marché plus large pour leurs entreprises. C'est ce qui explique que l'ambassadeur Guy Alain Gauze et l'ordonnateur du Fed, en Côte d'Ivoire, Mme Madeleine Yao ont appelé les Etats à signer les APE. Mais ont-ils d'autres choix s'ils ne veulent pas des Ape ?

De l'alternative aux APE

C'est clair, les APE auront des effets réels sur les économies et entreprises africaines. Car, avec l'ouverture totale des marchés, ces Etats qui, pour la plupart, vivent grâce aux recettes douanières, ont peur de l'avenir. Quant aux entreprises, elles savent qu'elles n'auront pas les mêmes armes pour rivaliser avec leurs potentielles concurrentes de l'Occident bénéficiant de gros moyens. Dès lors, elles émettent un v?u cher celui de voir la mise en ?uvre des APE repoussée de plusieurs années encore. Il faut le dire, les pays ACP ne sont pas obligés d'accepter les APE. Au dire de Mme Madeleine Yao, les Etats ont la possibilité de proposer une alternative aux APE. Cependant, s'empresse-t-elle d'ajouter que la mondialisation des économies s'impose à tous les Etats, aujourd'hui. Or, affirme-t-elle, les Ape sont des accords qui peuvent aider le continent à se préparer à la compétition mondiale. C'est pourquoi, elle conclut que la sagesse commande que les Etats ACP signent les APE. Ce d'autant plus que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) exige qu'à l'horizon 2008, tous les accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux soient conformes à ses normes. Au total, les pays ACP ne peuvent pas rester en marge de la libéralisation sans cesse croissante des économies. Ils doivent accepter les APE. Mais force est de noter que le délai d'application de ces accords gagnerait à être repoussé. Afin de permettre aux sociétés d'être mieux informées sur cette nouvelle donne et se préparent à l'aborder.




Ahua K.

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