vendredi 29 juin 2007 par Le Nouveau Réveil

La politique telle que faite en Côte d'Ivoire n'a pas fini de nous montrer toutes ses facettes. Ce début de saison, très pluvieuse, donne l'impression que Dieu veut nettoyer toutes les saletés de notre vie politique nationale. Afin que le peuple ivoirien découvre quelles sont les ivraies de notre microcosme politique et les séparer des bons grains. Cette saison pluvieuse nous interpelle aussi à regarder sans microscope ni verre pharmaceutique l'état défectueux de nos routes et à constater avec désolations et regrets l'incapacité de nos canaux d'assainissement à résister aux courants d'eaux de pluie. En même temps, on assiste à des défections tous azimuts, à des démissions en cascades dans les partis politiques. Un tel est annoncé pour quitter son parti pour se forger un "fighting spirit" politique à son propre service. Un tel autre décidé à ne plus être à la traîne d'un quelconque guide politique, à ne plus être un suiveur. Un tel autre résolu à rejoindre son frère pour l'aider à alléger sa lourde tâche de mobilisation infructueuse. Tous se sont subitement rendus compte que le moment est arrivé de se débarrasser de ses propres turpitudes et de ses turpides politiques récentes pour se faire voir ailleurs sous un nouveau manteau d'homme politique neuf. C'est maintenant que certains savent qu'ils ont des frères. Hier du côté du désert, ils ne pouvaient pas les rejoindre et les aider à porter le lourd fardeau de l'opposition difficile. Aujourd'hui, dans l'eldorado d'un pouvoir feutré, devenus fréquentables, ils peuvent compter sur le soutien conditionné de ces derniers. Quand d'autres se rendent compte maintenant qu'ils se sont trompés "d'adresse ou de bain idéologique". En quittant l'eau tiède, ils ont plongé dans une eau très bouillante. Donc, il leur faut en trouver à leur sensibilité en nageant dans toutes les piscines politiques pour que le vrai voyeur des dos des nageurs puisse mieux les repérer.
A cet effet, un ami, ne comprenant pas tous ces ballets de reniement et de renoncement de soi, d'indignité, de changement subit de camp idéologique et de toutes ces hontes bues, à la Une de tous nos journaux, m'interrogea si ce n'est pas la droitisation à outrance du sarkhozysme en France qui fait des émules dans notre pays. Je lui répondis, non, que ce qui se passe chez nous n'est pas comparable à ce qui se vit sous l'ère du Président démocratiquement élu des français (53%). Le sarkhozisme, qui est en train de bouleverser la vie politique française depuis la fin de 4ème République, ne peut prospérer chez nous. Pour ma part, c'est du mendésisme à la sauce chiraquienne : c'est-à-dire le style politique de Pierre Mendès France mêlant franchise, exigence intellectuelle et extrême honnêteté à la chaleur politique de contact avec les masses de Jacques Chirac. L'entrée de quelques femmes et d'hommes de gauche dans le gouvernement Fillon 1et 2 n'a rien avoir avec la misère morale dont font preuve certains soit disant politiciens ivoiriens. Là-bas, la politique est un métier noble, faite selon les idéologies en compétition pour l'intérêt supérieur du Peuple et de la Nation. Ici, ce sont des politiciens"coxers", ces petits apprentis de nos gbakas qui descendent chaque fois qu'un éventuel passager-client est arrêté au bord de la route. Ils n'hésitent pas à hurler à tue-tête pour dire à leur recruteur qu'ils sont bien décidés à jouer leur nouveau rôle à eux confié. Ils n'ont, à proprement parler, pas de coloration politique pourvu que leur besace soit toujours pleine. Ils rentrent facilement en dissidence pourvu qu'un contact ait été établi entre eux et celui qui gère la plus grosse des caisses de souveraineté de l'Afrique de l'Ouest. Ils n'ont pas d'état d'âme pourvu qu'ils survivent à leur galère morale et matérielle du moment. Pour se donner bonne conscience face à leurs dérives alimentaires, ils trouveront des arguments fallacieux pour balancer celui qui était hier si noble et intouchable à leurs yeux. Il est incompréhensible que depuis dix-sept ans que dure notre mal nécessaire de démocratie et du multipartisme, ce sont toujours les mêmes qui tournent comme des mange-tout. Ils n'ont pas de totem. Pourvu qu'ils soient repus momentanément en attendant d'avoir encore faim. Ils ont fait de la transhumance politique un mode permanent de vie politique et de comportement social. Tant qu'ils auront un bout de souffle, ils seront aptes à embrouiller l'équilibre politique en faveur du plus offrant. Alors qu'en Occident, il y a une démarcation nette entre la gauche, le centre et la droite. Il n'y a pas du tout de confusions à faire entre la gauche et la droite. Il n'y a pas aussi d'hommes ou de femmes de gauche qui soient en même temps de droite. Vice versa. Mais des hommes ou des femmes de droite ou de gauche, ou simplement des hommes et des femmes de centre gauche, de centre droite ; d'extrême gauche ou d'extrême droite. Après les compétitions électorales, seul compte l'intérêt supérieur de la Nation et le bien-être de la population. Il y a des coalitions qui se forment et qui gouvernent comme en Allemagne ou au Pays Bas, comme ce fut le cas sous la cohabitation Chirac-Jospin (1997-2002) avec le gouvernement de la gauche plurielle. Rarement, il n'y a eu des amalgames flagrants et répugnants comme ce que nous vivons dans notre vie politique nationale sous cette deuxième République refondée. Où il n'y a plus d'éthique et de morale. Où tout est lié à la survie. Il faut survivre pour mourir tranquillement dans la confusion de sa vie politique vagabonde. Ici, c'est l'ivraie qui est consommable et prisée. Il n'y a plus de repère moral. Il n'y a que la misère morale dans une vie politique complètement aux antipodes de l'Honneur, de la Civilité, de la Fidélité, de la Loyauté, de la Parole donnée, de l'Endurance Politique dans l'opposition, du Respect de soi et des Idéaux librement choisis. Là-bas, tous les partis politiques tiennent à la ligne rouge infranchissable entre la gauche et la droite. Dès que vous faites le vagabondage ou le faux pas politique, votre parti se saisit de votre cas et vous radie immédiatement sans autre forme de procès. L'actualité française récente nous en a donné des exemples irréfutables après la formation du gouvernement Fillon I et la réaction diligente du Premier Secrétaire du Parti Socialiste (Ps) vis-à-vis d'un des barons appelés "éléphant du parti socialiste", Bernard KOUCHNER ; nommé ministre des Affaires Etrangères contre l'avis du Ps. C'est un crime de lèse majesté, à condamner sans appel, pour les Hommes de gauche de voir ce gouvernement hybride s'opérer sous leurs yeux.
Ici, on mord facilement à l'appât politique parce qu'on ne peut rester longtemps dans l'opposition politique qui affame et qui maintient dans la difficulté matérielle et financière. Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, premier Président de la République de Côte d'Ivoire ne faisait que bien dire lorsqu'il ne cessait de répéter que "La démocratie ne saurait faire bon mélange avec la misère." Y compris, bien sûr, la misère morale ! La seule tape amicale du monarque sur le tapis rouge suffit à nous faire douter de notre propre existence et de nos engagements délibérément pris pour nous entraîner à sa suite. Ils veulent vivre sans exister politiquement. Ils en ont cure ! Brusquement, ils trouvent des poux sur la tête du roi adulé, adoubé et fortement défendu hier en le reniant et prêts à le clouer au pilori parce qu'il est déchu. Pourtant, des modèles d'hommes politiques de référence nous ont été révélés durant ces dix sept années de galère démocratique dans laquelle se trouve notre belle Côte d'Ivoire. Trois personnages retiennent (quand même) notre attention :
Le premier : l'enseignant chercheur Laurent GBAGBO, partisan d'une Côte d'Ivoire plurielle et démocratique ( ?), (même si je ne suis pas partisan de sa politique de gestion de ce pays) opposant historique au plus généreux des hommes politiques africains n'a pas mordu à l'hameçon de ce "grand cerveau politique de premier ordre" jusqu'à ce que sonne son heure, bonne ou mauvaise, d'accéder de façon "dramatique et calamiteuse" au pouvoir d'Etat. Il ne s'est pas renié et n'a pas renoncé non plus à son idéal d'une vie démocratique multipartite ( ?). Le second : mon maître feu Georges DJENI KOBENAN (paix à son âme) qui a claqué les portes d'un grand parti politique au pouvoir dont il était membre du secrétariat général et premier adjoint au maire de Cocody (1990-1994). Il a quitté le Pdci-Rda sans regret pour porter sous les fonds baptismaux un parti politique, le Rdr (aujourd'hui en cacophonie orchestrée). Un troisième : le Président Henri KONAN BEDIE, déchu par un coup d'Etat militaro civil perpétré en intelligence avec certains barons profiteurs de son parti, en exil forcé, abandonné et renié par tous ceux pour qui il était "une seconde chance pour la Côte d'Ivoire" et par les auteurs de cette phrase ; même mis en congé par ses ex collaborateurs de son parti, est resté égal à lui-même jusqu'à ce qu'il se voit renouvelé la confiance totale des militants de ce même parti. Ces trois personnages, malgré les difficultés et les souffrances auxquelles ils ont été confrontés, sont restés égaux à eux-mêmes, dignes et forts dans leur conviction. Alors pourquoi certains personnages de notre vie politique nationale ont-ils un destin honteux de "tout tout" politique ? Ont-ils délibérément décidé d'empirer l'image déjà fortement écornée de notre pays ?
Autant la valeur d'un pays se mesure au regard de sa puissance Economique, Militaire, Culturelle, autant elle se fait respecter par le Sérieux, la Dignité, la Race et la Classe de ses Hommes politiques au pouvoir comme dans l'opposition. Loin de la misère morale source d'indignité. Un misérable moral est difficilement secourable et inchangeable. Ne sont-ce pas une nature et un état d'esprit difficiles à modeler ? Malheureusement, notre chère et belle Côte d'Ivoire en regorge et en est victime. Et, bizarrement, ce sont toujours les mêmes personnages qui alimentent notre actualité politique dans nos journaux et sur le net. Pauvre Côte d'Ivoire ! Ainsi va la démocratie dans la belle Eburnie de Félix HOUPHOUËT-BOIGNY. Une démocratie sans débats d'idées profondes et de programme réel de société. Mais une démocratie à reculons à travers des injures gratuites, des injures jusqu'au bas de la ceinture ; des secrets de longue amitié dévoilés sur la place publique par journaux interposés au nom d'une rupture sans objets réels, et par des estomacs détestant éternellement jeûnes et famines. La fin de ce bégaiement politique national, de la reculade et du désordre idéologique dans lequel nous nous retrouvons, depuis huit ans, nous libérera un jour de ces nomades et vagabonds politiques. Vivement que vienne ce jour de la vraie libération démocratique et des débats d'idées prometteurs d'une Côte d'Ivoire à la classe politique exemplaire et ambitieuse d'une nation forte et puissante ! Soucieuse de l'intérêt général et du bonheur du Peuple ivoirien ! Ces sales temps de pluie abondante ne sont-ils pas ceux des beaux temps de la transhumance politique et de la misère morale ? Il faut dénoncer avec hargne ces champs politiques toxiques en vue de séparer les bons grains des ivraies pour le rayonnement politique de la Côte d'Ivoire.
Par Ange DAGARET DASSAUD
angedagaret@yahoo.fr

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