samedi 30 juin 2007 par Reuters

Le président Laurent Gbagbo et son Premier ministre, Guillaume Soro, ont convenu de poursuivre le processus de paix en Côte d'Ivoire malgré l'attentat auquel l'ancien chef rebelle a échappé de justesse vendredi à Bouaké.

"(...) depuis hier, la méfiance a commencé à s'installer et nous avons désormais la preuve que les ennemis de la paix existent et qu'ils sont prêts à tout pour réveiller les démons de la violence et de la guerre", a commenté un retraité ivoirien, Eric Koné, lors d'une réunion dans la "capitale" des ex-rebelles.

Une roquette a frappé vendredi l'avion transportant Soro peu après son atterrissage à Bouaké. Le secrétaire général des Forces nouvelles, nommé chef du gouvernement de transition en avril, est sorti indemne. Mais quatre membres de son entourage ont trouvé la mort dans cet attentat non signé.

"Que les poseurs de bombes continuent s'ils le veulent, mais qu'ils sachent que cette voie est vouée à l'échec", a déclaré samedi Sidi Konaté, porte-parole du gouvernement, lors d'une réunion à Bouaké pour rassurer la population.

Le porte-parole a indiqué que plusieurs personnes avaient été arrêtées à la suite de l'attaque à la roquette, sans donner leur identité ou affiliation politique.

"On n'assassine pas la paix (...) C'est une attaque vaine parce qu'elle ne peut pas arrêter le processus de paix", a déclaré Laurent Gbagbo à la presse dans sa résidence.

Il a ajouté que lui et Soro savaient que ceux qui étaient "dérangés" par le processus de paix complotaient pour le faire échouer.

MUTISME DE LA PRESSE

"C'est une illusion de croire que nous allons aller comme ça à la paix tranquillement, sans aucun soubresaut du diable", a déclaré le président ivoirien, qui a salué le courage et le calme de son ancien ennemi après l'attaque.

Il a annoncé qu'il reportait son premier voyage à Bouaké depuis la guerre civile de 2002-2003, prévu le 5 juillet, à une date ultérieure dans le courant du mois.

Des analystes ont laissé entendre que des combattants désenchantés des FN, décidés à faire capoter le processus de réunification pour des raisons financières ou politiques, pourraient être responsables de l'attentat de Bouaké, troisième ville du pays située au coeur géographique de la Côte d'Ivoire.

Pour le moment, la direction des FN, pas plus que le camp présidentiel, n'a émis aucune hypothèse sur l'identité des assaillants.

Même la presse ivoirienne, généralement très partisane, s'est gardée samedi de donner la moindre piste.

Le 4 mars à Ouagadougou, les deux "frères ennemis" ivoiriens Gbagbo et Soro avaient signé un accord de paix visant à réunifier le premier exportateur mondial de cacao divisé depuis le coup d'Etat manqué du 19 septembre 2002 et à organiser des élections.

Quelques heures après l'attaque, qui a fait bondir les cours à terme du cacao sur les marchés mondiaux, une cérémonie marquant le retour officiel de magistrats dans le Nord s'est déroulée comme prévue, en l'absence toutefois de Soro.

Samedi, quelques centaines d'habitants ont brièvement défilé dans les rues de Bouaké en guise de solidarité envers le chef du gouvernement et de soutien au processus de paix.

"Nous sommes fatigués de nous battre, de nous tuer. Il est temps que ceux qui sont à l'origine des douloureux événements d'hier comprennent que la guerre n'est plus possible et que nous sommes inscrits dans un processus irréversible", a lancé le caporal Adama Sylla, membre des FN en faction devant les grilles du stade de football de Bouaké.

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