Le Premier ministre Guillaume Soro a échappé hier à un attentat à l'Aéroport de Bouaké. En attendant que les enquêtes définissent les commanditaires de cette attaque, les observateurs de la situation en Côte d'Ivoire estiment qu'il doit s'agir d'un problème interne à la rébellion. Parce que, depuis la nomination du Secrétaire général des Forces nouvelles au poste de Premier ministre et la formation du nouveau gouvernement, ils sont nombreux les chefs de guerre qui rouspètent. Ces derniers, semble-il, ne sont pas contents de la façon dont leur chef Soro a accepté le rapprochement avec Laurent Gbagbo, l'ennemi d'hier. Ils lui reprocheraient également la façon dont certaines autorités de la rébellion ont été choisies pour faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale. Même si pour des questions de stratégies, l'on refuse de citer des noms, selon des indiscrétions, le problème des frustrations semble une réalité palpable à Bouaké au point que certains chefs de guerre ont décidé de se mettre en marge de toutes les activités officielles initiées dans la capitale du centre au nom du gouvernement de réconciliation nationale. Ceux-là, dit-on, militeraient activement en faveur d'un changement à la tête de l'ex-rébellion. Ils auraient même eu l'accord de principe de certains politiciens du sud qui ne veulent pas que le processus de paix issu de l'Accord de Ouaga aille à son terme. Pas plus tard que mercredi dernier, l'un des chefs de guerre soupçonné d'être à la tête de cette rébellion dans la rébellion, accordait une interview à un journal de la place sur le sujet. Voici ce qu'il a répondu au journaliste qui a voulu savoir sa version quant à la préparation de la destitution de Guillaume Soro de la tête des FN. " Destitution ? C'est avec vous que j'apprends cela. Par qui passera cette destitution ? Nous lui avons toujours apporté notre soutien. Le Secrétaire général connaît notre engagement dans le processus de paix. Nous n'allons pas reprendre cette lutte. Cela fait 5 ans que nous luttons. A quoi servirait une destitution de notre Secrétaire. ça va être difficile, les Ivoiriens ne sont pas prêts à faire marche arrière, vu toutes les souffrances que chacun de nous a endurées ". Profession de foi ou simple diversion ? Personne ne peut répondre avec exactitude. Mais le constat est que, 48 heures après cette déclaration, le Premier ministre Soro échappe à un assassinat à Bouaké. Si tant est-il que la destitution de Soro n'est pas à l'ordre du jour au sein des Forces nouvelles, et qu'on milite véritablement pour le retour à une paix définitive, comme le dit ce chef de guerre lui-même, pourquoi cette attaque sanglante contre l'Avion du Premier ministre à l'Aéroport de Bouaké ? Simple question de bon sens. Qu'on ne se voile pas la face pour désigner le nom du chat. Ce qui s'est passé hier, dans la capitale de la région de la vallée du Bandama, n'est pas l'effet d'un hasard. C'est peut-être le début d'une guerre contre Soro guillaume pour le contrôle des Forces nouvelles.
Pierre Legrand
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