vendredi 29 juin 2007 par Nord-Sud

Des retards de livraison et une panne au centre de remplissage de la Petroci sont à la base d'une pénurie de gaz qui sévit actuellement à Abidjan.


Des retards de livraison et une panne au centre de remplissage de la Petroci sont à la base d'une pénurie de gaz qui sévit actuellement à Abidjan.



Les ménages s'en plaignent. Les distributeurs s'inquiètent. Le gaz domestique, une fois de plus se raréfie. Les scènes de longues marches à la recherche du liquide vaporeux ont repris dans la capitale économique où certains propriétaires de véhicule traînent des bouteilles dans leurs coffres arrière depuis des jours. Adjamé, Cocody, Port-Bouët, Koumassi, Marcory etc les populations cherchent en vain du butane. Aux rares endroits où l'on en trouve, les prix ont été gonflés par les grossistes qui profitent de la situation. Ainsi, depuis quelques jours la petite bouteille de 6 kilos est passée de 1.500 à 2.500Fcfa. Celle de 12 kilos se vend à 5.000Fcfa et non à 3.500Fcfa.

Importations : ça coince !

Chez les distributeurs traditionnels que sont les stations services et les dépôts de quartiers, les gérants approchés soutiennent qu'aucune explication ne leur a été fournie face à cette situation de livraison au compte-gouttes. Hier, nous avons joint les principales sociétés du secteur pétrolier ivoirien. L'une d'elles, la Société ivoirienne de raffinage (Sir) explique que le problème ne se situe pas au plan national. En Côte d'ivoire, le gaz domestique a trois principales origines. La consommation nationale de 90.000 tonnes est fournie au tiers par la société Lion Gpl, filiale du groupe Devon, un autre tiers par la Sir et le dernier tiers provient de l'importation. C'est au niveau de cette troisième source que se trouve le hic, expliquent nos sources. C'est vrai que la forte pénurie survenue il y'a quelques mois avait été provoquée par un problème au sein de Lion Gpl, sise en zone portuaire, dont les installations avaient été secouées par un incendie. Cette fois, il s'agit d'un retard de livraison. Les butaniers partis du Congo pour approvisionner Abidjan ont pris du retard. Ils ont accordé la priorité à d'autres pays avant d'accoster ici, ce qui arrive quelques fois, précise notre interlocuteur. Ce retard de livraison de quelques jours vient s'ajouter à un arrêt technique des installations du centre de remplissage automatique des bouteilles chez la société nationale d'opérations pétrolières de Côte d'Ivoire (Petroci). Selon une source au sein de cette entreprise, la panne n'a duré que quelques heures. Le centre a repris du service depuis jeudi aux environs de 16h. Nous pensons que le léger retard pris dans les remplissages devrait être rapidement rattrapé, pense notre source. La saison de pluies qui campe à Abidjan depuis fin mai, expliquerait également les retards de livraison des bouteilles de gaz aux stations services et dépôts de quartiers. Cela n'explique pas entièrement la pénurie, mais il faut noter également que nous avons quelques difficultés pour accéder à certains quartiers d'Abidjan où les routes sont dans un état de dégradation telle qu'elles sont totalement impraticables. Au moins quatre de nos camions sont restés enfoncés dans la boue dans certaines communes des heures durant. Nous avons donc pris la résolution de limiter la livraison uniquement aux quartiers accessibles, explique le gérant du parc auto d'une compagnie de distribution de produits pétroliers.


Les solutions de la Petroci

En définitive, disent nos différents interlocuteurs, la situation se normalise progressivement. Les butaniers congolais sont finalement arrivés avant-hier (Ndlr, mercredi). Les pompages se poursuivent actuellement. Un programme de rotation d'urgence a été mis en place pour que ce soit la pleine livraison pendant les jours à venir () Le problème au centre de remplissage relève désormais du passé. Les Abidjanais auront du gaz à gogo, jure-t-on à la Sir et à la Petroci, chez qui l'on tient particulièrement à rassurer le marché. Il faut comprendre que la consommation annuelle de gaz domestiques a explosé de façon extraordinaire. De 40.000 tonnes en 1998 elle est passée à 90.000 tonnes. Nous préparons des mesures vigoureuses pour lutter contre les pénuries fréquentes qui frappent Abidjan . De mesures vigoureuses, il s'agit en fait d'un plan d'urgence dévoilé le jeudi 3 mai à l'hôtel Ibis (Plateau) par M. Touré Amadou, coordinateur Gaz butane à Petroci. Ce plan comporte primo, l'arrivée imminente de 100.000 nouvelles bouteilles de gaz pour un coût de 2 milliards de francs Cfa. Deuxio, la construction d'une usine de fabrication de bouteilles d'une valeur de 2 milliards de francs Cfa, dont le rôle majeur sera d'appuyer l'unité de requalification des bouteilles déjà existantes et ce, pour une valeur aussi de 2 milliards de francs Cfa. La première bouteille de cette usine sera fabriquée dès septembre 2007 et l'exploitation tournera autour de 250.000 bouteilles par an, en vitesse de croisière après deux ans d'activités. Tertio, l'investissement de 2,3 milliards de francs Cfa dans la modernisation du centre d'emplissage de Vridi avec un nouveau système de fonctionnement électronique qui permettra de faire 200T par jour. Quarto, la construction de deux nouvelles sphères de stockage contiguës aux locaux de la Sir d'une capacité de stockage de 2000T en tout.

Djama Stanislas

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