lundi 2 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

48 heures après être sorti indemne de l`attentat meurtrier du vendredi dernier, le Premier ministre Guillaume Soro a reçu une forte délégation du RDR allée lui exprimer soutien et réconfort. A Cette occasion, le Premier Ministre a parlé pour la première fois de cet attentat. Voici l`intégralité de sa déclaration devant le RDR, hier.

Au nom de mes collaborateurs, je voudrais vous saluer, saluer votre délégation. Le colonel Major Bamba l`a souligné, on s`attendait pas à la délégation du RDR, pas en si grand nombre. Nous sommes impressionnés par l`importance de cette délégation et je voudrais, au nom de mes amis, vous remercier. Mes remerciements vont aussi à l`endroit du Président du parti, le docteur Alassane Dramane Ouattara. Dès qu`il a appris la situation, il m`a joint au téléphone pour, lui-même, me témoigner sa solidarité et son soutien. Je voudrais vous dire qu`il y a eu cet attentat. Bien sûr, un évènement tragique et douloureux. Parce que même si aujourd`hui nous sommes vivant, on a perdu des gens qui sont très proches. Pas qu`on n`est jamais perdu des gens, mais c`est différent de voir des gens mourir à côté. C`est ce qui malheureusement, compte tenu de l`exiguïté de l`espace dans l`avion, du fait que les cabines étaient contiguës, nous avons été spectateurs des scènes difficilement supportables. Donc nous sommes en deuil. Et je dois vous dire que ce qui nous inquiète et nous interpelle, c`est l`escalade de la violence. Parce que tirer sur un avion n`est pas chose courante. Je ne sais pas si en Afrique il y a plusieurs cas du genre. Je sais qu`au Rwanda, on a tiré sur un avion. Cela a donné un génocide. On a tiré sur l`avion d`Habyarimana. Et c`est cet état de fait qui nous a inquiété, qui nous a fait peur. Je pense que ce qui est arrivé, Konaté, l`a dit, il y a eu des morts. Mais comme il l`a dit, il n`y a pas eu de cris. Parce que les gens n`ont pas souffert avant de mourir. Je n`en suis pas sûr. Parce que quand la roquette est rentrée, j`ai eu le temps de voir la lumière que l`explosion a produite. Et le souffle que ça fait dans l`avion. J`avoue que je ne réalisais pas, la deuxième détonation m`a permis de savoir qu`on était tous en danger de mort. Et que l`avion était l`objet d`attaque. Ce sont des faits. Et il faut s`inquiéter que maintenant la guerre et la violence se soient déportées sur des tirs d`avion. Pour qu`on en arrive là, cela veut dire qu`il y`a des éléments qui doivent interpeller et faire peur. Aujourd`hui, je pense que ce jour-là, Dieu n`a pas permis qu`on ait un autre sort. Et je voulais qu`ensemble on remercie Dieu de nous avoir sauvé la vie. Et d`avoir permis que nous soyons sauf. C`est vrai que beaucoup de commentaires peuvent se faire. Mais moi, je garde la sérénité. Je garde la sérénité parce que je ne rentrerai pas dans la polémique. Je ne rentrerai pas dans la polémique sur cette affaire. La seule chose que je demande, c`est que je veux que la vérité éclate. Je veux savoir ce qui s`est passé. Qui l`a fait et pour quelles raisons cela a été fait. Alors, quand on poursuit cet objectif, on ne fait pas de polémique. C`est pourquoi, je n`ai pas fait de déclaration, parce que ce serait précipité, désordonné et inopportun. Cela, je pense que nous avons eu beaucoup de chance. J`ai insisté pour aller au Secrétariat. Et j`ai fait en sorte que tous les responsables militaires soient là, pour ne pas qu`il y ait des dérapages. Parce que j`avais vu la tension dans la ville. Le maire (Fanny Ibrahima) est là. Il sait que déjà la ville avait commencé à entrer en ébullition. Et que les choses pouvaient aller dans tous les sens. Or, il fallait que ça n`aille pas dans tous les sens. Cela peut brouiller les pistes. Il fallait donc garder la sérénité. Nous avons essayé de le faire. J`ai demandé que les magistrats continuent. Et que tout le programme continue. De toutes les façons, l`attentat a déjà eu lieu. Nous ne sommes pas mort. Alors pourquoi mettre tout le reste en péril ? Et mes collaborateurs m`ont compris. Et nous avons suivi, nous avons fait en sorte que le programme continue. C`est pourquoi, votre venue ici me fait énormément plaisir. Cette démonstration de solidarité me touche. Et je vois des visages amis. Des gens que je connais qui sont là. Beaucoup n`ont certainement pas pu me joindre, parce que mon portable était avec mon chef de sécurité qui malheureusement a été tué sur le coup. Donc ce numéro ne fonctionne plus. Mais je dois dire que ce qui est pénible, c`est surtout, dans ces circonstances, de perdre des gens. Il y a le protocole Doumbia que le ministre (Henriette Diabaté) connaît bien, qui n`a rien à avoir avec mon engagement politique, ni mon engagement idéologique, qui venait, dans l`exercice de ses fonctions. Et qui a été tué. Et chérif, un jeune protocole aussi, que vous devez connaître, un jeune tout enthousiaste qui est mort. On peut dire que mon chef de sécurité, lui s`y était préparé plus au moins. Parce que quand tu es dans une rébellion, le danger est ton quotidien. Ceux-là, ils n`avaient rien à y voir. Et tous les deux sont morts. C`est quelque chose de pénible et de douloureux. Nous sommes donc en deuil. Et je pense que la première des choses est de pouvoir faire les funérailles. Et là je vais m`y employer. Ceci dit, l`étape de la douleur passée, je veux dire que ce que nous avons vécu va rester longtemps gravé dans la mémoire. J`ai vu des situations ici. Nous avons vécu des scènes de ce genre à Danané et à Korhogo. Mais ce qui s`est passé le vendredi, je ne l`ai jamais vu. C`est du passé. Il faut regarder l`avenir et les perspectives. Je pense que nous avons le devoir de continuer. Nous nous attendions plus ou moins à des choses comme ça. J`avais même dit que la conquête de la paix s`apparente à une guerre. Et qu`on était déterminé à mener la guerre de la paix. Elle a commencé, peut-être plus tôt qu`on l`avait prévu. Mais c`est seulement deux mois après que ces événements arrivent. Bon, nous avons le devoir de continuer. J`ai encore beaucoup d`interrogations, parce que certains m`ont appelé, "Monsieur le secrétaire général", votre sécurité ? Moi ! Ma sécurité, j`y fais attention. Mais si un aéroport est sécurisé par l`ONU, il n`y a pas lieu plus aseptisé et plus sain que ça. Si on dit que l`ONU sécurise une maison, tu te dis c`est sécurisé.
Bon, si on te dit que l`aéroport est sécurisé par l`ONU, je n`ai pas de raison de penser que () j`ai plus de possibilité de sécuriser cet aéroport. J`ai lu aussi qu`ils disent que ce n`est pas eux qui assurent la sécurité. Si ce n`est pas eux, bon Ok. A partir de maintenant, c`est moi-même qui vais assurer la sécurité de l`aéroport. Je n`ai aucun problème avec ça. Alors je ne suis pas en train de dire que quelqu`un devait sécuriser, etc.
Je veux dire, s`ils disent maintenant que ce n`est pas eux qui sécurisent, je prends acte. Donc, ça va être suivi de conséquence. C`est pourquoi, je veux qu`il y ait une enquête internationale pour quand même voir les défaillances dans le dispositif sécuritaire. Que des quidams viennent se mettre là à 200 mètres d`un appareil pour tirer, je dis même, Dieu merci, parce que moi, je prévoyais accueillir les chefs d`Etat ici. Imaginons que c`était ce jour-là. La catastrophe aurait été terrible. C`est des gens qui ont quasiment passé la nuit là-bas. Parce qu`ils avaient à manger, ils avaient des boîtes de sardines, du pain. Ils ont dormi pour attendre. Et ce qu`ils ont fait, ça m`a l`air d`être très professionnel. Surtout qu`ils étaient embusqués. Il y avait même au-delà, un recueil pour leurs replis, etc. etc. Donc des choses qui ont certainement été étudiées pendant longtemps.
J`étais avec le Général Bakayoko, ce matin (ndlr hier dimanche). Des arrestations ont été faites. Un certain nombre de matériel a été pris sur les lieux. La chance qu`on a, c`est que, même d`une roquette, vous pouvez remonter au stock. Et qui l`a vendue. Donc, on peut savoir tout cela. Ce n`est donc pas compliqué. Ce travail sera fait. Et on saura exactement ce qui se passe. Pour l`instant, je voudrais dire à mes frères et amis du G7 que je me porte bien. Et que je suis très touché par cette solidarité. Et que je leur demande de garder la sérénité. Le président Alassane m`appelle chaque jour. Le président Bédié m`a appelé aussi. J`ai eu aussi l`appel des ministres Mabri et Anaky. Cela a montré beaucoup de solidarité. Je dois vous dire la vérité, je suis très content. Je pense qu`il faut qu`on continue. L`objectif est d`emmener le pays à la paix, qui passe par des élections démocratiques et transparentes, qui passe aussi par la réalisation d`un certain nombre de processus contenus dans l`accord politique de Ouaga. Nous allons continuer de jouer notre partition. Nous allons faire en sorte qu`on avance. Si des gens ont voulu donc nous arrêter ou nous effrayer, je pense qu`ils ont échoué. Et peut-être, il faudra beaucoup plus que ça ils ont utilisé l`avion, on n`est pas mort, on ne sait pas ce qu`ils vont faire maintenant. Peut-être, c`est une bombe nucléaire qu`ils vont mettre dans Bouaké. Donc ils ont tout essayé, maintenant qu`on est là, on va continuer. Je vous remercie

DELMAS ABIB

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