jeudi 28 juin 2007 par Le Matin d'Abidjan

Le guide de la Jamahiriya libyenne a foulé hier soir le sol ivoirien, accompagné d`une délégation impressionnante. Il a eu droit à un accueil chaleureux malgré la météo défavorable. Les principales artères menant à l`aéroport étaient occupées par un public enthousiaste.

Le frère Guide de la Jamahiriya libyenne, Muammar Kadhafi, est dans nos murs. Officiellement et selon des sources proches du protocole d`Etat, il a pris ses quartiers dans le périmètre de la résidence présidentielle, à Cocody. C`est précisément le vaste domaine du président directeur général de la société Côte d`Ivoire Logistic, M. Kouao Namoutié, qui abrite l`hôte libyen. Qu`il a rejoint peu après son arrivée vers 14h35 GMT à l`aéroport international Félix Houphouët Boigny, à Port-Bouët. L`esplanade du pavillon d`honneur est investie dès 10 h par notre équipe de reportage, l`arrivée étant fixée à 11h30 selon le ``projet de programme`` établi par le protocole d`Etat. L`espace restera très animé. Pareil pour les artères principales bordées de gros arbres et de lampadaires menant à l`aéroport. Ces voies qui s`offrent en premier aux piétons et aux automobilistes dans le périmètre de la plate-forme d`atterrissage, présentaient fièrement les drapeaux de la Côte d`Ivoire et de la Libye. Sur les arbres et les lampadaires, ces drapeaux sont assez visibles jusqu'aux abords du vaste parking de l`aéroport. Sur place, la foule devenait de plus en plus compacte à mesure qu`avançait le temps. Le public, composé pour l`essentiel de jeunes, arborait des vêtements aux couleurs nationales. D`autres étaient habillés de tee-shirts blancs à l`effigie de l`hôte. Comme à l`accoutumée, ceux qui n`ont pu emprunter des véhicules de ramassage ont effectué le déplacement à pied. C`est surtout le cas des habitants des communes de Port-Bouët, Koumassi et Marcory. En tout cas, les Ivoiriens ne se sont pas fait désirer. Et ce ne sont pas des membres de la délégation libyenne, sur place depuis une semaine, selon des sources officielles, qui diront le contraire. Eux, qui ont pris plaisir aux trots rythmés par les chants et battements de mains des étudiants de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d`Ivoire (FESCI). D`autres structures de la société civile notamment le COJEP et les femmes patriotes, ont fait le show bruyant mais plaisant, démontrant ainsi que le message délivré la veille par des leaders de la société civile ne sont pas tombés dans des oreilles de sourds. Si chacun a joué des coudes pour se réserver une bonne place afin d`avoir une vue sur la cour du pavillon d`honneur, ceux qui n`ont pu y accéder ont eu le privilège du ballet de véhicules, blindés pour la plupart, aux vitres fumées qui font partie du dispositif sécuritaire libyen. Parmi ces bolides de luxe, la colonne d`une trentaine de véhicules de type 4x4 Mitsubishi fait encore parler d`elle. Les engins débarqués par un des six gros porteurs de l`aéronef libyen qui ont foulé le sol ivoirien, selon des sources proches de l`aéroport, sont de la même couleur (blanche) que le véhicule de commandement du frère Guide. Le blindé de luxe de Muammar Kadhafi, une Mercedes Limousine était ``exposé`` au bas du perron du pavillon d`honneur. Mais sous les regards discrets et furtifs de gardes libyens, en civil. Outre ce personnel visiblement effacé, plusieurs autres membres de la sécurité du Guide libyen arboraient un uniforme civil kaki. Aussi les hôtes étaient reconnaissables à leur race, aux casquettes, badges et tee-shirts kaki à l`effigie de Muammar Kadhafi.

Une si longue attente

En partance pour le Ghana, le frère Guide fait une escale de 48 heures à Abidjan. Il a eu droit à un accueil digne de son rang tant l`aéroport F.H Boigny de Port-Bouët a accueilli du monde hier. Hommes d`Etat, diplomates accrédités en Côte d`Ivoire, présidents d`institutions de la République, chefs religieux et traditionnels, jeunes, vieux, femmes et enfants tous étaient là. Ce beau monde a dû patienter longtemps notamment les personnalités qui ont occupé le pavillon d`honneur annexe. Les leaders de la société civile tels Charles Blé Goudé (et ses amis de l`Alliance), Kima Emile (président de comité de soutien au CDP-Burkina Faso), Konaté Zié et sa délégation de la jeunesse des Forces nouvelles, Serge Koffi (Sg. de la FESCI) devisent à souhait. Les membres du protocole d`Etat s`affairent quant à eux à maintenir l`ordre, orientant les personnalités par-ci et par-là. Jusqu`à 10 h45, l`espoir que le frère guide arrive à l`heure indiquée est permis. Mais comme tous, le vieux tambourinaire du palais présidentiel battra son tam-tam parleur. C`est plutôt une violente pluie que le ciel a servie aux populations venues accueillir Kadhafi. Une fois le beau temps revenu, on apprend que l`arrivée de l`hôte de Laurent Gbagbo est finalement prévue pour 14h30. L`aeroport s`anime brusquement. Dans un remue ménage, les cortèges d`officiels quittent la cour. Il était un peu plus de 12h. La foule qui avait été dispersée entre temps par la pluie a le temps de se repositionner et voir le ballet de véhicules rutilants. La scène retrouve sa chaude ambiance de départ à l`approche de l`heure d`arrivée indiquée. Le premier signe qui montrera que cette fois était la bonne, c`est bien l`entrée, à 14 08, du cortège du Premier ministre Soro Guillaume. Vêtu d`un grand boubou basin beige, le chef du gouvernement rejoint des membres de son gouvernement dans le pavillon où se trouve notamment le maire de la commue de Port-Bouët, Mme Hortense Aka Anghui. Une vingtaine de minutes plus tard, la brigade rouge se met en place. Pour accueillir à 14 h30 le chef de l`Etat, SEM Laurent Gbagbo. Le décor ainsi planté, on n`attendait plus que l`appareil volant transportant le guide de la Jamahiriya libyenne. Enfin, l`oiseau libyen sort des nuages 14h35. Un avion de la compagnie libyenne Afriqiyah pointe du nez. Le pilote a le temps de faire une dernière man?uvre en vue de positionner l`appareil à hauteur de l`échelle de coupé. Pendant ce temps, le président de la République et le chef du gouvernement posent sous les objectifs des preneurs de vue. M. Allou Wanyou Eugène, le directeur du protocole d`Etat, monte à bord de l`avion présidentiel libyen. Quelques minutes plus tard, il en redescend et invite les deux hommes d`Etat au bas de l`échelle de coupé. L`accueil est maintenant possible après qu`une centaine de passagers, des gardes du corps libyens surtout, ont pris position sur le tarmac. 14h 45 enfin le frère Guide de la Jamahiriya libyenne fait son apparition. Il est tout de blanc vêtu, le regard sous des lunettes noires. SEM Laurent Gbagbo l`embrasse en premier, suit Soro Guillaume, sous les flashes des photographes. Tous les trois avancent pour l`exécution des hymnes nationaux par la music de la garde républicaine. S`en suit le passage en revue des sections des Forces de Défense et de sécurité. Ce cérémonial a débouché sur le traditionnel point de presse. Pendant ce temps, des membres de la délégation du président libyen continuaient de débarquer. De 6 appareils au total. Ce qui a suscité l`étonnement général. Alors que les officiels se dirigeaient vers le salon d`honneur.

Gbagbo et Kadhafi main dans la main

Jérémie Ahourey de Radio Côte d`Ivoire a eu le privilège de dire le traditionnel Akwaba au frère Guide, au nom des confrères. Et de permettre à tous de recueillir ses premiers mots au peuple ivoirien. Le temps de répondre aux questions ont suffi pour que le protocole évacue prestement la pièce. Mais le départ ne se fera pas facilement. Les deux hommes d`Etat, descendus dans la main courante, sont littéralement engloutis par le public. Les gardes du corps jouent des muscles pour dégager autant que possible la voie sur le passage des présidents. Qui prennent place à bord du véhicule de commandement du Guide libyen. Cap sur la résidence de l`hôte pour un entretien avant la rencontre prévue hier soir avec la jeunesse au palais de la culture de Treichville. Après quoi un diner gala est prévu en l`honneur de l`hôte de Laurent Gbagbo au palais de la présidence au Plateau.

Le frère Guide à l`aéroport : " Je suis fier de Gbagbo

Le Guide libyen, de passage dans notre pays n`a pas caché son admiration pour le Président Laurent Gbagbo. Après de longues accolades à sa descente de l`avion, Muammar Kadhafi n`a pas lâché la main du chef de l`Etat ivoirien durant l`accueil à l`aeroport Félix Houphouet Boigny. Dans le salon d`honneur, le Guide libyen a dit ses premiers mots aux Ivoiriens. Dans son propos, il a tout de suite marqué son admiration pour un homme qui a fait front à une farouche adversité pendant cinq ans de guerre. Kadhafi, en campagne pour la souveraineté du continent africain, compte sur des hommes comme Laurent Gbagbo pour parfaire le projet des Etats-Unis d`Afrique. " Laurent Gbagbo, on ne peut pas le présenter. Je suis fier de lui. Et j`espère que des hommes comme lui prospéreront en Afrique ", a dit le Guide, laissant transparaître son espoir de voir l` Afrique dirigée par des hommes dignes. Des hommes qui refusent de brader la souveraineté de leur pays au profit de leurs parrains occidentaux. Le périple du colonel Kadhafi se poursuivra au Ghana où se tiendra le sommet de l`Union africaine. Le Guide se rend à Accra dans l`espoir que les chefs d`Etat africains accèdent à sa requête. Celle de se mettre ensemble pour construire une Afrique unie et forte. Un slogan à l`accueil traduit cela : " Sans l`unité de l`Afrique, son indépendance n`a aucun sens ".

Bidi Ignace





Discours de Kadhafi

Jeudi dernier, j`ai rencontré les représentants des forces vives de 40 Etats d`Afrique. Ces forces vives étaient à Tripoli pour discuter d`un problème crucial: à savoir l`indépendance de l`Afrique. A l`issue de cette rencontre, nous avons produit une déclaration qui sera soumise dans quelques jours au sommet d`Accra. Et cette déclaration appelle à la mise en place d`un gouvernement d`union. Je suis allé à Bamako il y a quelques jours. Là-bas, les femmes ont fait une déclaration similaire à la déclaration de Tripoli. Ensuite, j`ai fait un trajet de 1000 km par la route jusqu`à Conakry. Les forces vives de la nation guinéenne ont, elles aussi, produit le même communiqué. Hier, j`étais en Sierra Leone. Là-bas, les forces vives de la nation se sont réunies et elles ont également fait une déclaration identique. Aujourd`hui, je me trouve parmi vous à Abidjan. Dans les jours qui viennent, avant la tenue du sommet de l`UA, je vais voir d`autres forces vives de la nation ghanéenne. Et là-bas nous devons nous faire entendre au sommet d`Accra. Comme vous le savez, 44 ans se sont écoulés depuis la création de l`OUA. Le sommet de l` OUA s`est donc réuni environ 44 fois. Malheureusement, rien n`a changé par rapport à la situation de l`Afrique. La situation de l`Afrique a plutôt empiré. L`Afrique a traversé beaucoup de difficultés. Vous connaissez très bien notre histoire. Et vous savez que eux (ndlr : les Occidentaux), ils nous ont traités comme des animaux. Ils nous ont traqués dans la forêt, dans la jungle et nous ont empilés dans des bateaux négriers. Ils ont jeté ceux qui étaient faibles et malades à la mer. Ils nous ont transportés vers l`Europe et l`Amérique. Ils ont construit leurs villes et leurs réseaux routiers grâce à la force musculaire de nos ancêtres. Après cette phase de traitement animalier, on nous a traités comme des esclaves. Ils nous ont vendu dans les marchés. Vous savez cela. Après ça, ils nous ont colonisés et ils se sont appropriés notre territoire. Ils se sont officiellement appropriés notre territoire. Ils ont considéré l`Afrique comme un no man`s land. Ils ont même donné leurs noms à nos pays. La Zambie s`appelait par le passé la Rhodésie du Nord et le Zimbabwe la Rhodésie du Sud. Ils ont offert le Congo au roi belge. Le Congo que vous voyez était la propriété personnelle du roi belge. La Libye, on l`a appelée ``le quatrième rivage d`Italie``. L`Algérie, on a dit : ``C`est un territoire français``. Ils ont trouvé de l`ivoire ici, alors ils ont appelé le pays la Côte d`Ivoire. Et puis ils se sont dirigés vers le Ghana où ils ont trouvé de l`or. Alors ils l`ont appelé Gold Coast. L`Afrique était donc une propriété foncière des Occidentaux. Ils y sont rentrés malheureusement sans résistance parce que nous étions ignorants, analphabètes, nous vivions dans la jungle, nous n`avions pas d`armes et nous n`étions pas formés militairement ou politiquement. Alors que, eux, ils étaient très avancés. Ils se sont donc appropriés nos pays. Mais lorsque nous avons eu des armes, que nous avons pris conscience de notre situation et que nous avons mis sur pied des mouvement de résistance en Afrique, la résistance a commencé. Grâce à la résistance, ils ont fini par savoir que nous étions des hommes libres. Nous leur avons démontré que l`Afrique n`était pas leur propriété mais plutôt celle des Africains. Nous avons déchiré les documents qui disaient que le Congo était belge. Nous les avons brûlés au feu de la résistance. Et le président Patrice Lumumba a été un martyr sur l`autel de la résistance. Après cette époque, nous sommes arrivés au stade des indépendances. Nous avons compris que ce continent ne devrait pas tomber encore une fois comme une proie entre leurs mains. Il fallait donc absolument l`unifier. Et Kwame N`Krumah avait porté l`étendard de cet appel. Malheureusement, le colonialisme était à l`affût. Il avait au pouvoir des agents qui gouvernaient pour lui en Afrique. Ils ont pu renverser les dirigeants révolutionnaires de l`Afrique. Je ne peux pas dire que l`appel de Kwame N`Krumah a été entendu. On a fait l`OUA alors qu`on aurait pu être une seule nation. Et comme je vous l`ai dit, cette organisation a vécu pendant 44 ans. Mais, elle continue de rencontrer tous les problèmes que vous connaissez. Des complots, des manigances, des rebellions, des coups d`Etat, des putschs, des guerres frontalières. Alors qu`au départ, nous étions une seule Nation composée de 1000 tribus. C`est ça l`Afrique véritable. Le système de l`Afrique est plus social que politique. Le colonialisme est venu et il a démembré la Nation africaine en 54 pays et on les a appelés des Etats. Et depuis, on connaît des guerres tribales frontalières etc. Et pendant qu`il y a des crises, ils sont très contents parce qu`ils en profitent pour piller nos ressources. Quand il y avait la guerre civile en Afrique de l`Ouest et dans la région des grands Lacs, les compagnies multinationales continuaient de piller tranquillement le diamant et l`or du sous-sol. Leur souhait est donc que les conflits en Afrique se poursuivent. Moi, je vais vous dire quelque chose de très important. C`est que n`importe quelle guerre en Afrique profite aux adversaires de l`Afrique. Nous, africains, nous devons nous interdire de verser le sang d`autres Africains. Ecoutez-moi, vous les jeunes. Il est interdit qu`un Africain tue un autre Africain. Nous, Africains, nous sommes le seul groupe noir de la planète. Nous formons une seule race dans l`univers : la race noire. Et ils ont tout simplement décidé que les noirs devraient être leurs esclaves. Mais, nous, nous disons ``pourquoi pas le contraire ?`` Pourquoi le blanc ne deviendrait-il pas l`esclave du noir ? On leur a dit que la vache blanche et la vache noire donnent toutes les deux du lait blanc. La couleur noire est la couleur prédominante de toutes les autres couleurs. Et le livre vert annonce que les Noirs vont prévaloir sur le monde. Quand il y a un couple dont l`un est blanc et l`autre noir, la progéniture est noire. Le Coran nous dit d`ailleurs que la différence des couleurs est un signe de Dieu. Nous sommes fiers d`être noirs et nous aimons notre couleur. Et nous aimons cette couleur. C`est vraiment inutile pour un Africain de massacrer un même Africain. Nos adversaires nous ont maltraités, ils nous ont réduit à l`esclavage, ils ont fait connaître la déportation. Je vais vous donner un exemple. La Côte d`Ivoire. C`est un pays vital, crucial très important pour l`Afrique. Et elle compte beaucoup en Afrique de l`Ouest. Quel est ce pays dont les pays de la sous-région dépendent ? Donc ils ont décidé de saborder ce pays. Dores et déjà, il faut que les peuples Africains s`interdisent de toute guerre civile, de toute guerre ethnique, tribale et frontalière à partir de maintenant. Jamais l`immigration de l`Afrique à partir de ce moment. Nous vivons en Afrique. La jeunesse de l`Afrique, meurt se noie dans la méditerranée. Elle se rue vers l`Europe pour aller faire la manche. Elle laisse derrière elle le paradis, l`Afrique. Nous devons vivre et mourir en Afrique. Plus d`immigration de l`Afrique. L`Afrique est notre mère patrie. C`est elle qui nous embrasse et nous nourrit. Nous avons les ressources nécessaires. Toutes les matières premières se trouvent en Afrique. Ce sont eux qui ont besoin de nous. Ce sont eux qui sont les pauvres, c`est l`Europe qui est pauvre. Donc on devrait sauvegarder nos ressources. Nous avons des ressources susceptibles de rendre l`Afrique beaucoup plus puissante que l`Europe et même les Etats-Unis d`Amérique. On va leur dire : ``Nous sommes les ennemis de nos ennemis ; et les amis de nos amis. Si quelqu`un nous tend la main pour nous dire bonjour, nous lui tendons notre main. Mais si la main se dresse contre nous, on la coupe.`` Une main qui pille nos ressources, on doit la couper. La main qui complote contre nous, on doit la couper. Vous jeunes de Côte d`Ivoire, je vous exhorte à appuyer le Président Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro. Ils sont parvenus pour vous à faire la paix des braves. Ils ont découvert le complot contre l`Afrique y compris la guerre civile en Côte d`Ivoire. Nous devons décider que le passé ne revienne plus jamais. Que le colonialisme, l`esclavage ne reviennent plus jamais. L`immigration doit être stoppée. Nous devons construire l`Etat africain. Un seul gouvernement africain, une seule armée africaine pour défendre l`Afrique grâce à un effectif de 2 millions de soldats. Une seule monnaie africaine, une seule identité africaine, un seul passeport africain. Il faut que Accra entende cette voix. Après 44 ans, on entendait que les voix des chefs d`Etat réunis à huis clos. Les décisions émaneront désormais des peuples africains. Les chefs d`Etat n`ont plus d`autre voie que d`écouter la voix du peuple ; de mettre en application les décisions du peuple. Il est temps que nous abordions l`unité de toute l`Afrique. Je salue l`action de mon frère le révolutionnaire Laurent Gbagbo, mon fils le Premier ministre Soro. Je salue également le Président Blaise Compaoré. Vive l`Afrique !

Retranscrit par Mireille Abié



Meeting du guide de la Jamahiriya libyenne - Kadhafi et la jeunesse ivoirienne en symbiose

Le président Muammar Kadhafi est arrivé comme annoncé hier en terre ivoirienne. L`un des temps forts lors de la première journée de cette visite historique a été sa rencontre avec la jeunesse de Côte d`Ivoire.

C`est la salle Anoumambo du Palais de la culture de Treichville qui a été choisie pour servir de cadre à la rencontre entre le président Muammar Kadhafi et la jeunesse ivoirienne. Plus de cinq mille jeunes ont donc pris d`assaut cette salle qui, pour la circonstance, s`est avérée exiguë pour contenir toute cette jeunesse avec à sa tête les leaders de la galaxie patriotique dans leur grande composante. On a pu voir ainsi côte à côte Charles Blé Goudé, Eugène Djué, Dacoury Richard, Watchard Kédjébo, Idriss ouattara, Maho Gbloféi, Thierry Légré, Jean Yves Dibopieu, Koffi Serge alias STT, etc. C`est autour de 18 heures que le président libyen, accompagné du président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro, a pris pied sur le podium de la salle Anoumambo. Ils ont découvert une salle en liesse chauffée à blanc et qui les attendait avec impatience en scandant à la fois " Kadhafi, Gbagbo, Soro !". Le Président Laurent Gbagbo a juste pris la parole pour planter le décor pour son homologue libyen à l`honneur ce jour. " Chers amis jeunes, aujourd`hui, ce n`est pas le moment pour nous de parler. Nous avons reçu un hôte illustre qui vient de loin ; vous l`avez invité, c`est lui qui va vous parler. Je voudrais seulement vous dire que notre pays est sur la route de son développement, mais nous sommes en train de nous relever. Ma présence ici et celle de Soro Guillaume signifient que nous sommes en train de nous relever. Et beaucoup de frères africains dont Muammar Kadhafi nous ont aidés à nous relever. C`est pourquoi je suis heureux de le recevoir aujourd`hui. Soutenez les efforts pour la paix, soutenez les efforts du processus de sortie de crise ", a-t-il déclaré à l`endroit de la jeunesse qui a eu droit par la suite au message du guide de la Jamarihiya libyenne. Ainsi, pendant une heure, Muammar Kadhafi s`est adressé à la jeunesse ivoirienne sans faux-fuyants. Son message qui était prononcé en Arabe a été traduit en Français. Cette différence de langue n`a visiblement pas été un obstacle pour la communion entre lui et la jeunesse ivoirienne. Une jeunesse ivoirienne qui, à la faveur de la crise que connaît la Côte d`Ivoire depuis septembre 2002, est plus que jamais en phase avec les discours panafricanistes de celui qui est en campagne pour un gouvernement de l`Union africaine. La particule " indépendance totale de l`Afrique vis-à-vis de l`occident ", maintes fois répétée lors du discours du président libyen, a fait vibrer à chaque fois la salle. Le président Muammar Kadhafi, avec la franchise qu`on lui reconnaît lorsqu`il se met à défendre son rêve panafricain, savait qu`il enfonçait, face à la jeunesse de Côte d`Ivoire, une porte déjà ouverte. En effet, à travers des banderoles aux messages évocateurs placées à des coins visibles de la salle Anoumambo, la jeunesse ivoirienne affichait d`entrée son adhésion au rêve de Muammar Kadhafi. On pouvait lire entre autres "La population de Côte d`Ivoire réclame la proclamation de l`Union africaine ". En outre, cette rencontre a été le lieu pour la jeunesse ivoirienne de démontrer au président libyen - qui s`est également engagé dans la résolution du conflit ivoirien - que la Côte d`Ivoire est désormais dans une dynamique de sotie de crise. Le public a fortement ovationné le premier ministre Guillaume Soro et la jeunesse des Forces nouvelles également présente à cette rencontre. Le président libyen a donc pu constater de lui-même que les Ivoiriens sont résolument engagés à sortir leur pays de la tourmente qui, selon lui, est " le souhait des Blancs ".

ROBERT KRA

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